Ferroviaire  : Proxima acquiert douze trains auprès d'Alstom pour concurrencer la SNCF sur la ligne atlantique

Une nouvelle compagnie de trains à grande vitesse baptisée Proxima a annoncé jeudi la signature d'un protocole d'accord pour l'achat de 12 rames à Alstom, après avoir levé un milliard d'euros, avec l'intention de relier Nantes, Bordeaux, Rennes et Angers à Paris d'ici la fin des années 2020.
Proxima est entrée en négociation exclusive pour acheter 12 trains, des Avelia Horizon, soit le modèle du TGV M que la SNCF doit mettre en service au second semestre 2025.  (Photo d'illustration d'un train SNCF)
Proxima est entrée en négociation exclusive pour acheter 12 trains, des Avelia Horizon, soit le modèle du TGV M que la SNCF doit mettre en service au second semestre 2025. (Photo d'illustration d'un train SNCF) (Crédits : L. Barnier - La Tribune)

L'ouverture à la concurrence dans le ferroviaire fait bouger les lignes. Proxima, une nouvelle compagnie de trains à grande vitesse, vient ainsi de signer un protocole d'accord pour l'achat de 12 rames à Alstom avec l'objectif de relier Nantes, Bordeaux, Rennes et Angers à Paris d'ici la fin des années 2020.

 « Nous sommes la première compagnie indépendante de trains à grande vitesse en France », a déclaré sa cofondatrice et directrice générale Rachel Picard lors d'un entretien avec quelques journalistes. Cette ancienne patronne des TGV à la SNCF a quitté le groupe public début 2020. Avec son associé Timothy Jackson - qui a dirigé les activités de la RATP en Grande-Bretagne et en Irlande mais aussi fondé Alpha Trains, une société de location de matériel roulant - elle entend proposer à terme 10 millions de nouvelles places de train à grande vitesse sur l'axe atlantique.

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Proxima est entrée en négociation exclusive pour acheter 12 trains, des Avelia Horizon, soit le modèle du TGV M que la SNCF doit mettre en service au second semestre 2025. Ce sont des trains à deux niveaux construits par Alstom, avec plus de sièges que dans les TGV actuels, et dans lesquels Proxima prévoit de proposer des aménagements spécifiques pour se distinguer de la SNCF.

« Les essais dynamiques auront lieu début 2027 », a indiqué Rachel Picard. Il restera alors à obtenir toutes les autorisations et certifications nécessaires pour lancer le service commercial, ce qui est en général « une question de mois plutôt que d'années » a également annoncé la dirigeante, sans préciser de date de lancement exacte.

Le fonds Antin Infrastructure Partners a investi un milliard d'euros

L'ancienne cadre de la SNCF a aussi assuré avoir trouvé un centre de maintenance grâce à un partenariat avec Lisea, le concessionnaire de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux. Pour financer le projet, le fonds Antin Infrastructure Partners a annoncé apporter un investissement d'un milliard d'euros, qui servira en partie à l'achat des trains.

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Par cet investissement, Antin Infrastructure Partners devient ainsi l'actionnaire de Proxima, a indiqué son PDG Alain Rauscher. L'investissement, le cinquième du fonds dans le monde ferroviaire mais le premier pour une entreprise de transport de voyageurs, sera financé « par une partie de fonds propres et de la dette qu'on lève auprès de grandes banques françaises et internationales », a précisé le responsable.

Une concurrence qui peine à se concrétiser

D'autres startups ferroviaires veulent se lancer prochainement comme Kevin Speed, qui s'est engagé à acheter 20 trains à Alstom pour ouvrir des liaisons entre Paris et Lille, Lyon et Strasbourg d'ici 2028. Une autre entreprise, Le Train, créé en 2020, compte lancer en 2026 des liaisons régionales à grande vitesse dans l'ouest de la France et a commandé 10 trains au constructeur espagnol Talgo. Ces deux compagnies restent cependant discrètes sur leur plan de financement. Pour Railcoop, qui voulait relancer la ligne directe Bordeaux- Lyon, c'est déjà la fin de l'aventure. Liquidée fin avril, en raison d'une dette « insoutenable », selon ses dirigeants, elle avait cherché en vain pendant tout l'été 2023 à lever 500.000 euros supplémentaires auprès de ses 14.500 sociétaires pour payer les salaires et les factures de ses fournisseurs.

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D'autres compagnies ont aussi profiter de l'ouverture de la concurrence dans le secteur du rail pour affronter frontalement la SNCF. C'est pour l'instant par des acteurs traditionnels que l'entreprise historique est la plus attaquée. Renfe exploite notamment, depuis cette année, une liaison entre Marseille et Madrid qui dessert de nombreuses gares sur son trajet dont en Espagne celles de Saragosse, Barcelone ou Gérone et en France Perpignan, Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes, Avignon et Aix-en-Provence. Renfe était alors la deuxième compagnie à venir chasser sur les terres historiques de la SNCF après Trenitalia, qui a ouvert en décembre 2021 une ligne entre Paris et Milan passant par Lyon. Fin 2023, la compagnie espagnole s'est aussi lancée sur l'axe Paris-Lyon-Marseille, avec la promesse de petits prix.

Outre la SNCF, Trenitalia et Renfe, un quatrième opérateur a fait part de son intention de se lancer sur les rails en France : Arriva, filiale de l'allemande Deutsche Bahn, envisage d'ouvrir une ligne Groningue-Paris reliant la capitale française à Bruxelles et Amsterdam à partir de l'été 2026. Toutes ces compagnies opèrent sous le modèle de « l'open access », c'est-à-dire qu'elles ne bénéficient d'aucune aide publique. Elles doivent fournir les trains, recruter les cheminots, mettre en place un système de vente et obtenir les sillons (créneaux de circulation) pour faire circuler leurs trains, ce qui nécessite d'avoir les reins solides.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 07/06/2024 à 13:37
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S'agissant de l'exploitation des sillons la problématique, pour le système européïste, est la même avec toutefois des variantes. En effet on estime alors des pays associés tels la Suisse par exemple et aussi le point mort d'exploitation pour certains...

à écrit le 07/06/2024 à 13:03
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La règle internationale du commerce - écrite ou non - est qu'un pays peut adjuger à son champion ou autres nationaux jusqu'à 50% seulement d'un marché donné et, partant progressivement donc ce plafond à l'ensemble du métier concerné (Il y a 66 grands...

à écrit le 06/06/2024 à 21:17
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La France organise sa propre concurrence, ce qui rend l'action des groupes étrangers bien plus difficile. Comme nous sommes le plus grand pays en surface : double de l'UK, de l'Italie; plus grand que l'Allemagne et l'Espagne et surtout central géogra...

le 06/06/2024 à 23:16
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Rectification : l état organise la concurrence à son propre opérateur dont il est actionnaire à 100% en diminuant de 40% les droits de péages ferroviaires uniquement pour ces compagnies étrangères ne payant ni l impôt ni les charges patronales ou so...

à écrit le 06/06/2024 à 16:50
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Les concurrents de la Sncf ne se positionnent que sur quelques trajets, les plus rentables sur les autres lignes il n'y a pour l'heure aucun candidat Rail coop a jeté l'éponge .

à écrit le 06/06/2024 à 15:19
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Il y a de la joie sur les rails Q du bonheur la sncf va finir par dérailler avec ses bras casés de cheminots grâce aux nouvelles compagnies il y a de la joie dans l'air et suis très très satisfait de Trenitalia et Renfe pour Marseille Paris les clien...

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