Qui veut vraiment réduire la dette ?

Malgré les alertes, aucun consensus politique ne se dessine sur une diminution du déficit budgétaire.
Marie-Pierre Gröndahl
Pierre-Olivier Gourinchas, économiste français.
Pierre-Olivier Gourinchas, économiste français. (Crédits : © LTD / Ken Cedeno/REUTERS)

Les avertissements pleuvent, avant comme après les élections européennes et législatives. Agences de notation financière, FMI, Commission européenne, Conseil d'orientation des retraites, Haut Conseil des finances publiques, Cour des comptes... Ces institutions partagent une même préoccupation : les dérapages de la dette publique et du déficit budgétaire en France et ses conséquences. Pour le pays, ses voisins et l'euro. Le FMI a émis un appel en faveur de nouvelles économies dès le 23 mai, et Standard & Poor's a dégradé la note de Paris huit jours plus tard. Avant que la Commission européenne n'enclenche cette semaine une procédure pour déficit excessif contre la deuxième économie de la zone euro, dont la dette est la deuxième plus élevée des 20 États membres, derrière celle de l'Italie, et dont le déficit frôle le double du maximum de 3 % imposé par les règles européennes.

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Le même jour, le 16 juillet, le rapport annuel sur l'économie du FMI a rappelé l'urgente nécessité de contenir la dette publique (3 160 milliards à la fin mars, soit 110,6 % du PIB) ainsi que le déficit budgétaire (5,6 % du PIB, au lieu des 4,9 % prévus), alors que les perspectives de croissance, à 0,9 % en 2024, restent faibles. « La France doit rapidement agir sur sa trajectoire budgétaire si elle veut recréer des marges de manœuvre, a estimé le chef économiste du Fonds, Pierre-Olivier Gourinchas. Sans ajustement sérieux, il sera difficile d'atteindre les objectifs d'un retour du déficit à 3 % du PIB pour 2027. » D'autant plus que la charge de la dette s'est alourdie avec les hausses de taux d'intérêt. Son coût s'élèvera cette année à 55 milliards d'euros, puis à 83 milliards par an d'ici à 2027.

Alors que le déficit budgétaire s'est accru, en raison d'un manque inattendu de recettes fiscales en 2023, les prévisions de sa réduction par l'ex-gouvernement n'ont convaincu ni Bruxelles ni Washington. L'instabilité politique amplifie les inquiétudes. « Qui que ce soit qui gouvernera demain la France devra s'emparer de cette situation des finances publiques. Il devra réduire notre endettement », a déclaré le 16 juillet Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes et ancien ministre de l'Économie, qui avait pourtant plaidé contre les hausses d'impôt lors de son passage à Bercy. Selon lui, la précarité des finances publiques s'aggravera avec la facture de la transition énergétique, jusqu'à 7 points de pourcentage jusqu'à 2030.

Des mesures au potentiel explosif

Face à ces risques, aucune des forces politiques n'a proposé de mesures de rééquilibrage budgétaire. « Le NFP et le RN ont au contraire présenté des programmes comportant des dépenses supplémentaires », s'alarme le chef économiste d'une grande banque française. Parmi les mesures prônées par le FMI figurent la réduction des allocations chômage, la baisse de la masse salariale du secteur public et la limitation des « chevauchements » entre niveaux administratifs. Toutes politiquement explosives. Un autre levier serait de renoncer à l'indexation totale des pensions de retraite sur l'inflation (revalorisées de plus de 5 % au 1er janvier, pour un coût de 14 milliards d'euros). Une option rejetée par Laurent Wauquiez (LR) il y a quelques jours. Atteindre les 3 % de déficit en 2027 suppose de réaliser 80 milliards d'euros d'économies en trois ans. Reste à définir comment y parvenir.

Marie-Pierre Gröndahl
Commentaires 10
à écrit le 22/07/2024 à 2:56
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Excedent commercial entre la Coree et les USA, 28, 6 milliards de $. Ceci pour les mois de janvier a juin 2024. Qui dit mieux a bercy ?

à écrit le 21/07/2024 à 17:48
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Il ne fait pas revaloriser partiellement les pension de retraites mais carrement les geler et supprimer les 10% d abattement pour frais professionnels des retraités. Evidement si on fait ca on se met les retraités a dos (17 millions d electeurs) et d...

à écrit le 21/07/2024 à 16:57
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La politique française ne s’est jamais souciée de la bonne santé des finances publiques. Depuis l'introduction de l'euro, la France a systématiquement ignoré les critères de stabilité convenus dans le traité de Maastricht. La communauté des États de ...

le 22/07/2024 à 8:47
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@aditec : si il est un critère de Maastricht qu'on a tenu, c'était l'inflation, ce qui a permis aux boomers de s'enrichir en dormant, mais ça s'est fait en endettant le pays et aussi et surtout au détriment des nouveaux entrants votant RN ou LFI avec...

à écrit le 21/07/2024 à 12:50
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Et pour cause, l'essentiel de l'électorat vit directement ou bien indirectement des politiques publiques et réduire les déficits voudrait dire réduire les dépenses en sachant que qu'une bonne partie des dépenses sert à acheter les voix ou bien à fair...

à écrit le 21/07/2024 à 10:02
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La 1ère photo est vraie, Trump a installé de façon visible sur l'estrade 3 afro-américains conservateurs avant de faire ses appels du pied aux électeurs afro-américains. Il s'agit du président de l'association des conservateurs afro-américains, d'un ...

à écrit le 21/07/2024 à 9:13
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Peut-être arrêter les allègements de charges sociales et imposer ceux qui échappent à l'impôt contrairement aux classes moyennes qui prennent tout en charge ?! Ca devient urgent car la démocratie sauce Macron bayonne 60% des français... Mais pour co...

à écrit le 21/07/2024 à 8:10
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pour réduire la dette, on peut aussi restaurer l'ISF avec un seuil à 800 000 €, augmenter l'impôt sur le revenu avec des taux plus élevés sur les dernières tranches comme dans les années 70 ou 80, réaugmenter l'impôt sur les sociétés que Macron a dim...

le 22/07/2024 à 9:32
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C est vrai que la methode Melenchon pourrait redresser la france. Un bon matraquage fiscal permettrait de faire fuir tous ceux qui gagnent plus de 4000€/mois mais aussi ceux qui esperent les gagner un jour (par ex les futurs dentistes ou medecins) U...

à écrit le 21/07/2024 à 7:52
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Merci pour la messe mon père mais la France est un pays laïque dans lequel ni le catholicisme, ni le protestantisme, ni l'islamisme, ni même le bouddhisme ont une quelconque portée sur notre mode de vie et donc pas le néolibéralisme non plus.

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