![Le montant total des nouveaux crédits à l'habitat, hors renégociations, atteint 8,9 milliards d'euros en avril.](https://static.latribune.fr/full_width/1919089/rachat-de-credit-et-nouveau-projet-immobilier-est-ce-interessant-avec-la-remontee-des-taux-immobilier.jpg)
Le moment du retournement de tendance semble être arrivé sur le marché des crédits. Après plusieurs mois de chute, le montant des nouveaux crédits à l'habitat a rebondi en avril, selon des données de la Banque de France.
Le montant total des nouveaux crédits à l'habitat, hors renégociations, atteint 8,9 milliards d'euros, en hausse de près de 30% par rapport à celui de mars, à 6,9 milliards d'euros.
« C'est le premier retournement de tendance significatif depuis le printemps 2022 et la remontée des taux. Selon plusieurs indicateurs avancés, ce retournement devrait se poursuivre en mai », a indiqué la Banque de France jeudi dans un communiqué.
Des taux de crédits en baisse
Pour rappel, les crédits immobiliers ont connu en France une chute abrupte depuis début 2022, liée à la hausse progressive des taux d'intérêt ayant atteint leur plus haut à 4,5% (hors assurance) en décembre 2023 selon Empruntis. Le coût du crédit, significatif pour les candidats à l'emprunt, pèse sur le pouvoir d'achat immobilier des ménages, alors même que les prix de l'immobilier obligent les acheteurs à emprunter des montants conséquents.
Cependant, ces derniers mois, le taux d'intérêt moyen des nouveaux prêts s'est nettement replié : il s'établissait en avril à 3,89%, soit un recul de 0,63 point de pourcentage par rapport à décembre. Les établissements bancaires « s'efforcent (...) de redynamiser le marché des crédits immobiliers », avaient indiqué le 17 avril les analystes de l'Observatoire CSA/Crédit logement, autre fournisseur de données sur ce marché. Selon eux, le taux moyen des crédits était de 3,73% au mois de mai. « 75% des emprunteurs bénéficient aujourd'hui de conditions dont nous n'aurions pas rêvé il y a quelques mois encore », décrivait Michel Mouillart, professeur des Universités et conseiller scientifique de l'Observatoire Crédit Logement, lors de la publication de l'étude.
« Comme les conditions de financement des banques se sont stabilisées avec la fin de la hausse des taux directeurs, elles ont pu retrouver des marges et ont donc recommencé à faire des crédits », expliquait à La Tribune, Cécile Roquelaure, directrice des études chez Empruntis, jeudi. Un appétit pour l'activité de prêt qui s'est traduit par une plus grande concurrence entre les banques et donc des taux toujours plus compétitifs - quitte à rogner sur leurs marges - pour gagner des clients.
Si les taux sont encore loin de ceux affichés avant la crise de l'immobilier, « il y a aujourd'hui d'importantes marges de négociations pouvant aller jusqu'à 0,30 ou 0,40 point de pourcentage pour les clients qui font jouer les offres de plusieurs banques », note Cécile Roquelaure.
Une baisse qui va s'essouffler
Après plusieurs mois d'efforts pour séduire de nouveaux clients, les marges de manœuvre des banques commencent néanmoins à manquer.
« En janvier, neuf banques sur dix avaient baissé leurs taux, mais, aujourd'hui, cette dynamique est un peu en train de se tasser », analyse la directrice des études d'Empruntis qui estime que « dans 3 mois, les crédits ne seront pas forcément meilleurs qu'aujourd'hui. »
Un constat partagé par la plupart des courtiers.
« Il faudrait une baisse de 1% des taux de la BCE pour que les taux de crédits repassent sous les 3% », explique de son côté Maël Bernier qui anticipe une stabilisation des taux d'emprunt autour de 3,5% à partir de cet automne.
La grande réouverture des vannes du crédit ne semble donc pas pour tout de suite. L'Observatoire du Crédit Logement estime d'ailleurs que la production de crédit devrait rester autour de 150 milliards d'euros au premier semestre (soit le même niveau qu'en 2023) avant de connaître une progression à deux chiffres, dans le sillage du second semestre 2024 pour atteindre les 165 ou 170 milliards d'euros fin 2025. Un chiffre encore très loin des belles années de 2019 ou de 2021 avec 200 milliards.
(Avec AFP)
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