Macron veut toujours une coalition

Dans les prochains jours, le camp présidentiel va chercher à rallier des « sociaux-démocrates ». Des propositions fiscales seraient mises sur la table.
Emmanuel Macron au sommet de la Communauté politique européenne, jeudi au Royaume-Uni.
Emmanuel Macron au sommet de la Communauté politique européenne, jeudi au Royaume-Uni. (Crédits : © LTD / Ludovic MARIN / AFP)

Après le deal avec la droite, la main tendue à gauche. Emmanuel Macron espère toujours qu'une majorité « solide » pourra émerger du Palais-Bourbon et soutenir un futur gouvernement, comme il l'a écrit il y a onze jours dans sa « Lettre aux Français ». Le bloc central a déjà passé un accord avec LR, permettant la réélection de Yaël Braun-Pivet au perchoir ce jeudi. Le plus difficile reste à faire : convaincre l'autre bord de discuter.

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Le président de la République attendait « la structuration » de l'Assemblée nationale pour y voir plus clair. À la veille du week-end, les votes pour la présidence et le bureau ont permis à l'Élysée de compter les soutiens et d'évaluer les oppositions. « La droite a respecté le deal, il n'a pas manqué une voix pour Braun-Pivet », souligne un député proche du chef de l'État.

Autre constat, le rapport des forces était, jeudi soir, en défaveur de la gauche. « Il est démontré que la majorité relative la plus nombreuse est constituée du bloc central avec la droite républicaine », appuie un conseiller. Ce qui écarterait l'hypothèse d'un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. « Le barycentre est au centre-centre-droit », soulignent à l'unisson d'autres visiteurs du chef de l'État.

Mais on mesure toujours, à l'Élysée comme au groupe Ensemble pour la République (EPR, le nouveau label de la « majorité » présidentielle), que cela ne suffit pas pour mettre le futur gouvernement à l'abri de la première motion de censure venue. « Le président de la République souhaite toujours une majorité stable, le plus solide possible », insiste son entourage. Une figure de LR partage l'analyse : « L'accord de Laurent Wauquiez avec les macronistes ne crée pas suffisamment de stabilité pour que l'on puisse gouverner. »

Hier, la réélection de l'Insoumis Éric Coquerel à la tête de la commission des finances a montré que ce barycentre était précaire (lire aussi page 10). Sur ce terrain mouvant, c'est désormais la gauche républicaine que courtise le camp présidentiel.

Plus précisément les députés « sociaux-démocrates », étiquette qui revient souvent dans les discussions. À savoir, des socialistes. Leurs voix seront bienvenues pour faire passer les textes sans risque. Et leur abstention sera nécessaire pour contrer les motions de censure.

Hausse d'impôts

Gabriel Attal est en première ligne. Il lui revient de mener cette opération, sous l'œil de l'Élysée. En tant que chef du groupe EPR, il a promis de rencontrer les responsables des autres forces politiques - « à l'exception des extrêmes », a-t-il prévenu. Des propositions - « un pacte d'action » - seront sur la table d'ici peu. Déjà, la profession de foi du groupe EPR, publiée au Journal officiel, entrouvre des portes, pour qui sait la lire entre les lignes. « Nous y avons inscrit des principes de fond qui seront déclinés en quelques mesures opérationnelles, on pense trouver des voies de passage avec LR et le NFP », décrypte un des piliers de Renaissance.

Dans cette déclaration générale, de nombreux signes sont certes envoyés à droite. Par exemple, la proposition d'une réponse pénale envers les mineurs délinquants renvoie à la révision, souhaitée par l'ex-majorité, de l'excuse de minorité. L'idée de revaloriser le travail par rapport à l'inactivité correspond, quant à elle, au logiciel historique de Laurent Wauquiez.

Mais de nombreux signaux sont aussi adressés à la gauche. Le texte évoque ainsi une politique fiscale « sans hausse d'impôts sur le travail ». « Cela signifie qu'on peut réfléchir à un rééquilibrage sur d'autres catégories », murmure-t-on dans les couloirs du gouvernement. Une concession politique forte : l'acceptation d'une augmentation serait une première depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017. Reste à savoir qui elle concernerait.

À l'Élysée, on identifie d'ores et déjà les grands axes qui fédéreraient une entente tripartisane, de LR au PS. « Il pourrait y avoir un bloc régalien autour de la sécurité, de l'autorité et de la justice, un autre sur le pouvoir d'achat, et un troisième consacré à la lutte contre les inégalités de destin », avance-t-on.

Les députés « sociaux-démocrates » saisiront-ils la main tendue ? L'optimisme est relatif. « Ça bloque du côté des appareils, même si certaines personnalités sont favorables à une ouverture », veut croire un conseiller. Pour les socialistes, franchir le pas acterait une rupture avec LFI. « Or, ils ont été élus dans un mouvement d'unité, et la plupart d'entre eux anticipent une nouvelle dissolution dans un an, décrypte un stratège macroniste. Ils se disent que participer à une alliance aujourd'hui réduira leurs chances d'être réélus demain. »

Du temps pour les échanges

Emmanuel Macron ne semble pas pressé. Il donne encore du temps aux échanges. Le président de la République devrait laisser le gouvernement sortant gérer les affaires courantes pendant les Jeux olympiques (qui s'achèvent le 11 août). À moins d'une « accélération formidable » des négociations cette semaine, dit un de ses interlocuteurs réguliers, sans y croire. Pas question de changer de ministres des Sports ou de l'Intérieur en plein événement mondial.

