Moissons 2024 : le blé connaît « une des plus faibles récoltes des 40 dernières années »

La France connaît « une des plus faibles récoltes » de blé « des 40 dernières années », selon le service de statistiques du ministère de l'Agriculture, Agreste. La vendange 2024 est quant à elle « attendue en baisse dans presque tous les bassins viticoles »,
Les moissonneuses-batteuses sont encore au travail par endroits, mais le constat est déjà largement partagé : la récolte 2024 sera bien en-deçà des années précédentes.
Les moissonneuses-batteuses sont encore au travail par endroits, mais le constat est déjà largement partagé : la récolte 2024 sera bien en-deçà des années précédentes. (Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)

C'est une année noire pour l'agriculture française. La moisson de blé en France est sur le point d'aboutir à « une des plus faibles récoltes des 40 dernières années », avec un volume estimé en recul de près de 24% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, rapporte ce vendredi le ministère de l'Agriculture.

D'ordinaire premier producteur et exportateur européen de blé tendre, la France connaît cette année « parmi les trois plus petites récoltes (...) des 40 dernières années » en raison d'un hiver pluvieux et du manque d'ensoleillement, selon une note du service de  statistiques du ministère, Agreste.

La vendange 2024 en France, affectée par des maladies favorisées par l'humidité ainsi que par des épisodes de gel ou de grêle, est quant à elle « attendue en baisse dans presque tous les bassins viticoles ». La production viticole se situerait entre 40 et 43 millions d'hectolitres cette année, un niveau inférieur de 10% à 16% par rapport à 2023, et de 3% à 10% par rapport à la moyenne 2019-2023, précise Agreste. Particularité en 2O24 : les vendanges devraient débuter plus tardivement que ces dernières années.

Les éleveurs pas tranquilles

Des manques à gagner de plusieurs dizaines de milliers d'euros sont attendus dans certaines fermes et le désarroi s'est aggravé pour une profession qui s'est largement mobilisée cet hiver, notamment avec des blocages d'autoroutes, pour dénoncer la paperasserie et des revenus insuffisants.

La France a au moins globalement échappé jusqu'ici à la sécheresse, ce qui a préservé les prairies, sources de fourrage pour les bêtes. Mais les éleveurs, en particulier de moutons, ne sont pas tranquilles pour autant. L'arrivée dans le nord du pays d'un nouveau sérotype de fièvre catarrhale ovine (FCO), ou maladie de la langue bleue, risque de faire des dégâts dans les troupeaux.

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Côté céréales, ce sera « une des plus mauvaises récoltes depuis 40 ans », avait déjà tranché mercredi le président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau. Lui-même producteur de grandes cultures, il évoque une « année catastrophique ». Il demande au gouvernement, même démissionnaire, de se mettre au travail pour aider les agriculteurs à traverser cette mauvaise passe.

Intempéries à répétition

Mardi, le cabinet spécialisé Argus Media avait estimé que la récolte de blé tendre - céréale la plus produite en France qui sert à faire du pain et des gâteaux - pourrait chuter au plus bas depuis 1983, à 25,17 millions de tonnes, soit une baisse de 27% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

C'est « la conséquence d'intempéries à répétition des semis à la récolte », a analysé Argus Medias. Les pluies tombées abondement depuis l'automne dernier sur de larges pans du territoire ont empêché la bonne réalisation des semis. Les surfaces consacrées au blé tendre ont reculé de près de 11% sur un an, selon la précédente publication d'Agreste. Les rendements ont chuté, à 5,93 tonnes par hectare, d'après Argus Media. Soit une chute de 18,7% par rapport à la moyenne quinquennale.

Excès d'eau et manque d'ensoleillement

« Les rendements de blé tendre sous les 60 quintaux par hectare (6 tonnes, ndlr) avaient disparu depuis la fin des années 80 en France. Mais les aléas climatiques nous ramènent en arrière. D'abord avec la très mauvaise récolte de 2016 qui avait enregistré 53,74 quintaux/hectare et aujourd'hui avec celle de 2024 », a commenté le directeur d'Argus Media France, Gautier Le Molgat, dans un communiqué.

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Parmi les raisons de ce faible rendement, le groupe avance « une mauvaise implantation, une asphyxie des racines par excès d'eau, une forte pression des maladies et des adventices (mauvaises herbes, ndlr), des températures trop faibles pendant la phase de reproduction et encore le manque d'ensoleillement ».

Des dispositifs d'aides exceptionnelles attendus

Les cultivateurs ont connu auparavant plusieurs années porteuses sur le marché des céréales et graines à huile, dans le sillage notamment de la guerre en Ukraine - pays exportateur de premier plan dont l'invasion a fait exploser les cours.

Ils ne peuvent plus espérer compenser le déficit de volume par des prix de vente élevés : sur le marché européen, le blé tendre évolue autour de 220 euros la tonne depuis un mois, car les récoltes sont globalement abondantes à l'échelle de la planète.

