Proche de son record, l'or surfe sur la baisse des taux

Le cours du métal jaune a dépassé toutes les attentes ces dernières semaines, flirtant à nouveau avec son plus haut historique (2.483 dollars l'once). Dans le même temps, la demande physique ralentit dans les deux pays, locomotives de l'achat d'or.
Jeanne Dussueil
A 2.446 dollars l'once, l'or se rapproche de son record atteint mi-juillet 2024.
A 2.446 dollars l'once, l'or se rapproche de son record atteint mi-juillet 2024. (Crédits : DR)

Le climat d'incertitudes est porteur pour l'once d'or. Le métal jaune flirte encore ce début août avec de nouveaux records, porté par une potentielle aggravation du conflit entre Israël et ses voisins, mais aussi par les perspectives incertaines de la croissance américaine qui risque d'inverser la politique monétaire américaine. Valeur refuge par excellence quand le brouillard persiste, l'once d'or se négociait ce vendredi à 2.446 dollars l'once, proche de son dernier record.

Mi-mai, le métal jaune avait, en effet, atteint un plus haut historique à plus de 2.450 dollars l'once, un sommet encore battu plus tard , à la mi-juillet. À 2.483,73 dollar l'once, le métal précieux avait alors atteint son record absolu, « soutenu par les anticipations de baisses des taux d'intérêt » de la Réserve fédérale (Fed) en septembre, rappelle Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

Ainsi, jeudi, la Banque d'Angleterre a abaissé son principal taux directeur d'un quart de point de pourcentage à 5%, soit la première baisse depuis mars 2020 et la pandémie de Covid-19, convaincue par le retour de l'inflation vers sa cible.

Prochaine baisse des taux de la Fed

La veille, la banque centrale américaine a toutefois encore maintenu ses taux d'intérêt à leur plus haut niveau depuis 20 ans, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%. Mais elle a ouvert la voie à une baisse en septembre. De fait, les mauvais chiffres macro-économiques de la première puissance mondiale, dont l'emploi, viennent confirmer l'hypothèse d'une première prochaine baisse des taux de la Réserve Fédérale.

Or des taux d'intérêt plus faibles impliquent de moindres rendements du dollar et des obligations d'Etat, actifs concurrents de l'or, qui gagnent donc en attractivité. Déjà, le rendement des obligations américaines à 10 ans est tombé à 3,81% ces derniers jours, tandis qu'il se maintenait autour des 5% il y a encore quelques mois.

L'autre phénomène qui vient doper le cours est l'achat des banques centrales du précieux métal : « L'or s'est redressé ces derniers mois en raison de la forte demande des banques centrales, alors même que les ETF aurifères mondiaux ont enregistré des sorties de capitaux. Les avoirs des ETF aurifères sont tombés à 3.079 tonnes en avril, le niveau le plus bas depuis février 2020 », note aussi le cabinet d'études Kaiko, preuve que l'actif pur repasse devant son produit dérivé.

Le mouvement se renforce même selon les pays. « Les banques centrales des BRICS poursuivent leur posture de se distancier du dollar en tant que réserve de change. L'or rentre aujourd'hui totalement dans cette stratégie et occupe à l'échelle mondiale la deuxième place comme réserve de change des banques centrales », observe Jean-François Faure, fondateur et président du groupe AuCOFFRE, une plateforme d'achat-vente.

Enfin, l'élection américaine vient aussi peser sur les comportements des investisseurs. « Les impondérables de l'élection de Trump sont aujourd'hui reconnus comme une vraie motivation à acheter de l'or d'ici à la fin de l'année pour contrer d'éventuels chocs en 2025 (...)  Si les Etats-Unis se désintéressent des sujets géopolitiques (Taïwan, Ukraine, Proche-Orient), ou prennent leur distance, nul doute que l'or prendra de la valeur : », assure-t-il à La Tribune.

Hausse du cours... mais baisse de la demande

Pourtant, dans le même temps, face aux ralentissements des économies développées, dont la Chine et l'Inde, la demande pour l'or ralentit. D'avril à juin, elle a reculé de 6% sur un an, à 929 tonnes. Il s'agit du deuxième trimestre le plus faible pour la demande de bijoux depuis 2020 lorsqu'elle avait subi de plein fouet la pandémie de Covid-19 avec de nombreuses cérémonies annulées ou reportées.

Cette baisse des volumes n'est pas totalement compensée par les prix plus chers de l'or, notent les experts. Au contraire, le secteur de la bijouterie, plus gros segment de la demande mondiale d'or, a fortement pâti des records de prix du métal précieux au deuxième trimestre, retombant à des niveaux d'achats qui n'avaient plus été observés depuis la pandémie de Covid-19. Les achats de bijoux ont ainsi chuté de 19% sur un an, à 390,6 tonnes, d'après le rapport trimestriel de l'organisation. En particulier sur la demande de bijoux indienne qui s'est effondrée de 17% en glissement annuel.

« Les prix élevés (de l'or) ont eu un impact (négatif, ndlr) sur la demande » en bijoux, qui leur est fortement corrélée, précise Krishan Gopaul, analyste pour le Conseil mondial de l'or (CMO), interrogé par l'AFP.

(Avec AFP)

Jeanne Dussueil

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