Constellation IRIS² : Airbus et Thales veulent se retirer du consortium SpaceRISE

En raison d'une prise de risques que Thales Alenia Space et Airbus Space estiment trop hasardeuse sur le projet de constellation européenne IRIS², les filiales des deux géants européens ont envoyé un courrier aux opérateurs de satellites (SES, Eutelsat et Hispasat) pour leur proposer de se retirer du consortium SpaceRISE. Mais ils ne veulent en aucun cas abandonner ce projet auquel ils croient.
Michel Cabirol
IRIS² : la Commission européenne attend toujours une offre ferme sur le plan technique, commercial, financier de la part de SpaceRISE
IRIS² : la Commission européenne attend toujours une offre ferme sur le plan technique, commercial, financier de la part de SpaceRISE (Crédits : DR)

Selon plusieurs sources concordantes, Airbus Defence & Space (Airbus DS) et Thales Alenia Space (TAS) ont envoyé un courrier aux opérateurs faisant partie du consortium SpaceRISE (SES, Eutelsat et Hispasat), qui est en course pour obtenir le marché de la constellation européenne IRIS² (Infrastructure de résilience internet satellitaire sécurisée). « On a proposé de se retirer du consortium », assure-t-on à La Tribune. Dans ce courrier, les filiales d'Airbus et de Thales expliquent qu'elles ont estimé que la prise de risque était beaucoup trop hasardeuse : trois critères concordants étaient essentiels, selon elles, pour se lancer le plus sereinement possible dans ce projet (le prix, la prise de risque et la performance de la constellation). Mais le compte n'y est pas. Contactés par La Tribune, Airbus et Thales n'ont pas souhaité commenter.

Les deux filiales ont également constaté un manque de visibilité des conditions exigées par les opérateurs de satellites envers la Commission européenne pour conditionner leurs investissements. Signé par les deux patrons des deux entreprises (Hervé Derrey et Alain Fauré), le courrier a été aussi porté, selon nos informations, à la connaissance de Bruxelles. Pour sa part, la Commission européenne attend toujours une offre ferme sur le plan technique, commercial, financier de la part de SpaceRISE. Une offre qui glisse pourtant de semaine en semaine...

Revenir à leur rôle traditionnel de fournisseurs

Pour autant, Airbus DS et TAS ne souhaitent pas lâcher l'affaire - ils croient vraiment au projet IRIS² qui est selon eux très important pour l'Europe, affirme-t-on à La Tribune. Et, dans ce cadre, ils veulent intégrer la « Core team » (équipe principale), déjà composée d'OHB, de Deutsche Telekom, d'Orange, de Telespazio, d'Hisdesat et de Thales, et sur laquelle s'appuie SpaceRISE. Très clairement, les deux sociétés souhaitent revenir dans leur rôle traditionnel de fournisseurs de satellites et de constellations pour le compte des opérateurs.

Toutefois, pour intégrer la « Core team », ils veulent mettre en place une phase contractuelle préliminaire de 12 mois pour réaliser des études de « dérisquage » sur des technologies qui ne sont pas encore matures pour une constellation présente sur deux orbites (LEO et MEO), ce qui est une première mondiale. Pour les deux constructeurs, il s'agit donc d'une étape obligatoire avant d'envisager le dépôt d'une offre solide dans le respect du calendrier prévu par Bruxelles. Ils veulent changer les règles du jeu dans la façon de procéder pour limiter les risques technologiques.

Moins de risques

Les deux industriels, qui ont entamé des discussions préliminaires pour tenter de rapprocher Airbus Space et Thales Alenia Space, ont donc estimé que le projet était beaucoup trop risqué pour eux surtout dans la situation que traversent leurs filiales. Très échaudés par le coût de cette crise, Airbus et Thales ne souhaitent prendre aucun risque inconsidéré dans le cadre du partenariat public privé lancé par la Commission européenne pour la constellation IRIS². Lors d'un point avec les analystes à la suite d'un avertissement sur les résultats (profit warning) le 24 juin, Guillaume Faury a très clairement expliqué la stratégie que devait poursuivre Airbus DS, et notamment sa filiale spatiale :

« À la lumière des défis rencontrés l'année dernière, nous avons mis en œuvre une stratégie très sélective d'appel d'offres et de non-appel d'offres, y compris la nécessité d'un seuil de maturité technologique plus élevé avant toute procédure ferme, ce que nous continuerons à faire ». La constellation IRIS² entre parfaitement dans ce cadre : défis technologiques, défis financiers, défis commerciaux...

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 16/07/2024 à 10:04
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On ne comprend pas en quoi le consortium SpaceRISE est plus risqué que la « Core team ». Des explications qui, pour le lecteur non averti, apporteraient une réelle plus-value à la lecture de l’article. Dommage.

à écrit le 16/07/2024 à 9:23
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Ca se passe exactement comme pour Galileo ou après avoir annoncé glorieusement un partenariat public privé la commission a du se replier en rase campagne après que l industrie eut annoncé que c était trop risqué et que seul le public devait payer. Il...

le 16/07/2024 à 18:23
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Ce type de contrat devrait être dirigé vers des sociétés de type EPIC, et non dans des sociétés devant dégager un fort EBIT à but de résultat financier [pour les actionnaires] ou de concentration du capital [rachat massif d'actions pour destructions...

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