Taux : la Banque de Suède maintient son taux mais affirme que le combat contre l'inflation est presque gagné

La Banque de Suède a maintenu inchangé son taux directeur à 3,75% ce jeudi en affirmant néanmoins que « l'inflation est proche de l'objectif » de 2%. Elle envisage donc deux à trois baisses cette année. Un scénario qui pourrait être suivi par la Banque centrale européenne.
L'inflation corrigée de l'évolution des taux de crédit immobilier (CPIF) a atteint +2,3% sur un an en mai en Suède.
L'inflation corrigée de l'évolution des taux de crédit immobilier (CPIF) a atteint +2,3% sur un an en mai en Suède. (Crédits : Reuters)

« L'inflation est proche de l'objectif (de 2%, ndlr) ». Voilà l'annonce encourageante formulée par la Banque de Suède, ce jeudi. Si cette dernière a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 3,75% en juin, la dynamique de détente de sa politique monétaire est belle est bien enclenchée. La banque centrale avait abaissé en mai son taux pour la première fois depuis huit ans, à la faveur d'un net freinage de l'inflation et elle a répété ce jeudi que « la politique monétaire doit être ajustée progressivement ».

Surtout, la banque centrale a expliqué que « si les perspectives d'inflation restent inchangées, le taux directeur pourra être réduit deux ou trois fois au cours du second semestre. »

Or, en mai, la Banque de Suède avait évoqué seulement deux baisses de taux possibles d'ici la fin de l'année.

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Une inflation pratiquement revenue à 2%

Selon les économistes, les commentaires de la Banque de Suède sont plus conciliants que précédemment. Ils laissent ainsi présager une accélération de la baisse des taux. « Comme prévu, la Banque de Suède a marqué une pause en juin, après avoir entamé son cycle de réduction des taux d'intérêt lors de la réunion précédente en mai », notent les économistes de Swedbank.

Le discours de la Banque de Suède « ouvre la voie à une baisse des taux en août », ajoutent-ils.

A l'origine de cette communication enthousiaste : l'inflation corrigée de l'évolution des taux de crédit immobilier (CPIF), indicateur de référence de la Riksbank, a atteint +2,3% sur un an en mai, un taux proche de son objectif de 2%.

« L'évolution de l'inflation a été favorable depuis la fin de l'année dernière », souligne la banque centrale qui relève que l'inflation hors prix de l'énergie est tombée à 3% avec cependant un léger rebond récemment.

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La BCE planche sur deux baisses de taux en 2024

Tout comme son homologue nordique, la Banque centrale européenne a tout juste entamé son cycle de baisse des taux Ces derniers sont ainsi passés d'une fourchette entre 4% et 4,75% à une fourchette entre 3,75% et 4,5% lors de sa réunion du 6 juin.

« Sur la base d'une évaluation actualisée des perspectives d'inflation, de la dynamique de l'inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire, il convient désormais de modérer le degré de restriction de la politique monétaire après neuf mois de maintien des taux stables », avait notamment justifié la présidente de l'institution Christine Lagarde.

Et pour cause, la hausse des prix, que la BCE veut à tout prix voir retourner à 2%, s'est établie à 2,6% sur un an en mai, en forte baisse par rapport à son record de 10,6% atteint en octobre 2022. Forte de ce constat, alors qu'elle estimait encore, lors de sa conférence de début mars, que « nous ne sommes pas suffisamment confiants » quant au fait d'atteindre la cible à terme, elle avait finalement reconnu le 20 mars ne pouvoir « attendre de disposer de toutes les informations pertinentes ». « En agissant ainsi, nous risquerions d'ajuster notre politique trop tardivement », a-t-elle ajouté.

Début mars, alors que l'institution de Francfort a abaissé ses prévisions d'inflation à 2,3% en 2024 en zone euro, contre 2,7% anticipés auparavant, puis de 2,0% en 2025, elle a aussi dégradé ses perspectives de croissance. Ainsi, le produit intérieur brut (PIB) en zone euro devrait, selon la banque centrale, augmenter de 0,6% en 2024, contre 0,8% prévu en décembre.

A titre de comparaison, la croissance américaine devrait se maintenir à 2,1% en 2024 selon la Réserve fédérale américaine. « L'économie demeure fragile », avait ainsi noté Christine Lagarde lors de la réunion d'avril. En juin, cette dernière a cependant prévenu que « nous maintiendrons des taux directeurs suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire pour atteindre cet objectif (de 2%, ndlr) ».

La Fed joue la montre

A l'inverse, outre-Atlantique, la situation est toute autre et la première baisse des taux est encore loin. Le 13 juin dernier, le président de l'institution monétaire, Jerome Powell, a averti que les taux d'intérêt resteront à ce niveau élevé « aussi longtemps que nécessaire », si « l'économie reste solide et que l'inflation persiste ». Il a prévenu qu'il faudrait observer plusieurs mois de baisse de l'inflation pour que la réduction des taux soit lancée. Et a notamment estimé que la hausse des salaires, qui est une bonne nouvelle pour le porte-monnaie des Américains, reste trop élevée pour permettre un retour de l'inflation à un niveau acceptable.

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Le comité de politique monétaire (FOMC) a, dans son communiqué, fait état de « modestes progrès supplémentaires » vers son objectif de 2% d'inflation. Après un rebond en début d'année, la hausse générale des prix est repartie à la baisse seulement ces deux derniers mois. Elle a connu une timide amélioration en mai, avec un ralentissement à +3,3% sur un an, contre +3,4% en avril, et même des prix stables sur un mois, selon l'indice CPI publié début juin.

Si cette bonne nouvelle n'a pas été suffisante pour convaincre la Fed d'enclencher la baisse des taux, elle a, en revanche, convaincu les acteurs du marché, qui oscillaient entre septembre et novembre pour une première baisse des taux, que celle-ci arriverait dès la fin de l'été, selon l'évaluation de CME Group.

(Avec AFP)

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