[Article mis en ligne vendredi 2 août à 15h07 et mis à jour à 18h14] Aux États-Unis, le marché de l'emploi a ralenti plus que prévu en juillet, avec un taux de chômage atteignant 4,3 %, selon les chiffres publiés ce vendredi 2 aout par le département du Travail. Ce taux, le plus élevé depuis octobre 2021, a pris 2 points par rapport à juin et a surpris les analystes qui anticipaient une stabilité à 4,1 %. Cela représente 352.000 chômeurs de plus, à 7,2 millions au total.
De même que le taux de chômage, le nombre de créations d'emplois a également déçu, avec seulement 114 000 nouveaux postes contre 179 000 en juin. Les prévisions de MarketWatch estimaient une création de 185 000 emplois pour le mois de juillet. « L'emploi croît plus progressivement à un moment où l'inflation a considérablement diminué », a réagi Joe Biden dans un communiqué.
Les marchés financiers font grise mine
La réaction des marchés financiers a été immédiate. Ce vendredi soir, les Bourses européennes ont terminé en fort repli, plombées par les craintes de récession aux Etats-Unis après des indicateurs montrant un ralentissement de l'activité industrielle et du marché de l'emploi. La Bourse de Paris a perdu 1,61%, terminant à son plus bas niveau depuis novembre. Milan a chuté de 2,55%, Francfort a reculé de 2,33%, Londres de 1,31%, Amsterdam de 3,11% et Zurich de 3,59%. L'indice européen élargi Stoxx 600 a cédé 2,73%.
De son côté, la Bourse de New York a aussi plongé. Les trois principaux indices de Wall Street chutaient ce vendredi, perdant au moins 2,2% vers 17h15 (heure de Paris) après la publication de ces chiffres de l'emploi. Le Nasdaq cédait 3%, plombé par Intel (-27%), après l'annonce par le groupe de licenciements massifs.
Peu avant la publication des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, l'économiste de CNC Market Jochen Stanzl avait avertit l'AFP que
« si les chiffres de l'emploi aux États-Unis sont trop faibles, les cours du monde entier pourraient continuer à baisser ».
En juillet, les entreprises du secteur privé n'ont créé que 122 000 emplois, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab. Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP, concluait déjà fin juillet lors d'une conférence téléphonique :
« Il est évident que le marché du travail ralentit ».
De plus, ce ralentissement du marché de l'emploi inquiète car il intervient au moment où les revenus des Américains ont moins progressé que prévu, avec une hausse de seulement 0,2 % sur un mois. Les dépenses des ménages, bien qu'en hausse de 0,3 %, ont également montré des signes de ralentissement. La consommation, l'un des principaux moteurs de la croissance américaine, a cependant surpris en affichant une augmentation de 2,8 % au deuxième trimestre, après un ralentissement à 1,4 % au premier trimestre.
La Fed pourrait relever ses taux directeurs en septembre
Face à ces données, la banque centrale américaine, la Fed, se retrouve dans une situation délicate. Fin juillet, elle avait annoncé maintenir ses taux directeurs entre 5,25 % et 5,50 %, soit le taux le plus depuis le début du siècle. Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, a déclaré que
« les responsables de la Fed se concentrent de plus en plus sur les risques pour le marché du travail.»
Avec l'inflation stabilisée, mais au-dessus de l'objectif de 2 %, la Fed pourrait envisager une première baisse des taux d'intérêt lors de sa réunion de septembre. Cette décision serait cruciale, car elle précédera la dernière réunion concernant les taux directeurs, qui aura lieu juste avant les élections présidentielles du 5 novembre.« Ce rapport sur l'emploi est si faible que cela pourrait changer les données pour la Fed. Le marché croit maintenant, à 60%, aux chances d'une baisse des taux de 50 points de base en septembre ET en novembre », a commenté Chris Low de FHN Financial.
Cela représente un changement brutal d'état d'esprit du marché puisque jusqu'ici les investisseurs anticipaient uniquement une baisse de 25 points de base en septembre.
(Avec AFP)