Immobilier : la baisse des prix s'accélère, mais le flou politique jette le trouble sur la reprise du marché

Par latribune.fr  |   |  710  mots
Cette baisse des prix s’explique notamment par la décrue des taux de crédit pratiqués par les banques. (Crédits : DR)
Les prix de l'immobilier ancien ont continué de baisser, et même assez franchement, selon plusieurs réseaux d'agences. De quoi commencer à enrayer la chute des transactions. Les professionnels du secteur perçoivent toutefois un « attentisme » chez les acheteurs depuis la dissolution de l'Assemblée nationale.

Bonne nouvelle pour les Français ayant un projet d'achat immobilier. Les baromètres des réseaux d'agences sont unanimes : les prix au mètre carré dans l'ancien ont reculé depuis le début de l'année. De -8% sur un an au deuxième trimestre, selon Foncia. De leurs côtés, Orpi détecte une baisse de 7% pour l'ensemble du premier semestre et Laforêt de 4,1%.

« Cette année, ça a bien commencé au premier trimestre et ça s'est accéléré au deuxième », a affirmé à l'AFP Jordan Frarier, président de Foncia Transaction.

Pour rappel, au premier trimestre, les prix des logements anciens ont reculé de 5,2% sur un an, selon l'indice Notaires-Insee, qui sert de référence. Un chiffre en concordance avec ceux de différentes agences : Orpi estimait que les prix au mètre carré dans l'ensemble du pays avaient reculé de 3% et Laforêt de 4,7%.

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Taux de crédit et vendeurs plus souples

Cette baisse s'explique notamment par la décrue des taux de crédit pratiqués par les banques ces trois derniers mois. En témoigne le recul enregistré sur le taux d'usure pour les crédits immobiliers à 20 ans, de 23 points de base, comme annoncé la semaine dernière par la Banque de France. Depuis le 1er juillet, il s'élève ainsi à 6,16%, contre 6,39% sur le deuxième trimestre de l'année. C'est d'ailleurs la première fois qu'il recule depuis 2021.

La baisse des prix vient aussi « des vendeurs qui sont un peu plus à l'écoute et qui baissent leur prix », ajoute Jordan Frarier. Un avis partagé par le président d'Orpi, Guillaume Martinaud. « Tous les professionnels de l'immobilier ont tenu le même discours, en disant qu'il fallait faire un geste parce que les gens ne pouvaient plus suivre ».

Selon Laforêt, les prix des maisons baissent davantage que ceux des appartements, (-6,8% contre -1,7%). « On voit bien que les Français, même s'ils rêvent toujours de maison individuelle, qui est leur idéal, ils savent que la maison, c'est un investissement financier plus important » en matière de chauffage, d'extérieur ou de carburant, explique le président de Laforêt, Yann Jéhanno.

Le flou politique jette le trouble

Cette baisse des prix commence à enrayer la chute des transactions, notent les trois réseaux. Le nombre de transactions devrait ainsi se stabiliser autour de 800.000 par an - loin toutefois des 1,2 million réalisées entre août 2020 et août 2021 - et poser « les conditions préalables à un redémarrage du marché », a indiqué mi-juin le président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), Loïc Cantin.

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À moins que les résultats du second tour des élections législatives anticipées, qui aura lieu ce dimanche 7 juillet, viennent jouer les trouble-fêtes. La dissolution de l'Assemblée nationale, décidée le 9 juin par Emmanuel Macron, a en effet provoqué un « attentisme » sur le marché, notent les trois réseaux. « Vous allez avoir un temps d'arrêt tant qu'on ne sait pas quel programme politique sera appliqué et par qui », estime Guillaume Martinaud. « Mais on sent que derrière (cet attentisme) il y a une volonté de concrétiser un achat immobilier », affirme-t-il, prévenant cependant que « c'est très disparate ».

« On a deux types de comportements opposés », a quant à lui expliqué Yann Jéhanno. « Celles et ceux qui ont déjà un projet avancé, qui veulent profiter des taux qu'ils ont réussi à négocier actuellement avec leur banque (...), d'autres qui mettent en pause » en attendant le résultat des urnes et ses conséquences pour l'économie.

Reste que, au lendemain de l'annonce de la dissolution, l'obligation de l'État français à 10 ans, indice de référence pour les taux de crédit, a brusquement grimpé, passant de 3% à 3,2%. Laissant craindre un effet similaire sur les taux de crédits dans les prochains mois. « Les marchés répondent à l'instabilité politique, et l'instabilité politique peut amener une crise du crédit et une crise financière dans notre pays », a prévenu Loïc Cantin.

(Avec AFP)