Même s'il a prévu d'inviter à nouveau un ou deux groupes de députés à déjeuner cette semaine, le chef de l'État voit son agenda rempli par la séquence olympique : accueil du CIO, visites de sites, réception de ses homologues étrangers, invitation des journalistes sportifs du monde entier, déjeuner avec les grands patrons des entreprises partenaires, mini-sommet Sport pour le développement durable... Vendredi, ce sera la cérémonie d'ouverture. Puis le suivi des épreuves. « Sa présence sera discrète, nous n'en faisons pas un événement politique », prévient-on à l'Élysée.

Et ensuite ? « Soit on attend que les négociations aboutissent, soit on nomme un Premier ministre qui devra les faire aboutir », résume un familier du Palais. Plusieurs échéances sont dans les têtes : les Jeux paralympiques démarrent le 28 août. Le 20 septembre, la France doit envoyer à Bruxelles un programme de redressement budgétaire, et le 1ᵉʳ octobre, un projet de loi de finances doit être déposé. À chaque jour suffit sa peine...

Commentaires 15
à écrit le 03/08/2024 à 11:02
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Une coalition est toujours possible ?? Riquet a d'autres soucis ! Assister aux jeux olympiques et ne pas rater une seule embrassade/accolade avec des athlètes musclés, sous pretexte de ses congratuler avec eux. Ras le bol

à écrit le 22/07/2024 à 8:51
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par deux fois il a refuse cette coalition en 2017 et en 2022 maintenant c'est a lui et a lui seul de trouver la sortie et pas aux elus de trouver des compromis un dialogue avec toute les parties y compris r n et l f i c'est sa vision personnel qu...

à écrit le 22/07/2024 à 7:37
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Une coalition est toujours possible mais... contre lui ! Il n'a qu'à continuer à jouer la marionnette de la coalition de Bruxelles !

le 30/07/2024 à 18:57
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Assez absurde comme commentaire….au passage, le financement de projets en France par l’UE, c’est de l’ordre de €20 Mds, à cela, ajoutez la PAC et les multiples Fonds européens…. Alors, l’UE, c’est vraiment mauvais ??? Demandez aux Brits….

à écrit le 21/07/2024 à 17:07
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Qu'il fasse cette coalition s'il en est capable !

à écrit le 21/07/2024 à 16:34
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Bonjour, une coalition c'est lorsqu'ils est possible de s'entendre... Mais la avec l'attitude du parti de Mr macron et de l'extrême gauche, ils ne peux y avoir de coalition fonctionnelle... Bien sûr ils ne faut pas le dire... Les français seront e...

le 22/07/2024 à 9:33
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... et son sempiternel "Bien sûr ils ne faut pas le dire" agrémenté d'une énorme faute de grammaire. La Tribune mérite mieux que ça !

à écrit le 21/07/2024 à 10:33
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On n’a pas besoin de nouvelle mesure fiscale, la coupe est pleine

à écrit le 21/07/2024 à 10:17
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Macron ne peut pas !

à écrit le 21/07/2024 à 10:07
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Le NPF un nouveau front fait de bric et de broc avec un boulet LFI un parti révolutionnaire au poing leve lors de ses rassemblements bien loin de la démocratie, a laissé un boulevard à l'ancienne majorité alliée au LR. Le cafouillage du NFP avec la d...

à écrit le 21/07/2024 à 10:02
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La 1ère photo est vraie, Trump a installé de façon visible sur l'estrade 3 afro-américains conservateurs avant de faire ses appels du pied aux électeurs afro-américains. Il s'agit du président de l'association des conservateurs afro-américains, d'un ...

à écrit le 21/07/2024 à 8:38
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Il est trop tard, pour changer le logiciel "macroniste" . Il veut entrainer les survivants LR dans la chute finale. Pour en sortir, il n'y a qu'un référendum sur le changement de mode de scrutin en adoptant le modèle anglais uninominal à un tour , q...

à écrit le 21/07/2024 à 8:10
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Que ses troupes à l'Assemblée Nationale commencent par respecter le pluralisme et le droit de l'opposition dans la répartition des fonctions, conformément au règlement de l'Assemblée et à la tradition républicaine : halte à la ghétoisation et au fas...

à écrit le 21/07/2024 à 7:49
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Attendez la mise à jour officielle quotidienne des marchés financiers avant de le faire parler ça peut changer.

à écrit le 21/07/2024 à 7:41
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ce qu'il a refuse en 2017 et en 2022 ce monsieur est pret a tout pour conserver son poste quite a detruire le pays et a toute les bassesses possible ce n'est qu'un illusionniste

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