Législatives : sur les marchés financiers, « on n’a encore rien vu »

Les taux d’intérêt remontent et la Bourse chute. Les banquiers anticipent un clash avec l’UE et une crise de la dette.
La Bourse.
La Bourse. (Crédits : © LTD / Martin Noda/Hans Lucas via Reuters)

Le plongeon a démarré dès lundi, après l'annonce de la dissolution. Le CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris, a chuté de 6,48 % en cinq jours (-2,66 % pour la seule journée de vendredi). Près de 160 milliards d'euros de capitalisation se sont évaporés, dans la pire semaine boursière enregistrée depuis mars 2022, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Si toutes les entreprises du CAC 40 ont subi les dégâts de cette tempête, ce sont les banques (qui détiennent 7,7 % de la dette publique nationale), BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et BPCE, qui en ont été les premières victimes. La Société générale (-14,87 %), déjà fragilisée avant le scrutin européen, a été davantage sanctionnée que ses concurrentes. Les groupes spécialisés dans les infrastructures - plus exposés à leur marché domestique - ont également encaissé de fortes baisses, à l'image de Veolia (-9,89 %).

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La perspective d'une arrivée au pouvoir du Rassemblement national, en début de semaine, ou du Nouveau Front populaire, à la veille du week-end, fait vaciller le marché français vers un autre monde. « On n'a encore rien vu », prévient le directeur d'un grand établissement financier. « Compte tenu de l'incertitude, il est impossible d'investir dans des actions françaises jusqu'au 7 juillet, on n'y touche plus. Mais dès le 8, ça risque de dégringoler. » La dirigeante d'une banque spécialisée dans la gestion patrimoniale confie : « On oriente nos clients vers les actions américaines. »

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Sur les marchés où s'échangent les titres des États, les emprunts du Trésor français s'éloignent déjà de la référence allemande. L'écart (le « spread ») entre les taux d'intérêt tricolores et germaniques s'est spectaculairement creusé en quelques jours, passant de 0,49 % avant les élections européennes à 0,7 % cinq jours plus tard. Du jamais vu en un laps de temps aussi court, sauf au paroxysme de la crise des dettes souveraines, en décembre 2011.

De nouvelles dégradations de la note tricolore

La dette publique de la France, l'une des plus élevées d'Europe en pourcentage du PIB, fait figure de baril de poudre. Jusqu'ici, Bercy empruntait sans tracasser ses créanciers. Mais l'inquiétude née de la dissolution menace de faire grimper les taux d'intérêt, pour couvrir un risque de non-remboursement, donc de rendre les emprunts beaucoup plus chers. « Les programmes du RN comme du Nouveau Front populaire font redouter une explosion de la dette publique, déjà très élevée en France », souligne Éric Dor, directeur des études économiques à l'IÉSEG School of Management.

Les obligations françaises sont ainsi, depuis cette semaine, moins bien cotées que celles du Portugal, un pays pourtant noté trois crans au-dessous de la France par les agences financières. Les obligations à cinq ans de Lisbonne sont moins chères que celles de Paris. Et de nouvelles dégradations de la note tricolore, aujourd'hui AA-, ne sont pas exclues. Une perspective clairement énoncée par l'agence Moody's dès le 11 juin.

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Les économistes échafaudent tous les scénarios

« Quelques expériences récentes ont montré que la sanction des marchés pouvait tomber sans délai », écrit Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo BHF, dans une note aux traders. Et de rappeler la mésaventure de l'ancienne Première ministre britannique Liz Truss, emportée en 2022 par la tornade financière après l'annonce de baisses d'impôts non financées, qui lui a aussi valu la marque infamante d'un avertissement du FMI.

