C'est une fin de campagne à la hausse que connaît La France insoumise. À moins de 48 heures du scrutin des européennes, la dernière enquête réalisée par l'institut Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche crédite la liste de Manon Aubry de 9,5% des intentions de vote. C'est 1 point de plus par rapport à la vague de la fin du mois de mai. Cette progression, dont on ne peut prédire si elle s'achèvera comme la percée tardive de Yannick Jadot en 2019, se fait au détriment de l'écologiste Marie Toussaint, qui perd 1,5 point et tombe à 5,5% des suffrages envisagés.
« La dynamique de LFI est réelle, abonde Bernard Sananès, président d'Elabe. Elle est en partie due à l'intérêt tardif des jeunes actifs, ceux de 25-34 ans, pour la campagne électorale, mais aussi, sans doute, au léger recentrage des insoumis sur les thématiques de justice sociale. Certaines mesures qu'ils proposent sont largement soutenues par l'opinion publique. » Jusqu'à récemment, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon s'est démarqué par sa stratégie du clivage sur la question israélo-palestinienne, illustrée par la mise en avant de figures radicales comme Rima Hassane.
La poussée de LFI ne vient pas contrarier l'avance, à gauche, du social-démocrate Raphaël Glucksmann, qui a pris 1,5 point depuis notre sondage paru le 1er juin. Désormais crédité de 14,5%, l'eurodéputé soutenu par le Parti socialiste se situe dans la marge d'erreur avec Valérie Hayer, sa concurrente macroniste en grande difficulté depuis des semaines, mais qui se maintient à 16%. « L'intervention du président de la République pour les commémorations du débarquement américain semble avoir stabilisé sa candidate, mais elle ne l'assure pas de décrocher la deuxième place dimanche, prévient Bernard Sananès. Il y a toujours un important degré de volatilité dans le corps électoral et 31% des sondés affirment qu'ils peuvent encore changer d'avis d'ici le 9 juin. »
Certains souffrent particulièrement de cette volatilité. C'est le cas des listes qui disposent de la certitude de vote la plus fragile, à savoir - parmi les sept principales - celles des écologistes et des Républicains. Malgré sa fin de campagne tonique, faite de moments médiatiques saisis avec habileté, François-Xavier Bellamy poursuit sa baisse pour s'établir à 6%. Pris en étau entre la Macronie et le Rassemblement national, le candidat LR paie l'entre-deux de son positionnement politique. Bloqués à un étiage comparable, les zemmouristes de Reconquête - dont la tête de liste, Marion Maréchal, remonte péniblement à 5,5% - forment un électorat plus mobilisé, bien que très tenté par Jordan Bardella. Donné toujours largement en tête du scrutin (32%), le patron du RN connaît un léger tassement de dernière minute. « C'est assez classique, mais il n'est pas certain, dès lors, que Jordan Bardella dépasse les 30% des suffrages », complète Bernard Sananès. Sa victoire demeurerait ainsi écrasante, mais privée d'un seuil symbolique.
