Le normand Lormauto en route pour lancer des utilitaires électriques reconditionnés

Après avoir fait sensation avec sa Twingo de 2003 électrifiée et reconditionnée, le néo-constructeur normand Lormauto réoriente ses radars vers le marché professionnel. Il se prépare à lancer trois modèles d’utilitaires d’occasion, remis à neuf comme la petite Renault. Objectif : éviter d’envoyer des véhicules thermiques à la casse en « triplant leur durée de vie ».
Le lancement de la Twingo reconditionnée a été accueilli par une pluie de reportages louangeurs dans la presse spécialisée.
Le lancement de la Twingo reconditionnée a été accueilli par une pluie de reportages louangeurs dans la presse spécialisée. (Crédits : Lormauto)

Reconditionner des voitures comme on reconditionne des téléphones portables et des machines à laver. Si c'était cela aussi l'avenir de l'automobile ? C'est en tout cas le pari que relève la société normande Lormauto fondée par trois quadras en reconversion, tous rompus aux finesses de l'industrie. Leur ambition : créer à partir de modèles d'occasion des véhicules inusables « capable de rouler plus qu'une vie entière ». « Jeter les 280 millions de voitures (thermiques, ndlr) qui circulent en Europe n'est ni physiquement possible, ni socialement acceptable », martèlent-ils.

L'entreprise n'est pas tout à fait une inconnue. Elle avait fait sensation lors du Mondial de l'Auto 2022 en présentant une Twingo 1 de plus de vingt ans électrifiée et rénovée de pied en cap : de l'habitacle, à la sellerie en passant par les trains roulants. De quoi repartir pour 500.000 kilomètres à un prix inférieur de 30% à celui d'un véhicule neuf de même catégorie. Une sorte de rétrofit total en somme. « L'idée maitresse de notre procédé est de conserver ce qui est inaltérable et présente le plus lourd coût carbone, les vitrages et la carrosserie, puis de reconditionner tout le reste en y ajoutant quelques équipement comme le radar de recul », détaille Olivier Zanusso, l'un des associés fondateurs.

Sa petite citadine ayant été homologuée, Lormauto s'est donné pour objectif d'en produire au moins une centaine d'exemplaires d'ici fin 2024 dans son usine d'Argences (Calvados), puis 500 l'année suivante. Notamment pour honorer la grosse commande que lui a passée la Région Normandie. Pourra-t-il aller au-delà ? Difficile de l'affirmer à ce stade. L'économiste Bernard Jullien, spécialiste de l'automobile, en doute. « L'idée de s'attaquer au parc existant est très séduisante sur le papier. Mais je crains que la solution ne convainque que quelques particuliers militants alors que le marché de l'occasion électrique se développe et que les ménages rognent sur leurs dépenses d'équipement. »

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Du BtoB au BtoC

Bien que leur Twingo rétrofitée électrique bénéficie d'un soutien moindre de l'Etat (elle a été écartée du leasing social), les trois fondateurs, eux, continuent d'y croire. Pour autant, l'entreprise réoriente désormais ses radars vers le marché des utilitaires professionnels. « Par défaut », explique son président. Malgré le soutien de la Caisse des Dépôts, Sébastien Rolo n'est pas encore parvenu à convaincre les fonds à impact de lui apporter les quatre millions d'euros dont il a besoin. « Le risque est très faible mais le monde de la finance n'arrive pas à se projeter parce qu'il n'existe pas encore de référentiel, déplore t-il. Par conséquent, nous tablons, dans un premier temps, sur le BtoC moins gourmand en capitaux et plus facile à adresser. »

Dans cette perspective, Lormauto confirme développer trois nouveaux modèles de petits utilitaires reconditionnés et électrifiés - un Kangoo, un Berlingo et un Peugeot Partner -, choisis pour leur polyvalence et dont l'homologation est espérée « fin 2025 ou début 2026 ». Une fois remis à neuf, les véhicules devraient être proposés à la vente ou à la location. Le constructeur recherche en ce moment un opérateur de financement pour pouvoir déployer ce service.

Dans sa ligne de mire, les artisans, les PME et les flottes professionnelles. « Si une entreprise nous confie la conversion de ses propres utilitaires, il lui en coûtera deux fois moins cher que d'en acheter des neufs », fait valoir Sébastien Rolo qui assure être en capacité de prolonger leur durée d'exploitation de vingt bonnes années. « Il faut autant d'énergie pour détruire un véhicule que pour en construire un », argumente-t-il au passage. Aux dernières nouvelles, le groupe La Poste, à la tête d'une flotte de 15.000 fourgonnettes, aurait manifesté son intérêt.

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Commentaires 5
à écrit le 06/06/2024 à 11:30
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Le manque d'ambition francais. Ce projet est mort-ne. Qui va mettre plus de 10KE dans une caisse de vingt ans ?

à écrit le 06/06/2024 à 9:24
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Intéressant pour de petits vehicules....si pas cher, ce qui risque de ne pas être le cas si on veut vendre un véhicule fiable Et présentable. Cela passe par le remplacement du moteur et transmisiion, installation batterie, remplacement des trains r...

à écrit le 05/06/2024 à 21:53
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Enfin quelque chose d'astucieux ! Félicitations !

à écrit le 05/06/2024 à 17:37
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Une voiture n'est pas faite que d'un moteur , il y a l'état général ; carrosserie, sellerie intérieure, trains roulants , alimentation électrique , freinage , suspension .J'ai roulé avec des véhicules qui avaient 20 ans et un peu plus si le moteur te...

le 05/06/2024 à 17:50
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"dans une 206" la mienne n'a fait que 7 ans (13 ans la 205 et 12 la 306), train arrière HS (leur défaut, parait-il) Tripler la durée d'usage, c'est sûr que ça peut obliger à faire des dépenses, sur la durée.

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