En attendant de connaître un chiffrage précis des programmes et les intentions réelles des partis, les économistes échafaudent tous les scénarios. Aucun n'est rassurant. En cas de catastrophe, Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management, prévient : « Le FMI n'interviendra pas avant plusieurs mois, même si la situation budgétaire de la France inquiète depuis longtemps. En revanche, des sanctions de l'Union européenne pourraient se décider rapidement à Bruxelles, avec un gel des subventions. » Et de redouter par ailleurs l'abandon de projets industriels : « Une grande partie des investissements annoncés lors de la dernière édition du sommet Choose France pourraient être reportés, voire ne jamais voir le jour. »

Un analyste britannique s'alarme davantage encore : « La France est la deuxième économie de la zone euro. L'éventualité d'un dérapage économique majeur du pays effraie bien plus les investisseurs, qui détiennent 53 % de la dette française, que la défaillance de la Grèce en 2011. Ce serait une crise d'une telle ampleur qu'elle pourrait détruire l'euro. » La monnaie européenne a vécu sa pire semaine (-1,2 %) depuis deux mois, enregistrant sa plus forte baisse face au dollar le 14 juin.

Commentaires 50
à écrit le 17/06/2024 à 12:38
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Finalement on agite deux menaces : la finance et la rue. Quand on vous dit qu’on a perdu notre souveraineté…

à écrit le 17/06/2024 à 8:55
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Ce n'est ni le RN ni LFI qui ont provoqué les gilets jaunes, les grèves anti réforme des retraites, la crise boursière et le surendettement actuel : c'est l'irresponsabilité de Macron et de sa clique. Après il faut reconnaître que suppression de la f...

à écrit le 17/06/2024 à 8:04
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"Les banquiers anticipent un clash avec l’UE et une crise de la dette.". Il ne s'agit pas d'une anticipation. Les banquiers (et les boursiers en général) parient sur un clash et une crise. C'est parce qu'ils connaissent parfaitement le comportement m...

à écrit le 16/06/2024 à 22:19
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Cette dissolution a pour vertu de mettre en évidence le hold-up générationnel que lequel certains partis politiques s'étaient construits et c'est maintenant la panique, surtout que les dernières réformes de l'assurance-chômage s'appliquent aux député...

à écrit le 16/06/2024 à 20:17
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Qui panique? Le retraité de base ? Le privilégié ? ;-)

le 16/06/2024 à 22:18
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Quand les taux vont monter, cela affectera toute l'économie, et pas seulement les épargnants. il y aura une baisse dans le secteur de l'immobilier comme une baisse dans l'investissement industriel. Peut être même une hausse des prix que l'état ou l'i...

le 16/06/2024 à 22:21
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ben non, tout le monde sauf les fonctionnaires qui sont au chaud devant leur écrans, et qui ne s’inquiètent pas pour leur job

le 17/06/2024 à 9:27
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Avant, nous avions l'habitude d'entendre : "les actifs paient pour les retraites". Maintenant ce sont les retraités qui paieront pour les actifs. Bref ! La face cachée de la "tune".

le 17/06/2024 à 11:07
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@Tototiti. Vous qui faites à vos lecteurs à chaque occasion qui se présente de "beaux" laïus sur le bien-fondé des "rachats d'actions propres" des entités côtées; que cette "bienveillante" volatilité de la bourse (dont les cours sont artificiellement...

à écrit le 16/06/2024 à 20:15
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Qui panique? Le retraité de base ? Le privilégié ? ;-)

le 19/06/2024 à 10:51
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Le retraité de base a placé ses économies à la bourse de New York. Tout va bien.

à écrit le 16/06/2024 à 19:12
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Pourquoi donc les marchés chutent ils avant même que le RN ait pu gouverner ça c'est assez étrange ! J'ai bien en mémoire l'épisode du Brexit, avec un Royaume Uni qui devait faire faillite vous vous souvenez ? Et qu'y a t il eu de grave la bas ? Rien...

le 17/06/2024 à 11:19
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Demandez aux anglais ce qu'ils pensent de brexit.

