Les méga-bassines, sujet de discorde entre les syndicats agricoles

Alors que la Confédération paysanne participe à l'organisation d'une nouvelle mobilisation « anti-bassines » prévue cette semaine, la Coordination rurale y voit la menace d'une « guerre civile ». De son côté, la FNSEA joue l'apaisement.
Giulietta Gamberini
Le ministre de l'intérieur, Gérard Darmanin - dont les prérogatives en fin de semaine pourraient être réduites à la gestion des affaires courantes -, dit craindre « des actes d'une très grande violence » lors d'un rassemblement en fin de semaine auquel sont attendues quelque 10.000 personnes.
Le ministre de l'intérieur, Gérard Darmanin - dont les prérogatives en fin de semaine pourraient être réduites à la gestion des affaires courantes -, dit craindre « des actes d'une très grande violence » lors d'un rassemblement en fin de semaine auquel sont attendues quelque 10.000 personnes. (Crédits : Reuters)

Six mois avant les prochaines élections des Chambres d'agriculture, l'occasion tombe à pic pour les syndicats agricoles. La mobilisation contre les « méga-bassines », ou « retenues de substitution », prévue cette semaine dans le Poitou, leur permet de clamer non seulement leur position sur ce sujet épidermique, mais aussi leur vision radicalement opposée des rapports entre agriculteurs et défenseurs de l'environnement.

Dialogue et moratoire

Alors que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin - dont les prérogatives en fin de semaine pourraient être réduites à la gestion des affaires courantes -dit craindre « des actes d'une très grande violence », la Confédération paysanne, organisatrice de la mobilisation avec 119 autres organisations, dénonce « les pressions venant de toutes parts pour stigmatiser ce rassemblement consacré à la préservation et au partage de l'eau ».

« Au lieu de jouer les pompiers pyromanes ou les oiseaux de mauvais augure, nous appelons les responsables publics partie prenante à œuvrer pour qu'un dialogue soit enfin mis en œuvre sur ce sujet », écrit notamment dans un communiqué le syndicat agricole classé à gauche.

Plusieurs de ses représentants figurent d'ailleurs sur le programme du « premier acte » de la mobilisation : le Village de l'eau. Celui-ci se tiendra, « pour une semaine de débats, formations, ateliers et fêtes », du 16 au 21 juillet à Melle (Deux-Sèvres) - à 15 kilomètres de Sainte-Soline, théâtre de violents affrontements entre opposants aux méga-bassines et forces de l'ordre en 2023. Le syndicat rappelle partager la principale revendication de la mobilisation : l'adoption d'un moratoire immédiat sur les méga-bassines « tant au niveau national que local ». Un moratoire qui figure parmi les engagements du Nouveau Front populaire pour ses éventuels 15 premiers jours de gouvernement.

Répression et auto-défense

A l'opposé, la Coordination rurale joue la surenchère, en agitant le spectre d'une « guerre civile » lors de ce rassemblement auquel pourraient participer quelque 10.000 personnes, et qui doit se terminer par deux journées d'action vendredi et samedi. « Des centaines d'exploitations agricoles sont menacées, des centaines de familles craignent pour leur vie », va jusqu'à écrire dans un communiqué le syndicat classé à droite, très présent sur les barrages des agriculteurs de début d'année et déterminé à renforcer sa position lors des prochaines élections professionnelles. L'objectif : non seulement demander « à l'Etat d'interdire le rassemblement » et de déployer « des forces de l'ordre en nombre », mais aussi légitimer un appel à l'auto-défense, et s'afficher ainsi comme « le seul syndicat agricole qui est mobilisé pour défendre nos familles ».

« La Coordination rurale assumera ses responsabilités. Elle ne baisse pas les bras. Les agriculteurs du territoire, inquiets de possibles attaques incessantes de ces casseurs cagoulés, feront le nécessaire pour se protéger et protéger la profession, dans une démarche purement défensive. La Coordination rurale a déjà commencé à s'organiser en vue des 19 et 20 juillet prochains », lit-on dans son communiqué.

Sur le fond, la Coordination rurale, qui jeudi dernier a menacé de sortir « les fourches » en cas d'entrée au gouvernement des écologistes ou des insoumis, rappelle demander « que tous les projets pertinents de retenues d'eau agricole soient encouragés pour faire face au réchauffement climatique ».

Au milieu, le syndicat agricole majoritaire, qui compte bien conserver cette position lors des prochaines élections des Chambres d'agriculture, appelle au calme. La Fédération agricole des syndicats agricoles (FNSEA), citée par l'AFP, estime aussi que « tout est réuni pour que le pire arrive ». Elle qui défend les réserves de substitution comme moyen de production indispensable pour l'agriculture dans un contexte de changement climatique. Face aux risques de dérives du week-end prochain, et en période d'instabilité politique, elle exhorte néanmoins les agriculteurs « à ne pas céder aux intimidations et provocations ».

Giulietta Gamberini

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Commentaires 9
à écrit le 16/07/2024 à 18:12
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Le gouvernement compte, dans sa nouvelle loi agricole, « faciliter » l'installation de réserves d'eau pour l'agriculture, a indiqué la ministre déléguée à l'Agriculture et à la Souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, ce lundi. « Nous allons...

à écrit le 16/07/2024 à 8:54
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on vas voir la complicite de la macronie , et de la justice aux nombres d'arrestations par apport au desordre et y compris ceux d'elus qui encourage et oui critiquer les idees d'un partie ok mais encourager sa progression est absurde

à écrit le 15/07/2024 à 23:39
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La fnsea est pour les bassines au détriment des populations locales et de la faune / flore … son business soutenu par Lemaire du temps où il était conseiller technique au ministère de l agriculture, est plus important que l accès à l eau potable des...

à écrit le 15/07/2024 à 23:39
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La fnsea est pour les bassines au détriment des populations locales et de la faune / flore … son business soutenu par Lemaire du temps où il était conseiller technique au ministère de l agriculture, est plus important que l accès à l eau potable des...

à écrit le 15/07/2024 à 22:14
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J'espère qu'il y aura la même mobilisation contre la décharge de Fontsante dans le Var. Un futur scandale écologique près du Lac de Saint Cassien. A noter une négociation en catimini entre l'entreprise Suez et la préfecture. Les onze maires de la com...

à écrit le 15/07/2024 à 21:17
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Les gauchistes ont trop souvent les coudées franches. Il va falloir les ramener à la raison s'ils continuent à pourir la vie de tous les autres. Et tant pis pour les dirigeants qui n'auront pas compris qu'il faut siffler la fin de la récréation...

le 16/07/2024 à 9:28
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D’autant plus que ces « gauchistes » sont ultra minoritaires et sont obligés de faire venir des troupes de toute la France, voire de l’étranger pour faire nombre sur les images TV !!

le 16/07/2024 à 10:26
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@ Britannicus - Gauchistes ou pas, les mega bassines dont le remplissage en eau se fait au détriment de la nappe phréatique sont un non sens. S'il y a de bonnes pluies (trop) comme cette année elles ne se justifient pas. En période de sécheresse et ...

à écrit le 15/07/2024 à 20:48
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Ben non elle ne joue pas l'apaisement puisqu'elle veut à tout prix ces mégas bassines elle aussi, comme le bon toutou de l'agro-industrie qu'elle est, tout comme la coordination rurale, donc toujours aucun changement hélas.

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