Alstom remporte un contrat record en Allemagne et poursuit son redressement

Alors qu'il venait de publier une baisse de son carnet de commandes au premier trimestre de l'exercice 2024-2025, Alstom a annoncé la signature d'un contrat de 4 milliards d'euros en Allemagne. De quoi se réjouir, même si la priorité est toujours à l'amélioration de la performance industrielle et à l'assainissement du bilan financier.
Léo Barnier
Alstom vend 90 trains périurbains Adessia Stream pour le S-Bahn de Cologne.
Alstom vend 90 trains périurbains Adessia Stream pour le S-Bahn de Cologne. (Crédits : Alstom)

Alstom a de quoi sourire ce mercredi matin. Le groupe ferroviaire français vient de signer un contrat de 4 milliards d'euros qui comprend la fourniture de 90 trains pour le réseau périurbain S-Bahn de Cologne. Une bonne nouvelle alors que le groupe a annoncé, hier soir, des résultats globalement positifs seulement marqués par une baisse des prises de commandes.

« Il s'agit de la plus importante commande d'Alstom en Allemagne à ce jour », s'est réjouit le groupe dans un communiqué, qui a pourtant déjà remporté plusieurs succès d'importance sur les terres de son concurrent Siemens ces dernières années. Outre la fourniture des 90 trains Adessia Stream, l'ampleur de ce contrat signé avec les autorités organisatrices de mobilité locales, go.Rheinland et Verkehrsverbund Rhein-Ruhr (VRR), tient aussi à l'intégration de la maintenance associée pendant pas moins de 34 ans.

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Des trains très allemands

« Nous sommes particulièrement heureux que go.Rheinland et Verkehrsverbund Rhein-Ruhr nous aient confié non seulement la livraison des véhicules, mais aussi leur maintenance tout au long de leur cycle de vie », a déclaré Müslüm Yakisan, président de la région DACH (Allemagne, Autriche et Suisse) chez Alstom, tandis que Michael Vogel, directeur général de go.Rheinland a mis en avant « un train de conception entièrement nouvelle, adapté aux besoins et aux exigences spécifiques de notre région » et qui permettra élèvera son parc « à un niveau jamais atteint précédemment ».

Ces nouveaux trains revêtiront un aspect très Hergestellt in Deutschland (fabriqué en Allemagne), avec un développement principalement fait par Alstom sur son site Hennigsdorf, et une production sur celui de Bautzen, tous deux en Allemagne. La maintenance sera assurée dans la région de Cologne.

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Go.Rheinland et VRR ont opté pour deux versions du train, qui offriront une capacité respective de 1.150 et 1.340 passagers, avec une vitesse maximale de 140 km/h. Ils offriront surtout des équipements tels que des prises de courant, des routeurs Wi-Fi, un système sonore numérique pour les passagers malentendants, des accès pour les personnes à mobilité réduite, et des espaces pour les fauteuils roulants, mais aussi les vélos et les poussettes, ainsi que des toilettes accessibles.

La finalisation de la commande doit se faire au cours du deuxième trimestre de l'exercice en cours 2024-2025. Ce qui tombe bien alors qu'Alstom vient de publier une baisse de ses commandes lors du premier trimestre, achevé le 30 juin. Celles-ci ont reculé de 6 % à 3,65 milliards d'euros. En un contrat, le groupe a donc doublé sa performance.

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Livrer et se désendetter

Mais l'enjeu principal pour Alstom n'est pas vraiment sur les nouvelles ventes, lui qui dispose d'un carnet rempli avec près de 92 milliards d'euros de commandes engrangés. L'objectif est davantage d'arriver à livrer en temps et en heure - sur ses propres produits mais aussi ceux intégrés avec le rachat de Bombardier en 2021 - et surtout de rétablir sa situation financière avec la conduite de son plan de désendettement (voir encadré).

Le chiffre d'affaires a augmenté de plus de 5%, à 4,4 milliards d'euros, ce qui laisse penser à une hausse des livraisons. Dans les faits, l'activité Matériel roulant - la plus importante du groupe - progresse de 2% « porté par la hausse de la production de certains projets en Italie, des livraisons de projets clé en France et un solide niveau d'exécution aux États-Unis et en Inde », mais cela compense avant tout la baisse de production connue l'an dernier. Les autres activités progressent plus fortement, à savoir les Services (+12 %), la Signalisation (+6 %) et les Systèmes (+4 %).

Avec la commande allemande, Alstom semble désormais revenu sur la bonne trajectoire pour atteindre ses objectifs annuels pour l'exercice 2024-2025, à savoir un ratio de commandes sur chiffre d'affaires (book-to-bill) au-dessus de 1, ce qui n'était pas le cas au premier trimestre, et une croissance organique du chiffre d'affaires d'environ 5 %.

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Un cash-flow positif attendu sur l'année

Sur le plan financier, Alstom vise une marge d'exploitation ajustée prévue d'environ 6,5 % pour 2024-2025, soit environ un point de plus que lors de l'exercice précédent. Surtout, il vise une génération de flux de trésorerie libre comprise entre 300 à 500 millions d'euros, après avoir brûlé 557 millions d'euros précédemment. Ce cash-flow sera tout de même soumis à la saisonnalité habituelle de l'entreprise, à savoir une perte de cash au premier semestre (entre 300 et 500 millions d'euros) puis une remontée sur la seconde moitié de l'exercice.

Cela ne semble pas pleinement convaincre les investisseurs pour autant, avec une légère baisse de la cotation à la mi-journée (1,4 %), sans pour autant enrayer le redressement du cours amorcé depuis le début de l'année.

Alstom poursuit son désendettement

Plombé par une dette nette de quasiment 3 milliards d'euros à l'issue de l'exercice 2023-2024, qui s'est achevé au 31 mars, Alstom poursuit ses manœuvres pour assainir son bilan financier. Le groupe ferroviaire a annoncé avoir « intégralement réalisé » son augmentation de capital de près d'un milliard d'euros, lancée en mai dernier, ainsi que son émission obligataire hybride de 750 millions d'euros au cours du premier trimestre 2024-2025, achevé fin juin.

Alstom avance également sur la cession de son activité de signalisation conventionnelle en Amérique du Nord à Knorr-Bremse AG, avec une finalisation attendue au cours du deuxième trimestre. Avec ces trois opérations, Alstom va donc pouvoir générer environ 2,4 milliards d'euros de cash, dont 2 milliards d'euros pourront être comptabilisés dans le plan de désendettement.

Léo Barnier

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