Renault : une marge record mais des inquiétudes sur les véhicules électriques

Renault voit son bénéfice net reculer de 38% au premier semestre, mais sa marge opérationnelle atteint des sommets. La raison : davantage de ventes de voitures dans les versions haut de gamme et hybrides. De leur côté, les ventes de voitures électriques stagnent et inquiètent le constructeur français.
Luca de Meo, directeur général de Renault
Luca de Meo, directeur général de Renault (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Des records, mais pas d'effusion de joie. Lors de ces résultats semestriels, Renault a alterné entre les indicateurs positifs et négatifs. Le groupe a présenté un chiffre d'affaires de 27 milliards d'euros, en légère hausse de 0,4% par rapport à l'année dernière, mais un bénéfice net en baisse de 38%, à 1,3 milliard d'euros. Cette mauvaise performance s'explique en grande partie par « une moins-value sur la cession des actions Nissan », précise le groupe dans son communiqué. Les taux de change viennent aussi peser lourd dans les résultats financiers avec un chiffre d'affaires lié à l'automobile en baisse de 1,9% par rapport au 1er semestre 2023 à cause de la dévaluation du Peso argentin.

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Plus représentative de la santé économique, la marge opérationnelle du groupe s'élève désormais à 8,1% du chiffre d'affaires et gagne 0,5 point par rapport à l'année dernière. « Une performance au-delà du consensus des analystes de 0,2 point », se réjouit Thierry Piéton, le directeur financier, avant d'ajouter :

« Nous confirmons que la marge opérationnelle du groupe au deuxième semestre sera supérieure en pourcentage et en valeur par rapport à ce premier semestre ».

Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 7,5% ainsi qu'un free cash-flow, soit le flux de trésorerie disponible, supérieur à 2,5 milliards d'euros pour 2024.

Avant ces résultats, le titre stagnait en Bourse, en baisse de presque 1% après clôture, à 47,55 euros.

Plus de véhicules particuliers et plus d'options

Cette marge opérationnelle record s'explique en grande partie par celle liée aux activités automobiles. Renault baisse significativement ses coûts de production tout en maintenant des prix confortables. Le constructeur a également lancé plusieurs SUV durant ce premier semestre, comme la Renault Austral ou le Renault Espace. Or, ces deux modèles sont vendus majoritairement - 55% pour l'Espace et 72% pour le Rafale - dans les versions haut de gamme, qui génèrent les marges les plus importantes pour le groupe.

Le directeur financier s'est réjoui de la bonne performance de Renault sur le canal des particuliers : « Nous avons une concentration des ventes sur les canaux les plus profitables. Pour preuve, 62% des ventes sont faites à des particuliers alors que la moyenne des constructeurs se situe à 40% ».

L'hybride sauve les meubles, l'électrique patine

Au total, le groupe a vendu 1.154.700 véhicules sur ce premier semestre, en légère hausse de 1,9% par rapport à l'année dernière. Dans le détail, cette augmentation est largement portée par le succès des motorisations hybrides, dont les ventes ont bondi de 59,6% par rapport à l'année dernière. La marque éponyme arrive même en deuxième position en Europe sur le marché des véhicules hybrides en plaçant ses Clio, Austral et Captur dans le top 10 des voitures vendues.

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En revanche, le segment électrique représente 12% des ventes de Renault contre 11% en 2023. « On est cette année sur un plateau », a expliqué Fabrice Cambolive, directeur de la marque Renault. « Mais l'ensemble des constructeurs a investi fortement pour dynamiser le marché électrique. On attend une progression du marché, notamment sur le segment B (compactes) dès la fin de cette année, avec une offre fournie ».

Trop juste, selon le directeur général du groupe, Luca de Meo :

« La majorité des pays n'ont pas dépassé les 7% de parts de marché dans l'électrique à ce jour alors qu'on demande aux constructeurs d'être à plus de 20% l'an prochain, et que le marché européen est globalement à 15% », avait-il déclaré dans une interview aux Echos il y a quelques jours.

En tout, 10 nouveaux modèles sur les trois marques - Renault, Dacia et Alpine - sont lancés cette année, majoritairement hybrides ou électriques, permettant ainsi au groupe d'atteindre ses objectifs, si toutefois les véhicules trouvent leur clientèle. Certains gros lancements ne sont d'ailleurs pas encore inclus dans les résultats financiers de ce semestre, comme la future R5 de la marque Renault ou encore la nouvelle Alpine A290. Ces deux modèles seront commercialisés à la rentrée et les premières retombées, tant attendues, seront visibles dès les résultats annuels, en février 2025.

La Twingo électrique sera slovène

Il y avait peu de doutes, Renault a confirmé la nouvelle dans l'après-midi : la future Twingo électrique sera fabriquée dans l'usine de Novo Mesto en Slovénie. L'usine fabriquait déjà l'ancienne version de ce modèle et débutera la production de cette voiture en 2026.

Les médias slovènes évoquent un objectif annuel de 150.000 véhicules et à la clef, la possible création de 300 emplois supplémentaires.

Cette Twingo est une double révolution car elle marque le premier véhicule électrique du groupe à moins de 20.000 euros et devrait être développée en deux ans au lieu de quatre habituellement, soit une rapidité similaire aux constructeurs chinois.

Le nouvel accord entre le groupe français et la filiale slovène Revoz, qui détient le site de Novo Mesto, permet de garantir son avenir alors que sa production a chuté ces dernières années : l'usine slovène a écoulé quelque 60.000 véhicules en 2023, contre un pic de 210.000 en 2018, pour des bénéfices en net recul. Plus de 1.400 employés y travaillent actuellement.

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Commentaires 3
à écrit le 25/07/2024 à 6:59
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Hum la bonne grosse marge bénéficiaire ! Nietzsche nous avait prévenu, seuls ceux qui avaient de l'esprit auraient du posséder et nous voilà enraciner dans un déclin sans fin.

le 26/07/2024 à 8:07
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pas de fleuron pour guider les plus valu allez prendre un moteur chez un conccurent pour l'elite des courses alors que la marque a etais un phare de technologie.

à écrit le 24/07/2024 à 20:38
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Renault comme tout bon constructeurs francais pense plus a ce gaver sur la marge pour remunerez de façon indecente son patron qu' a etre un vrai industriel. il n'y a qu a voir le fiabilte des renaults ,la qualite du sav et du commerce qu'en l...

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