![Ce jeudi, l'Agence pour l'Emploi a annoncé que le taux de chômage a augmenté de 0,1 point entre le mois de mai et de juin, à 6,0%, selon des données corrigées des variations saisonnières (CVS).](https://static.latribune.fr/full_width/2386492/les-drapeaux-de-l-union-europeenne-et-de-l-allemagne-flottent-au-consulat-allemand-d-istanbul.jpg)
Alors que la situation tendait à s'améliorer, l'économie allemande connaît un nouveau coup dur. L'Agence pour l'Emploi a annoncé que le taux de chômage a augmenté de 0,1 point entre le mois de mai et de juin. Il atteint désormais 6,0%, selon des données corrigées des variations saisonnières (CVS). Il s'agit de la première hausse sur un mois depuis décembre.
« La faiblesse du marché du travail se poursuit. Le chômage et le sous-emploi ont sensiblement augmenté en juin », a résumé dans le communiqué Andrea Nahles, la présidente de l'Agence fédérale pour l'emploi.
Dans le détail, le nombre de chômeurs a augmenté de 19.000, toujours en données CVS. En données brutes, il est en hausse de 4.000 à 2.727 millions de personnes. Sur un an, le nombre de chômeurs grimpe de 172.000, selon l'Agence pour l'Emploi.
Une économie qui stagne
Jusqu'ici, le taux de chômage évolue peu en raison d'une hausse de la population active due à l'immigration et des pénuries de main-d'œuvre dans certains secteurs.
Mais l'économie allemande reste atone depuis plusieurs mois, alors que son industrie souffre d'une crise multiforme, entre coûts élevés de l'énergie, faible demande domestique, et difficultés du commerce international. Le renchérissement du crédit et l'incertitude politique, sur fond de divisions internes au gouvernement entre sociaux-démocrates, Verts et libéraux du FDP sur la politique budgétaire, freinent les investissements.
Résultat, la branche industrielle a ainsi entraîné le pays dans une récession, avec une chute de 0,3% de son PIB l'an dernier. Concernant le premier trimestre de cette année, la croissance s'est aussi montrée très faible (+0,2%).
Une reprise incertaine
Une lente reprise est cependant annoncée depuis le début du deuxième trimestre, grâce à une hausse de la consommation, des exportations et l'assouplissement de la politique monétaire de la BCE.
Deux instituts économiques allemands ont relevé leurs prévisions de croissance pour la première économie européenne cette année. L'institut IFO table désormais sur une hausse de 0,4% du produit intérieur brut (PIB), soit 0,2 point de plus que lors de sa prévision précédente, selon son rapport estival de conjoncture publié mi-juin. Au même moment, l'institut économique DIW avait lui aussi relevé ses estimations de 0,2 point, prévoyant désormais 0,3% de croissance pour 2024.
« Il y a de nouveau des raisons d'espérer. L'économie allemande sort lentement de la crise », commente Timo Wollmershäuser, expert de l'institut.
Mais une série d'indicateurs font désormais douter de son imminence. Attendu en hausse, le moral des entrepreneurs et le moral des consommateurs ont en effet légèrement baissé en juin en Allemagne. A rebours de l'IFO et de DIW, la Banque centrale allemande (Bundesbank) a affirmé, début juin, que le PIB de l'Allemagne devrait croître de seulement 0,3% en 2024, contre 0,4% anticipé en décembre. C'est bien moins que les prévisions de Bruxelles pour la zone euro, de 0,8% cette année, puis 1,4% l'an prochain.
L'inflation repart
A noter aussi, l'inflation a repris de la vigueur en s'affichant à 2,4% sur un an en mai, soit 0,2 point de plus qu'en avril, selon une estimation définitive de l'institut de statistiques Destatis, publiée le 12 juin.
Ce regain d'inflation, le premier depuis novembre dernier, s'explique « notamment en raison de la hausse continue des prix des services », commente Ruth Brand, présidente de l'Office fédéral de la statistique, dans un communiqué. Ils ont augmenté de 3,9% en mai 2024 par rapport au même mois de l'année précédente.
Cela s'explique en partie par un effet de base : l'abonnement mensuel à 49 euros permettant de voyager sur l'ensemble du réseau de transports publics allemands, introduit en mai 2023, a fini d'avoir un effet modérateur sur les prix en avril dernier. Ainsi, jusqu'au mois d'avril, le prix des transports, comptabilisés dans l'inflation, étaient comparés à leur coût, nettement plus important, datant d'avant l'introduction de ce billet. « Il n'y a pas lieu de s'alarmer »,assurait donc fin mai Elmar Völker, analyste pour la banque LBBW. Reste que les prix des assurances (+13%) comme des forfaits touristiques (+5,6%) ont, eux, néanmoins augmenté de façon significative sur un an.
(Avec AFP)