Le sport est-il une filière qui compte pour la France ? Oui, si on considère l'impact médiatique et les regards internationaux qui vont converger vers l'Hexagone ces prochaines semaines. Oui aussi, si on tient compte du 0,3 point de contribution de l'événement au PIB tricolore. Pas vraiment de quoi doper l'économie française - « L'impact sera limité », a d'ailleurs déclaré le gouverneur de la Banque de France interrogé par La Tribune - mais peut-être de quoi doper une filière du sport.
Laquelle filière a longtemps bataillé afin d'être reconnue comme une filière économique à part entière. La chose sportive est sérieuse et le quotidien de 128.000 entreprises générant 450.000 emplois. Les Jeux olympiques sont-ils alors l'occasion de monter le savoir-faire français et de faire rayonner celui-ci ? Oui, répond aussi Cédric Messina. Ou plutôt, oui mais.
Pas de filière sans écosystème
Car il ne suffit pas d'héberger, organiser, produire... un grand événement pour que celui-ci serve de levier. C'est même l'inverse, dit le fondateur et CEO de MyCoach, PME basée à Nice et qui a développé une solution basée sur la récolte et l'analyse de data aussi bien pour le sport professionnel qu'amateur.
« Les grands événement sont l'indicateur de la mise en lumière d'un écosystème, les Jeux Olympiques agissent comme un révélateur, ils reflètent l'état de la société », dit-il.
Ainsi, un événement sportif ne met en lumière que ce qui existe. Si la filière est structurée, elle gagne alors en visibilité. Si ce n'est pas le cas, l'événement sportif n'en est pas pour autant une baguette magique.
« On n'impose pas la création d'une filière. Celle-ci naît et se structure d'elle-même », assure Cédric Messina. Et pour se faire « il faut des exemples, des locomotives », ajoute le dirigeant niçois, citant de grandes entreprises, comme notamment Décathlon qui a su imposer un modèle à la française.
JO et grands événements, levier business
Mais pour faire des grands rendez-vous sportifs des leviers forts, il faut anticiper. Et ne pas forcément attendre le Jour J et les retombées qui en découleront, mais plutôt de savoir additionner les compétences des entreprises et les opportunités pré-événement pour enclencher une dynamique.
« Nous avons tous les ingrédients pour réussir. Lorsque les athlètes inscrits aux JO s'entraînent en France, c'est là un vrai laboratoire qui permet de développer des compétences autour de la performance, autour de la pratique », estime Cédric Messina.
Où revient aussi un autre sujet, celui des appels d'offres liés aux grands événements, un autre levier business que les PME/TPE tricolores boudent parfois par manque d'expérience en matière de marchés publics ou par manque de temps. Un propos qu'édulcore Cédric Messina, révélant que pour les JO 2024 « 70% des marchés lancés ont été remportés par des entreprises françaises », un pourcentage finalement pas si décevant.
Ne pas omettre l'impact social et sociétal
Cédric Messina appuie sur un volet plus social : l'emploi généré par ces grands événements. Un emploi qui est une porte d'entrée sur le marché du travail pour de nombreux jeunes, notamment ceux issus des quartiers prioritaires. « 80% des personnes employées pour ces événements sportifs ont moins de 30 ans », souligne Cédric Messina, « cela possède une valeur non négligeable pour les secteurs et les quartiers dits difficiles ».
Surtout, poursuit le membre du GIE France Sport Expertise, ces emplois sont très normés, encadrés. « On ne devient pas coach ou éducateur spécialisé sans diplôme correspondant ».
Faire émerger une filière c'est aussi aller, au sens propre du terme, sur le terrain. Cédric Messina a ainsi investi dans un club de football amateur, Villefranche Saint Jean Beaulieu Football Club (VSJB), en 2022, une façon de tester les outils développés par MyCoach mais aussi d'éduquer, une autre forme d'impact sociétal. Et de ne pas manquer d'appuyer sur une forme de souveraineté titillée par l'investissement d'acteurs d'origine anglo-saxone, notamment, dans certains grands clubs sportifs. Mais la filière du sport tricolore est mature, assure Cédric Messina. À elle de s'imposer sur un terrain de jeu international.