Agriculture bio : 15 millions d'euros de plus pour le fonds d'urgence, porté à 105 millions

L'enveloppe d'aide aux agriculteurs bio en difficulté a une nouvelle fois été rehaussée pour atteindre 105 millions d'euros au total. Le ministère de l'Agriculture l'explique par le fait que l'ensemble des demandes d'aides déposées entre mars et mai a dépassé l'enveloppe budgétaire initiale de 90 millions d'euros.
Une annonce plus que bienvenue pour le secteur du bio, dont le marché a commencé à se retourner en 2021 après des années de croissance à deux chiffres.
Une annonce plus que bienvenue pour le secteur du bio, dont le marché a commencé à se retourner en 2021 après des années de croissance à deux chiffres. (Crédits : Reuters)

Après 104 millions d'euros d'aides débloqués en 2023, l'exécutif avait promis 50 millions, puis 90 millions pour 2024. Ce sera finalement 105 : l'enveloppe a de nouveau été abondée de 15 millions d'euros supplémentaires, selon un communiqué du ministère de l'Agriculture ce jeudi. Pour rappel, les agriculteurs bio éligibles à ce dispositif - à savoir ceux ayant enregistré une baisse de leur excédent brut d'exploitation ou de chiffre d'affaires d'au moins 20% - ont pu déposer leur demande d'aide entre fin mars et début mai.

Or, après vérification des dossiers, il est ressorti que l'ensemble des demandes a dépassé l'enveloppe budgétaire initiale de 90 millions d'euros. D'où cette décision d'augmenter le montant, « afin de couvrir la totalité des demandes d'aides éligibles (...) et d'apporter ainsi un soutien à la hauteur du besoin de l'agriculture biologique », explique le ministère. « Ce soutien supplémentaire conséquent accordé à la filière biologique vise à maintenir le potentiel de production biologique français au-delà des difficultés conjoncturelles actuelles, liées à un fléchissement de la demande », précise-t-il.

« Le lancement des paiements des dossiers débutera dès la semaine prochaine », est-il indiqué.

Une annonce plus que bienvenue pour le secteur, dont le marché a commencé à se retourner en 2021 après des années de croissance à deux chiffres qui avaient dopé les conversions. Le secteur n'a depuis lors cessé d'appeler l'État à verser des aides, les restaurateurs à mettre du bio au menu et les consommateurs à ne pas se laisser aveugler par des allégations vertes ou locales sur les étiquettes, reposant sur des cahiers des charges moins exigeants.

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Plus de conversions...

Le secteur craint des déconversions en pagaille, d'autant que les prix payés pour les productions agricoles standards, moins coûteuses à produire, ont augmenté. Or, les éventuels abandons par des producteurs de cette agriculture sans pesticides ni engrais de synthèse éloignent la perspective d'atteindre les objectifs nationaux d'avoir 18% de surface agricole utile en bio en 2027 et 21% en 2030, contre un peu plus de 10% aujourd'hui.

Bonne nouvelle néanmoins : il y a eu, en 2023, plus d'agriculteurs s'engageant en bio que de sortants, a rapporté ce jeudi l'Agence bio, la plateforme nationale chargée de la promotion et du développement du bio. Et la France a gagné un millier de fermes bio : elles sont désormais 61.000 pour tout ou partie en bio, sur un total d'environ 390.000 exploitations. « Le patrimoine bio, notre trésor national que sont les fermes bio, est plutôt préservé », observe auprès de l'AFP Laure Verdeau, la présidente de l'Agence bio, « très contente » de démentir « les bruits hyper alarmistes » sur l'état du secteur. En outre, selon l'Agence bio, 40% des prétendants à l'installation veulent faire du bio.

« Le plus vital, ajoute-t-elle, c'était de préserver notre appareil productif. Parce que si on redémarre en demande bio demain - ce que certains estiment possible avec le pouvoir d'achat qui va se reconstituer - ce serait dramatique qu'on réimporte du bio alors même qu'on a considérablement augmenté notre souveraineté alimentaire en bio », a-t-elle précisé.

Un peu moins de 30% des aliments bio consommés en France sont importés aujourd'hui. Il s'agit d'ailleurs principalement des denrées introuvables dans le pays (fruits exotiques, café, thé, crevettes, saumon...).

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...mais moins de surfaces bio

Parmi les points noirs de 2023 néanmoins : une baisse inédite (-2%) des surfaces agricoles dédiées à ce mode de production (pour nourrir les humains ou les bêtes), avec 54.000 hectares en moins. La surface agricole utile (SAU) en bio représente aujourd'hui 2,8 millions d'hectares (10,4%). « On a perdu des grandes cultures et on a gagné des maraîchers plus petits », schématise Laure Verdeau, pour expliquer le décalage entre la baisse des surfaces et l'augmentation du nombre de producteurs.

« Le repli des surfaces implique que nous n'avons pas réussi à amorcer la transition des cultures céréalières qui sont aussi les plus consommatrices des herbicides qu'on retrouve dans notre eau potable », déplore la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab) dans un communiqué distinct. Elle demande ainsi des « aides dans la durée » pour les producteurs.

La consommation toujours en berne

En parallèle, le bio souffre d'une consommation en berne depuis deux ans, dans un contexte de forte inflation. Et les Français ont encore réduit leurs achats de produits biologiques en 2023, selon l'Agence bio. En volume, la part du bio dans les achats alimentaires des Français a ainsi reculé à 5,6% l'an dernier, contre 6% en 2022 et 6,4% en 2021. « Cela nous situe au niveau des États-Unis » quand « les pays nordiques, l'Autriche, la Suisse sont entre 9% et 12% », regrette Laure Verdeau.

Pour autant, en valeur, le marché du bio s'est maintenu à 12 milliards d'euros selon la patronne de l'Agence bio, qui juge la situation « pas si dramatique ». Cela s'explique par le fait que leurs prix ont augmenté de 7,7% sur la période. Une hausse toutefois moindre que celle de 11,8% enregistrés pour les produits non bio, selon des chiffres communiqués par l'agence.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 14/06/2024 à 9:42
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Il faut arrêter de tout subventionner et de demander au contribuable de payer ce que le client n’est pas prêt à faire….. Soit il y a un marché pour le bio où une catégorie de gens est prête à acheter ces produits à leur prix, soit cela n’existe pas e...

à écrit le 14/06/2024 à 7:33
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On devrait imposer une blockchain à chaque euro public dépensé.

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