à écrit le 16/06/2024 à 18:13
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et bien dans les cas de fortes turbulences une seule solution acheter de l'or on pourra toujours le revendre plus tard quand sa ira mieux ce n'est pas un placement c'es une securite !!

le 16/06/2024 à 18:19
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Je parie que le bitcoin vaudra bcp plus en euros dans 6 mois et dans un an

le 16/06/2024 à 19:33
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Même ses hausses et ses baisses deviennent incroyablement stables, en effet le bitcoin a détrôné l'or et c'est un investissement pour tous. Une révolution financière.

le 16/06/2024 à 20:34
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"bien dans les cas de fortes turbulences une seule solution acheter de l'or on pourra toujours le revendre plus tard" Métal futile (cf. inox plaqué zinc, chrome, etc) dont le trafic est souvent frauduleux (cf. contrefaçons de lingots au tungstèn...

à écrit le 16/06/2024 à 15:20
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Difficile de dire ce que sera l'avenir sur la dette française. Meloni a bien été élue et il n'y a pas eu le fin du monde, idem pour le Brexit. Dans tous les cas notre pays déjà fragile risque de ne pas s'en sortir bien avec l'ext droite ou gauche. L...

le 16/06/2024 à 18:04
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Et l'équipe en place n'est pas meilleure. Au lieu de racler les fonds de tiroir en spoliant l'Unedic et l'Agirc-Arrco, Macron et ses sbires auraient été mieux inspirés de lancer des réformes fortes et courageuses (fin des 35h dans la fonction publiq...

à écrit le 16/06/2024 à 14:58
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Tout va mal !

le 16/06/2024 à 18:19
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Trop facile, les anglais sont au bord du désastre et mme Mélanie rend grâce à l Europe tout les jours , l agirc arrco proposait une retraite à taux plein à 64 ans quant à l unedic, le déficit actuel est de 54 milliards. alors toujours en avant vers...

à écrit le 16/06/2024 à 13:25
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Les marchés financiers donnent un coup de main à Macron ! La dette monstrueuse de la France était déjà bien là avant même cette dissolution mais la complaisance de la finance en vers Macron qui l'a mise au pouvoir l'a préservé jusqu'à présent. Il...

le 16/06/2024 à 14:34
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Oui, dans un pays d'enfants gâtés gouvernés par des assistés, seuls les marchés peuvent ramener tout le monde à la résponsabilité sans la quelle seul l'esclavage est possible.

le 18/06/2024 à 11:33
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Les marchés n'ont pas su nous protéger de la dégradation climatique. Au contraire, ils nous ont menti depuis un siècle quant aux conséquences des externalités négatives de la croissance fossile qu'ils ont refusé de prendre en compte, pour faire fortu...

à écrit le 16/06/2024 à 13:24
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Il y a deux aspects importants à considerer: la position éxterieure nette de la France et les instruments actuellement à disposition de la BCE. La position extérieure nette de la France s s’établit à – 629,3 milliards, soit – 23,8 % du PIB. La pos...

à écrit le 16/06/2024 à 13:21
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Dès qu' il est question de " gros sous " la participation épistolaire est déferlante !

à écrit le 16/06/2024 à 12:42
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la politique de la terre brûlée n'est pas digne d'un homme d'état , ce que l'on veut c'est une alternative constructive et pas une menace de fin d'une monde si je ne ne suis pas réélu Concernant le CAC40 , la majorité des poids lourds font leur chi...

à écrit le 16/06/2024 à 12:14
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@La Tribune. Encore un de mes posts qui ne passe pas la modération. Que voulez-vous cacher aux Français? => [Un marché français encore largement surévalué!!! "Vous" (les travailleurs et non pas "les spéculateurs") n'allez tout de même pas pleurnicher...

le 16/06/2024 à 15:57
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@Raymond: Jamais drôle d'être vu comme Cassandre. déjà, en 1914, un certain Lanrezac... Toujours avide de vos avis.

le 17/06/2024 à 9:24
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@henry. [Jamais drôle d'être ...] Je ne vous le fais pas dire, cinq années passées comme justiciable au titre de whistleblower de la crise financière mondiale de 2008.

