La montée des tensions au Liban depuis ce week-end fait craindre une nouvelle dégradation de la situation, dans un Proche-Orient déjà en proie aux affrontements entre Israël et le Hamas. Les compagnies aériennes européennes réagissent ainsi rapidement et commencent à prendre des mesures de sécurité en raison des craintes d'un embrasement militaire entre Israël et le Hezbollah. Le groupe allemand Lufthansa a annoncé dès ce lundi matin suspendre ses vols vers Beyrouth, rejoint peu après par le groupe Air France-KLM. Et d'autres compagnies aériennes ont aussi supprimé ou reprogrammé des vols, à la suite de ces évènements.
Un porte-parole du groupe Air France-KLM a indiqué que cette mesure avait été prise « en raison de la situation sécuritaire à destination ». Elle concerne la compagnie Air France, tout comme sa filiale Transavia France selon l'AFP. Cette suspension porte pour le moment sur les vols de ce lundi et de demain, mardi.
Lufthansa a de son côté pris la décision de suspendre « jusqu'au 5 août inclus en raison des développements actuels au Moyen-Orient » selon un porte-parole du groupe allemand, qui dessert le pays avec ses compagnies Lufthansa, Eurowings et Swiss. Lufthansa assure d'habitude, via ces trois compagnies, des liaisons régulières vers le Liban exclusivement via l'aéroport de Beyrouth.
Parmi les autres compagnies, un vol de la compagnie grecque Aegean a été annulé dans la nuit de dimanche à lundi, a déclaré lundi à l'AFP une source aéroportuaire grecque.
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, suite aux attaques du 7 octobre, les compagnies internationales dont Air France et Lufthansa avaient suspendu leurs vols vers Israël avant de les reprendre progressivement à partir du début de 2024. Le groupe allemand a d'ailleurs interrompu à plusieurs reprises ces derniers mois ses voyages dans la région.
Basée à Beyrouth, la compagnie libanaise nationale Middle East Airlines a, pour sa part, indiqué dans un communiqué qu'elle avait reprogrammé un certain nombre de vols dimanche et lundi, invoquant des « raisons techniques liées à la répartition des risques d'assurance ». Cela concernait une douzaine de vols dimanche, le double ce lundi selon les informations publiées par la compagnie sur les réseaux sociaux.
Risque d'embrasement régional
Ces décisions interviennent après la promesse d'Israël, dimanche, de riposter « avec force » à une frappe qu'il impute au Hezbollah libanais, ayant tué samedi 12 jeunes qui jouaient sur un terrain de football, sur le plateau syrien du Golan annexé. Le cabinet de sécurité israélien a autorisé le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant à « décider de la manière et du moment pour répondre à l'organisation terroriste du Hezbollah ». Le Hezbollah pro-iranien a évacué des positions dans l'est et le sud du Liban, où il est présent en force, après ces menaces, selon une source proche du puissant mouvement islamiste.
L'incident a ravivé les craintes que le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, déclenchée par l'attaque du 7 octobre du mouvement islamiste palestinien, ne s'étende au Liban. Les forces israéliennes et le Hezbollah échangent des tirs transfrontaliers depuis le début du conflit.
Les chancelleries à l'œuvre
D'intenses pressions diplomatiques sont exercées pour qu'une riposte israélienne contre le Hezbollah soit limitée afin d'éviter un embrasement régional, a indiqué dimanche soir le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib. Dans une déclaration à la chaîne locale Al-Jadeed tard dimanche soir, le chef de la diplomatie libanaise a assuré que les Etats-Unis, la France et d'autres pays tentaient de contenir l'escalade.
« Nous avons reçu des assurances (...) selon lesquelles Israël va procéder à une escalade limitée », et à son tour, « le Hezbollah ripostera de manière limitée », a dit le ministre des Affaires étrangères libanais.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a de son côté indiqué dans un communiqué que « les contacts se poursuivent avec plusieurs parties internationales, européennes et arabes pour protéger le Liban et le mettre à l'abri des dangers ».
L'émissaire du président américain Joe Biden, Amos Hochstein, a appelé plusieurs responsables libanais au cours du weekend. Les États-Unis, qui ont rendu le Hezbollah responsable de « l'horrible » attaque sur le Golan, travaillent à une solution diplomatique le long de la frontière entre Israël et le Liban, a indiqué la Maison Blanche dimanche.
Le président Emmanuel Macron a de son côté assuré au Premier ministre israélien que la France était « pleinement engagée à tout faire pour éviter une nouvelle escalade dans la région », lors d'un entretien téléphonique, selon l'Élysée.
(Avec AFP)
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