Lors d'une visite la semaine dernière dans l'exploitation d'un céréalier de la Beauce prévoyant une moisson pire qu'en 2016, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau avait indiqué que le gouvernement était prêt à activer des dispositifs d'aides exceptionnelles si les moissons se révélaient vraiment mauvaises.

Des brebis décimées par la fièvre catarrhale dans le Sud

Alors que l'arrivée en France d'un nouveau type de FCO, à savoir le sérotype 3, a été confirmée cette semaine dans le département du Nord, le sérotype 8, présent dans le pays depuis 2006, frappe fortement les Pyrénées-Orientales depuis juin, d'où il a progressé de l'est vers l'ouest, touchant également l'Aude et l'Ariège.

« À ce stade, nous avons d'ores et déjà 4.000 brebis mortes dans les trois départements, et on pense atteindre les 6.000 d'ici la fin du mois », sur un total de 15.000 dans les Pyrénées-Orientales, 75.000 en Ariège et 40.000 dans l'Aude, estime Myriam Cormary, directrice de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales. Aucune donnée n'a été livrée au niveau national sur les cas de FCO recensés dans le sud du pays. Sollicité par l'AFP, le ministère de l'Agriculture n'a pas répondu.

(Avec AFP)

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Commentaires 15
à écrit le 11/08/2024 à 7:36
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Problème de calmités climatiques : trop d'eau au printemps et en hiver, pas assez d'ensoleillement au 1er juillet du blé de l'orge donc des rendements a l'hectare plus faible soit 26 millions de tonne pour 2024 en France. Il faut lutter contre le cha...

à écrit le 10/08/2024 à 21:23
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Dès les premiers jours de la guerre en février 2022, l’Ukraine sous les bombes est parallèlement victime d’un blocus de la marine russe en Mer Noire. Plus aucun bateau ne quitte Odessa, l’un des plus gros ports céréaliers du pays, fournissant notamme...

à écrit le 10/08/2024 à 18:04
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à l'instar de nombreux métiers , il y a des années avec et des années sans (ou presque).Cela me rappelle la situation périodique des stations de ski qui se frottent les mains certains hivers (bizarre on n'entend pas leurs plaintes) tandis que d'autre...

à écrit le 10/08/2024 à 13:00
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Quand l'année est bonne les céréaliers s'en mettent plein les poches. Quand l'année est mauvaise c'est l'état qui leur en met plein les poches.

à écrit le 10/08/2024 à 8:23
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Pourtant ils ont particulièrement sulfaté ce printemps et cet été ça empeste le glyphosate, une odeur de verni à ongles, bien plus que d'habitude.

à écrit le 10/08/2024 à 7:34
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Dans la profession, ça ressemble à la privatisation des profits et la socialisation des pertes.

à écrit le 09/08/2024 à 20:55
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Bonjour, personnellement je ne comprends pas pourquoi nous avons voulu tellement produire du blé... Surtout dans cette période de guerre en Ukraine... La Russie exportent toute sa production afin de réduire les prix sur le marché mondial ... Donc ...

à écrit le 09/08/2024 à 16:50
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[ Moissons 2024 : le blé connaît "une des plus faibles récoltes des 40 dernières années" ] A quand l'interdiction des exportations du blé français sous perfusion de nos impôts afin d'assurer notre sécurité alimentaire à l'instar de ce que prati...

à écrit le 09/08/2024 à 16:12
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j'ai l'impression de lire les mêmes mensonges depuis 50 (cinquante) ans à propos des récoltes et des agriculteurs de France. Misère, misère, misère, il pleut dans ma maison, Cosette est de retour, je joue au Lotto pour devenir riche, mais défiscalisé...

à écrit le 09/08/2024 à 14:50
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Tout le monde dans tout les métiers fait une mauvaise année de temps en temps. Pas de quoi en faire des polémiques, et des thèses sur la fin du monde. Et, de grâce, cessez de pleurnicher et de demander des compensations financières au gouvernement ...

à écrit le 09/08/2024 à 13:37
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Les "gâteaux " ! Si ont on parle des produits vendus sous 2 ou 3 couches de papier, cellophane et autres plastiques, insipides et ultra transformés, alors ce ne sera pas une grosse perte et un bienfait pour la santé des Français.

à écrit le 09/08/2024 à 13:36
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Les "gâteaux " ! Si ont on parle des produits vendus sous 2 ou 3 couches de papier, cellophane et autres plastiques, insipides et ultra transformés, alors c

à écrit le 09/08/2024 à 11:38
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ils vont encore demander des subventions !!!!!!!! alors qu'ils sont suréquipés

à écrit le 09/08/2024 à 11:24
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.. et les rendements des cultures de printemps (Maïs et tournesol) vont être misérables. De ma vie (professionnelle), je n’ai jamais vu un tel retard sur le maïs avec plus d’un mois de retard pour les floraison (semis très tardifs et déficits de temp...

à écrit le 09/08/2024 à 10:58
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Et comme le prix du blé sur le Marché ... International est " baissier " du fait d' une surproduction mondiale , attendons donc nous à une augmentation justifiée du prix de notre baguette ... nationale , car , en France, c' est ça la ... Mondia...

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