Dans une interview aux Echos parue ce lundi, le patron de Renault Luca de Meo, a estimé que l'objectif européen d'interdire complètement la vente de voitures thermiques neuves à l'horizon 2035 sera « compliqué » à tenir. Le patron a réclamé un « besoin d'un peu plus de souplesse dans le calendrier. »
Cette prise de position n'est pas une surprise, l'intéressé ayant déjà, en février dernier, jugé qu'un retour en arrière sur l'interdiction des voitures essence et diesel en 2035 serait bienvenu mais compliqué. Une position qu'il a confirmée en juin dans les colonnes de La Tribune le 9 juin dernier. Selon lui, lorsque la décision d'interdire la vente de moteurs thermiques d'ici à 2035 a été prise, « la position de la France et celle de Renault Group ont été plutôt de dire que 2035 c'était trop tôt et qu'il fallait plutôt viser 2040 ».
Erreur stratégique
L'homme de 57 ans a rappelé les chiffres actuels du marché de l'électrique et estime que « basculer en douze ans de 10% de parts de marché pour les VE (véhicules électriques, NDLR) à 100%, c'est vraiment très compliqué. (...) Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire pour arriver à 100% de voitures 100% électriques en 2035. (...) Pour autant, il ne faut pas instrumentaliser le ralentissement actuel du marché pour abandonner purement et simplement l'objectif. Ce serait une grave erreur stratégique. »
Sans vouloir « refuser le progrès (...) l'électrification dans l'automobile fait partie du progrès », le directeur général a tenu à rappeler que l'industrie automobile a « investi des dizaines de milliards d'euros dans la transition vers l'électrique et qu'il ne faut pas les jeter par les fenêtres ».
« La question c'est celle du rythme », explique-t-il, mettant en avant que « la majorité des pays n'ont pour l'instant pas dépassé les 7% de part de marché dans l'électrique à ce jour(...) Il faut que l'écosystème avance ensemble, tous ensemble. C'est de cela dont je parle quand je demande de la souplesse et de l'agilité ».
Types de carburants
Enfin pour le patron de Renault, « la voiture électrique n'est qu'une des solutions » pour décarboner le secteur automobile. Pour lui, il serait « plus judicieux d'accélérer en même temps la rénovation du parc » et de « regarder ce que l'on peut faire du côté des types de carburants ».
« Dans les dix prochaines années, il n'y a pas suffisamment de voitures électriques pour vraiment impacter la décarbonisation. (...) À la roulette, on ne peut pas miser tout sur une couleur »
(Avec AFP)
Fin mai, Renault et le géant chinois Geely ont officialisé le lancement de leur coentreprise dédiée aux moteurs thermiques, Horse, dont le siège social est basé à Londres, au Royaume-Uni et qu'ils détiennent chacun à 50%. L'entreprise va concevoir, produire et vendre des moteurs, transmissions ou batteries pour les voitures thermiques et hybrides, qui représentent encore la quasi-totalité des ventes hors d'Europe et de Chine. La direction générale de Horse a été confiée à Matias Giannini, un ancien du groupe Continental, tandis que la présidence du Conseil d'administration est assurée par Daniel Li, le directeur général de Geely Holding. Horse compte environ 19.000 salariés sur 17 sites de production et 5 centres de recherche, pour 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel prévisionnel. Renault et Geely lui ont transmis la propriété intellectuelle de leurs moteurs. Avec ce projet, Renault Group (106.000 salariés) et Geely (130.000 salariés) bénéficieront d'un « effet d'échelle immédiat et d'une meilleure couverture du marché », soulignent les deux partenaires. Ce partenariat fait suite au détricotage de l'Alliance de Renault avec Nissan et Mitsubishi.Du thermique pour le marché chinois
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