à écrit le 16/06/2024 à 11:54
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Bonjour. Personnellement je crois que les marchés internationaux souhaitent que nous remborsons notre dettes. . Donc deja reduire les dépenses me semble un bon debut...

le 16/06/2024 à 13:06
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Non, les fonds alternatifs vont saisir les opportunités pour spéculer contre la dette souveraine sur le marché OTC. Tout bénéfice pour eux en perspective et un accroissement de la charge d'intérêts pour l'État. La France s'enfonce depuis trop longtem...

le 16/06/2024 à 13:48
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@Raymond Il n'y a aucun besoin des fonds alternatif pour faire grimper les taux de la dette française. Tout simplement elle devient trop risquée et elle ne trouvera plus acheteur. Le fonds spéculatifs ne feront que surfer sur cette évidence mais il...

le 17/06/2024 à 10:01
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@Adieu BCE. Oui, j'ai déjà souligné à de nombreuses reprises qu'une des racines du mal se trouve dans l'ADN (problème culturel). Mais lorsque vous précisez ceci [...la mentalité socialisante et d'assistés des français qui n'ont pas encore compris com...

à écrit le 16/06/2024 à 11:33
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La "Dette" est un problème, mais sans la "Dette"...ce serait pire pour beaucoup de citoyens dont au premier chef les moins lotis.

le 16/06/2024 à 11:51
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Ben non puisque les moins lotis sont aussi ceux qui pâtissent le plus de la dette: Éradications des services publics, privatisations à outrances pour payer toujours plus cher toujours moins de services, saignée des caisses publiques...

à écrit le 16/06/2024 à 11:18
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Il y a deux aspects importants à considerer: la position éxterieure nette de la France et les instruments actuellement à disposition de la BCE. La position extérieure nette de la France s s’établit à – 629,3 milliards, soit – 23,8 % du PIB. La pos...

à écrit le 16/06/2024 à 11:04
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Les analystes ont joué le même psychodrame avec l'Italie lorsque Giorgia Meloni est arrivée au pouvoir. Au final, ils ont vite vu que le pays était bien géré financièrement et la stabilité politique retrouvée grâce à une politique régalienne sérieuse...

à écrit le 16/06/2024 à 10:54
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On n'a pas fini de rigoler !

à écrit le 16/06/2024 à 9:28
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Pire que le Brexit. On voit bien après tous les descriptions que l'on nous avait fait par les médias spécialisés et autorisés de la chute et la ruine de la grande bretagne ce qui nous attend !

le 16/06/2024 à 9:33
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L'IA c'est pas encore ça hein !? ^^

à écrit le 16/06/2024 à 9:27
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Pire que le Brexit. On voit bien après tous les descriptions que l'on nous avait fait par les médias spécialisés et autorisés de la chute et la ruine de la grande bretagne ce qui nous attend !

à écrit le 16/06/2024 à 9:18
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La résultante d'un être gâté<Président de la République> qui depuis une décennie a installé au sein de notre société le concours Lépine à qui ment le plus. Oui !!!!!nous avons encore rien vus......

à écrit le 16/06/2024 à 8:49
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La politique de la France ne se fait pas à la corbeille.

le 16/06/2024 à 9:13
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Ça c'était avant . Du temps du général la corbeille était petite l'économie n'était pas mondialisée la Chine était endormie etc Ouii oui aujourd'hui la corbeille fait l'économie tout comme les banques sont les collecteurs de la dette française. Le po...

le 16/06/2024 à 9:30
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Elle ne devrait pas non plus se faire à Moscou.

le 16/06/2024 à 14:36
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Il y a plus de sagesse à la corbeille que à l''Elysée ou chez les élécteurs

à écrit le 16/06/2024 à 8:28
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Le CAC a perdu plus de 6% en une semaine. Il est revenu au niveau de janvier 2024 et ce n'est pas fini.

le 16/06/2024 à 8:43
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une phrase de m macron les francais ne souhaite pas etre gouverner par des personnes qui ne sont pas prête , dont il fait partie il suffit de voir les degats cause par son en meme temps c'est bien le probleme majeur de la france ceux qui sont au p...

à écrit le 16/06/2024 à 8:16
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Il était temps de la prendre face à face cette si illégitime dette. Peut-être allons nous enfin la décortiquer et se poser les bonnes questions dessus. Leur dette notre crise.

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