Israël : l'ONU craint une extension « apocalyptique » de la guerre au Liban sur fond de tensions avec le Hezbollah

Alors que les échanges de tir sont quotidiens entre Israël et le Hezbollah à la frontière libanaise, les Nations Unies craignent une extension dramatique de la guerre au Liban. De son côté, Israël dit se préparer « à tout scénario », une situation qui n'est pas sans inquiéter les Etats-Unis.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, pourrait décider de déplacer des troupes à la frontière libanaise prochainement.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, pourrait décider de déplacer des troupes à la frontière libanaise prochainement. (Crédits : Reuters)

Un avertissement. Israël ne veut pas d'une guerre contre le Hezbollah (un allié du Hamas) mais a la capacité de ramener le Liban à « l'Age de pierre » le cas échéant, a prévenu son ministre de la Défense sur fond de craintes onusiennes d'une extension « potentiellement apocalyptique » du conflit à Gaza.

« Le Hezbollah comprend très bien que nous pouvons infliger d'énormes dégâts au Liban si une guerre est lancée », a déclaré à la presse le ministre, Yoav Gallant, à l'issue d'une visite de plusieurs jours à Washington.

« Nous avons la capacité de ramener le Liban à l'Age de pierre, mais nous ne voulons pas le faire (...) Nous ne voulons pas d'une guerre », a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement israélien « se préparait à tout scénario ».

La propagation au Liban de la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza serait « potentiellement apocalyptique », avait plus tôt averti depuis Genève le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths. « Je vois cela comme l'étincelle qui mettra le feu aux poudres », a-t-il souligné, estimant qu'un conflit impliquant le Liban « gagnera la Syrie... gagnera les autres » territoires de la région, entraînant des conséquences « imprévisibles ».

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Frappes israéliennes au Liban

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins ont fait état de bombardements dans différents secteurs de la bande de Gaza, tandis qu'au Liban, cinq personnes ont été blessées dans une frappe aérienne israélienne sur un immeuble de Nabatiyeh (sud), selon l'agence officielle libanaise Ani. La guerre à Gaza a entraîné une flambée de violences à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont presque quotidiens entre le Hezbollah libanais et l'armée israélienne.

En Syrie, deux personnes ont été tuées dans une frappe israélienne peu avant minuit, a annoncé l'agence officielle Sana en citant une source militaire. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la frappe a visé un centre de services d'une fondation affiliée au Hezbollah libanais et à des groupes pro-iraniens, près de la capitale Damas.

Et au Yémen, le Commandement de l'armée américaine pour le Moyen-Orient a indiqué avoir détruit un « radar » des rebelles Houthis, alliés du Hamas, qui ciblent le trafic maritime international en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden en « solidarité » avec la population de Gaza.

Nouvelle phase de la guerre à Gaza

La guerre à Gaza a entraîné une flambée de violences à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont presque quotidiens entre le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, et l'armée israélienne.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé, dimanche, que la phase « intense » des combats touchait à sa fin dans la bande de Gaza et affirmé qu'ensuite, Israël pourrait « redéployer certaines forces vers le nord », à la frontière avec le Liban, « à des fins défensives ».

« Il semble qu'Israël, qui a dévasté Gaza, jette désormais son dévolu sur le Liban. Nous voyons que les puissances occidentales soutiennent Israël en coulisses », a déclaré de son côté le président turc, Recep Tayyip Erdogan. « Les projets de Netanyahu d'étendre la guerre à la région conduiront à un grand désastre », a-t-il ajouté. Comme le Canada, l'Allemagne a emboîté en appelé, mercredi, ses ressortissants à quitter le Liban.

L'inquiétude des Américains

« Une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient », s'est lui aussi inquiété le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en recevant Yoav Gallant à Washington.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti la semaine dernière « qu'aucun lieu » en Israël ne serait le cas échéant épargné par son mouvement, au lendemain d'une annonce de l'armée israélienne selon laquelle « des plans opérationnels pour une offensive au Liban » avaient été « validés ».

Le Hezbollah a ouvert le front avec Israël en soutien au Hamas au lendemain de l'attaque perpétrée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.

En représailles, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza où plus de 37.718 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du gouvernement dirigé par le Hamas.

Catastrophe humanitaire

La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants assiégé par Israël, où 495.000 personnes souffrent de la faim à un niveau « catastrophique », selon un rapport publié mardi, par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se basent les agences de l'ONU.

L'eau manque aussi en plein été dans le territoire surpeuplé, où les habitants se pressent avec des bidons quand arrive un camion chargé de citernes.

L'ouverture en mars d'un couloir maritime depuis Chypre a permis l'envoi à Gaza de 7.000 tonnes d'aide humanitaire, dont 6.000 tonnes restent entreposées en raison des pillages et de la violence qui empêchent leur distribution, ont affirmé, mercredi, des responsables américains réunis à Chypre.

« Je n'ai jamais vu un environnement aussi difficile ou complexe » pour les humanitaires, a déclaré Doug Stropes, de l'USAID, l'agence américaine pour le développement.

« La crise s'est aggravée avec l'arrivée de l'été. Les gens ont besoin d'eau pour boire et se laver », témoigne Muhammad Bashir, qui répare dans son atelier de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, des dizaines de réservoirs endommagés ou percés par des éclats d'obus.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 27/06/2024 à 22:10
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"Nous avons la capacité de ramener le Liban à l'Age de pierre..." Les memes mots que utilisait Curtis LeMay à propos le Vietnam il y a plus de 50 ans. Quel progrès..

à écrit le 27/06/2024 à 16:54
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Le Hezbollah a attaqué Israël le premier et ce dès le 8 octobre, causant le déplacement de 500000 civils. Il est normal qu'Israël riposte. Et puis l'AFP parle de belligérants. C'est le cas d'israel mais pas du Hezbollah qui est une organisation terro...

le 27/06/2024 à 19:10
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Nous pouvons rajouter que les services secrets de très bonne réputation était au courant et ont allégé la sécurité ! ;-)

à écrit le 27/06/2024 à 14:50
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"L'inquiétude des Américains" En même temps, ce sont eux qui fournissent majoritairement l'armement aux israéliens ce qui leur permet de dire ensuite :" Nous avons la capacité de ramener le Liban à l'Age de pierre " .

à écrit le 27/06/2024 à 9:16
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A croire qu'Israël recherche le suicide pour augmenter sa victimisation médiatique ! ;-)

à écrit le 27/06/2024 à 9:07
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L'Occident n'aura jamais la moindre légitimité pour se présenter comme le défenseur des droits de l'Homme tant que la solution à deux états ne sera pas mise en place. La situation actuelle est dramatique et notre hypocrisie casse complètement notre c...

à écrit le 27/06/2024 à 9:01
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Le Liban est justement à l'âge de pierre à cause de la guerre civile et des multiples invasions, depuis il est l'otage du proxie iranien qu'est le Hezbollah. Celui-ci est très décrié par les libanais dont une fraction à même demandé le retour du mand...

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