Les Insoumis certains de créer la surprise aux européennes

Manon Aubry remonte dans les derniers sondages avec l'espoir de ne pas laisser trop de terrain à Raphaël Glucksmann.
Caroline Vigoureux
Manon Aubry, tête de liste LFI.
Manon Aubry, tête de liste LFI. (Crédits : © LTD / Marie Julliard / Hans Lucas.)

Mi-Avril, Jean-Luc Mélenchon n'était pas franchement optimiste. « C'est la bonne société qui vote, donc on va passer un sale quart d'heure », confiait-il au sujet des élections européennes. En cette fin de campagne, le leader Insoumis n'a pas de mots assez élogieux pour qualifier la campagne de Manon Aubry, « un petit chef-d'œuvre », « un moment d'osmose politique », comme il l'écrit dans une note de blog intitulée « Nuit noire pour les sondeurs ». À Lyon, jeudi soir, le leader de la gauche radicale s'enflammait aussi : « Ce qui se passe, je ne l'ai jamais vu auparavant, et je ne sais même pas si je peux le comparer à la campagne présidentielle ! »

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Les Insoumis s'en sont convaincus, ils seront la surprise de ce scrutin. Cela fait quelques jours que leur candidate enregistre une dynamique. Notre sondage Elabe publié vendredi lui donnait 9,5% d'intentions de vote. Deux semaines plus tôt, Manon Aubry était à 8%. Rien de spectaculaire, mais cette hausse survient au meilleur des moments, dans les dernières heures, là où se cristallise le vote. La députée européenne sera selon eux la Yannick Jadot de 2024, lui qui avait obtenu en 2019 le double de ce que lui prédisaient les sondages. Cette idée est désormais reprise par tous les Insoumis sur les réseaux sociaux. Répéter les choses pour qu'elles finissent par se produire.

Autant dire que les mélenchonistes ne regrettent rien de leur stratégie qui a consisté à faire du conflit au Proche-Orient l'un des piliers de leur discours. Septième sur la liste, la juriste franco-palestinienne Rima Hassan a été l'une des figures les plus visibles et clivantes de leur campagne, au point d'éclipser parfois Manon Aubry. Mais après tout, pensent-ils, ce discours pro-palestinien a permis une mobilisation des quartiers populaires, et donc de faire venir aux urnes des électeurs qui d'ordinaire boudent les élections européennes. « La question de Gaza résonne beaucoup plus largement avec celle du racisme en France auprès de toute une partie de la population qui se dit "ça suffit, ça n'est pas ma France à moi" », estime un proche de Jean-Luc Mélenchon.

Une logique de conflictualité

La candidate de 34 ans, qui en est à sa deuxième campagne comme tête de liste, a rodé ses punchlines, avec une stratégie en tête lors des sept débats télévisés : faire des interventions d'une minute trente au maximum pour les transformer en « capsules », ces courtes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. C'est ce qu'elle fait de manière efficace pour désigner Jordan Bardella comme « l'héritier des nazis », pour rappeler que « François Hollande soutient Raphaël Glucksmann » ou accuser Valérie Hayer de faire « des cadeaux fiscaux aux multinationales qui saccagent la planète ».

Mais, en poussant jusqu'au bout leur logique de conflictualité, les Insoumis ont démontré à leurs alliés d'hier, écologistes et surtout socialistes, que toute entente était compromise, voire impossible. « Ils ont franchi toutes les lignes rouges », soupire un proche de Raphaël Glucksmann. Ce sera l'un des plus gros défis des Insoumis en vue de 2027. Après le 9 juin, qui à gauche voudra encore travailler avec eux ?

Résultats, mode d'emploi

Score aux élections européennes de 2019 : 6,31%

Plus de 9%

Ce serait un bon scénario pour les Insoumis, qui leur permettrait de compter plus de députés que les 6 élus actuels.

Entre 6 et 9%

Si Manon Aubry obtient ce que lui prédisent les sondages, elle aura sauvé les meubles dans ce scrutin qui n'a jamais été favorable à LFI.

Moins de 6%

Que la liste Insoumise réalise un score inférieur à celui de 2019 constituerait une vraie déroute pour le parti de Jean-Luc Mélenchon.

Caroline Vigoureux
Commentaires 3
à écrit le 09/06/2024 à 17:11
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Ce n'est pas étonnant car la récente reconnaissance de l'Etat palestinien par 3 pays il y a 15j et la Slovénie la semaine dernière peut amener à penser que pour le coup, c'est eux qui sont dans le sens de l'Histoire tandis que Macron qui se voulait l...

le 09/06/2024 à 18:16
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"Les vieux habits de l’homme neuf" https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/DENORD/57249

à écrit le 09/06/2024 à 8:04
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C'était prévisible quand tous les médias de masse les insultaient copieusement à longueur de temps les taxant de tous les maux de notre société alors qu’ils n'ont jamais gouverné. A la fin c'était devenu beaucoup trop voyants. Déjà que la propagande ...

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