Après la Bourse de Paris, l'euro recule à cause des incertitudes politiques en France

A la mi-journée, la monnaie unique européenne perdait 0,44% par rapport au dollar américain. Ce mouvement baissier a commencé dimanche soir dernier, au moment où le président Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. Le signe que les investisseurs sont vraiment inquiets.
La monnaie unique se replie alors que les marchés évaluent les implications potentielles d'une défaite des partis politiques soutenant le président Emmanuel Macron, lors des élections législatives anticipées.
La monnaie unique se replie alors que les marchés évaluent les implications potentielles d'une défaite des partis politiques soutenant le président Emmanuel Macron, lors des élections législatives anticipées. (Crédits : Christian Mang)

Turbulences en cours pour la monnaie unique européenne. L'euro reculait ce vendredi, pénalisé par l'inquiétude du marché quant à de possibles changements politiques majeurs en France, à l'issue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.

Vers 12h35 à Paris, la monnaie unique reculait donc de 0,44% par rapport au billet vert à 1,0690 dollar pour un euro, et cédait 0,02% face à la livre britannique, à 84,11 pence pour un euro. Ce mouvement baissier a commencé dimanche soir dernier. Depuis ce jour, l'euro a perdu environ 1% par rapport au dollar américain.

Les investisseurs inquiets

La monnaie unique se replie alors que les marchés évaluent les implications potentielles d'une défaite des partis politiques soutenant le président Emmanuel Macron, lors des élections législatives anticipées.

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Les investisseurs s'inquiètent notamment du programme du Nouveau Front populaire, la coalition des partis de gauche en France formée en vue des législatives : « Très coûteux pour les finances publiques, il intervient à un moment où le déficit est élevé et où le taux d'emprunt de l'État a déjà augmenté », pense Sylvain Bersinger, analyste chez Asterès.

« Le risque perçu lié à une victoire potentielle de l'extrême droite » a déjà provoqué une « flambée des coûts d'emprunt » de la France, remarque Joshua Mahony, de Scope Markets.

Le taux d'emprunt d'Etat de la France grimpe

Le taux des emprunts d'État français à 10 ans a en effet grimpé depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale dimanche. Cela a, en conséquence, creusé l'écart de rendement avec les obligations allemandes, qui a atteint 75,3 points de base ce vendredi, signe des inquiétudes des investisseurs concernant la situation politique française, remarque Derek Halpenny, de MUFG.

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Pour rappel, le « spread » ou différence avec le taux d'intérêt d'un pays de référence — l'Allemagne pour l'Europe — est un indicateur qui mesure en effet la confiance des investisseurs dans un pays donné, ici la France.

Le « spread » a « dépassé les sommets atteint lors de la crise énergétique et de la pandémie mondiale », note l'analyste de MUFG. Par ailleurs, selon lui, lorsqu'on remonte plus en arrière dans le temps, ce niveau n'avait plus été atteint « depuis les élections présidentielles françaises de 2017, lorsque le marché financier craignait pour la première fois le risque d'une présidence Le Pen ».

La Bourse de Paris dans le rouge

Cette baisse de la monnaie unique européenne est le reflet d'une inquiétude plus globale des marchés financiers quant à l'instabilité politique de la France. Ce vendredi, la Bourse de Paris s'enfonçait en effet dans le rouge, et perdait 2,4% à la mi-journée.

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Avec une chute de 6% depuis le début de la semaine, l'indice phare CAC 40 se dirige vers sa pire baisse hebdomadaire, depuis mars 2022, juste après l'invasion russe de l'Ukraine. Conséquence : la Bourse de Paris a annulé tous ses gains depuis le début de l'année (-0,11% depuis le 1er janvier 2024).

En comparaison, ailleurs en Europe, Londres (+0,09%) et Francfort (-0,08%) étaient proches de l'équilibre, tout comme l'indice paneuropéen élargi Stoxx 600 (+0,02%). Milan cédait 0,74%.

L'inflation française repart légèrement à la hausse

Sur le front de l'inflation, les nouvelles ne sont pas non plus très encourageantes pour la France. Selon l'Insee, celle-ci est en effet légèrement repartie à la hausse, en s'établissant à 2,3% en mai, soit une hausse de 0,1 point par rapport à avril.

« Cette légère hausse de l'inflation résulte d'une nouvelle accélération sur un an des prix de l'énergie » et des prix de l'alimentation, alors que les prix des services ralentissent, précise l'institut national de statistique, dans un communiqué publié ce vendredi.

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Sur un mois, les prix sont stables, avec une baisse des prix de l'énergie mais une hausse de 0,4% des prix de l'alimentation, précise l'Insee. Mais sur un an, les prix de l'énergie accélèrent car les prix des produits pétroliers « ont baissé sur un mois entre avril et mai 2024, mais ont baissé d'une manière plus importante entre avril et mai 2023, générant ainsi une hausse de l'inflation sur une année », explique l'Insee.

Cette légère reprise de la hausse des prix en France intervient alors que la Banque centrale européenne (BCE) a effectué sa première baisse de 0,25 point de pourcentage de ses taux directeurs jeudi 6 juin, et ce, après avoir monté ses taux de manière fulgurante entre 2022 et 2023, puis les avoir maintenus entre 4% et 4,75% depuis septembre - au plus haut depuis la création de l'euro.

(Avec AFP)

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