Après deux années de crise, la fintech française reprend des couleurs

Les levées de fonds se stabilisent après deux années de chute, selon les derniers chiffres de l’Observatoire de la Fintech, et surtout les opérations de fusions & acquisitions repartent de plus belle, à un niveau inégalé en France. Ces opérations sont d’ailleurs de plus en plus réalisées par des PME, soit des fintechs, soit des éditeurs de logiciels.
Le mouvement de consolidation s'amplifie au fur et à mesure que les startups arrivent à maturité.
Le mouvement de consolidation s'amplifie au fur et à mesure que les startups arrivent à maturité. (Crédits : DR)

C'est le début d'un commencement de reprise. Les levées de fonds dans l'univers de la fintech sont en effet restées quasi-stables (-6%) en France au premier semestre, à 630 millions d'euros pour 53 opérations, selon les derniers chiffres de l'Observatoire de la Fintech.

« Après plusieurs semestres de fortes baisses, il semble que nous avons atteint au premier semestre un point d'inflexion sur les levées de fonds », résume Mikaël Patchek, président de l'Observatoire de la Fintech. Comme en 2023, les « mégas deals » ont quasiment disparu. Seule la fintech Pigment (logiciel d'aide à la décision) a réussi à franchir le seuil symbolique des 100 millions d'euros levés.

Mouvement de consolidation

Mais le fait le plus notable est le bouillonnement sur les opérations de fusions et acquisitions dans le secteur. Avec 33 opérations sur les six premiers mois (contre une cinquantaine par an ces deux dernières années), ce semestre est l'un des plus actifs depuis l'émergence des fintechs il y a une quinzaine d'années. C'est assez logique d'ailleurs dans le cycle de vie d'une startup, au bout de 7 ou 8 ans. La moyenne d'âge des fintechs vendues au premier semestre est en outre de dix ans.

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« Nous assistons à une mutation des opérations de M&A au cours de ces douze derniers mois : alors que les principaux acquéreurs des startups étaient en général des grandes entreprises, nous observons que les acquéreurs sont aujourd'hui davantage soit des fintechs elles-mêmes, soit des éditeurs de logiciels », souligne cependant Emmanuel Papadacci-Stephanopoli, vice-président de l'Observatoire de la Fintech.

La récente annonce de la vente de la fintech Shine par la Société Générale à un éditeur de logiciels comptables danois Ageras est à cet égard emblématique. A l'inverse, la fintech Qonto, ciblée sur les freelances et les professionnels, a racheté la « comptatech » Regate. D'ailleurs le secteur de la fintech le plus actif, tant sur les levées de fonds que sur les opérations de M&A, n'est plus le paiement, ni même l'assurtech, mais les services B2B.

Rôle grandissant des PME

« Nous allons sans doute rester à ce niveau d'une quarantaine d'opérations de M&A par semestre. Nous avons en effet un stock important de startups qui sont arrivées à maturité et les valorisations sont des à prix acceptables, ce qui permet d'ailleurs à des PME de jouer un rôle dans la consolidation », avance François Faure, secrétaire général de l'Observatoire de la Fintech.

De fait, les prix ont rarement été extravagants en France et le rachat de Nickel par BNP Paribas en 2017 pour 250 millions d'euros est sans doute la transaction la plus importante réalisée. Toutefois, de belles licornes commencent à s'affirmer, notamment dans le domaine des outils de gestion et de la comptabilité, comme Qonto ou Pennylane qui vient de lever 40 millions d'euros avec de fortes ambitions de croissance externe.

Au total, l'écosystème fintech - avec 450 sociétés répertoriées - a finalement réussi à passer deux années difficiles, même si certaines startups emblématiques, comme le néoassureur Luko ou la plateforme de prêts October, n'ont pas survécu. Un indicateur ne trompe pas : les effectifs ont crû de 5 % sur le premier semestre, selon l'Observatoire, soit environ 34.000 personnes, après avoir progressé de 10 % en 2023.

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Commentaire 1
à écrit le 26/06/2024 à 7:29
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A part lever des fonds, quel projets rentables ont-elles réalisées ?

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