La menace d’une privatisation de l’audiovisuel public plombe TF1 et M6 en Bourse

Alors que le Rassemblement national a de nouveau indiqué, ce lundi, vouloir privatiser l’audiovisuel public s’il arrivait au pouvoir, les deux géants de la télévision ont souffert en Bourse. TF1 perdait plus de 8% en milieu d’après-midi, contre 3,7% pour M6.
Pierre Manière
Le siège de France Télévisions, dans le 15ème arrondissement de Paris.
Le siège de France Télévisions, dans le 15ème arrondissement de Paris. (Crédits : © Gonzalo Fuentes / Reuters)

Le sujet était évoqué en une petite ligne dans le programme de Marine Le Pen pour les élections présidentielles de 2022. La « privatisation de l'audiovisuel public » doit permettre, écrivait la cheffe de file du Rassemblement national (RN), de « supprimer la redevance », et donc de « rendre immédiatement du pouvoir d'achat aux ménages, des plus modestes aux classes moyennes ». Cette petite musique a de nouveau été jouée par Sébastien Chenu, le vice-président du parti d'extrême droite et député du Nord. Il a affirmé, ce lundi sur BFMTV, que cette privatisation pourra « être mise en place rapidement » en cas de victoire aux législatives.

Cette perspective constituerait un séisme pour France Télévisions, Radio France et France Médias Monde (RFI et France 24). Mais pas seulement. TF1 et M6, les deux géants du paysage de la télévision privée en feraient aussi les frais. C'est d'ailleurs ce qui explique leur chute en Bourse. Ce mardi, en milieu d'après-midi, le titre TF1 perdait plus de 8%, à 8 euros, quand celui de son grand rival M6 reculait de 3,7%, à près de 13 euros.

Un impact « très négatif » pour TF1 et M6

A l'AFP, les analystes d'Oddo BHF rappellent qu'une privatisation de l'audiovisuel public « serait naturellement très négatif pour les acteurs privés ». Ceux-ci pourraient alors voir leurs revenus et leurs marges fondre. Pourquoi ? Parce que l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché renforcerait fortement la compétition. Trop même, estiment les analystes d'Oddo BHF. Ces derniers affirment même que « la situation de marché pourrait rendre impossible une privatisation totale ».

Les revenus de TF1 et M6 proviennent de la publicité. Une privatisation les obligerait, primo, à partager ce gâteau avec des concurrents. Secundo, l'arrivée de nouveaux rivaux engendrerait sans doute une guerre des prix, avec d'évidentes conséquences sur les revenus des acteurs historiques. Enfin tertio, ce projet de privatisation interviendrait alors que l'avenir s'annonce déjà difficile pour les chaînes privées.

Baisse des recettes publicitaires

En janvier dernier, une étude prospective commandée par l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, soulignait que les recettes publicitaires nettes de la télévision (en incluant la publicité sur la télévision linéaire, celle sur les espaces numériques des chaînes, et la publicité ciblée), qui étaient de 3,5 milliards d'euros en 2022, allaient progressivement baisser de 1,4% par an jusqu'en 2030. A cette date, ce gâteau ne devrait plus peser que 3,1 milliards d'euros. Pourquoi ? Parce que l'audience de la télévision vieillit, avec des jeunes qui privilégient chaque jour davantage les plateformes numériques pour s'informer ou se divertir. L'étude de l'Arcom précise, d'ailleurs, que la durée d'écoute de la télévision (DEI) devrait passer de 206 minutes par jour en 2022, à 182 minutes en 2030. Ce qui a des conséquences sur le marché de la publicité.

La possibilité d'une privatisation constitue, dans tous les cas, un nouveau sujet d'inquiétude pour l'audiovisuel public. Ces dernières semaines, les syndicats de France Télévisions et de Radio France étaient montés au créneau contre le projet de fusion du gouvernement. Celui-ci est désormais gelé par la convocation des élections législatives anticipées. Cela fait des années que le RN critique France Télévisions comme Radio France, accusés, entre autres, de manquer d'impartialité.

Pierre Manière

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Commentaires 8
à écrit le 13/06/2024 à 8:11
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Déjà que ces chaines ne gagnaient pas d'argent, il est évident que de voir de nouveaux concurrents débouler va faire encore plus baisser les rentrées publicitaires. Trop de chaines pour pas assez téléspectateurs répliquants, Investir sur ce modèle à ...

le 13/06/2024 à 20:57
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"Trop de chaines pour pas assez téléspectateurs répliquants" Il suffit de faire comme les réseaux sociaux: multiplier les bots pour tromper les annonceurs.

à écrit le 12/06/2024 à 5:41
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France inter privatisee, radio france itou ! Il y a de bonnes perspectives avec le RN. Ceci, pose, je m'en tamponne le cocquillard.

à écrit le 11/06/2024 à 21:15
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Des économies réalisées sur les médias publics au détriment de la démocratie? Car c'est bien là, la question existentielle de nos sociétés dites "modernes"! Déjà, lorsque les médias de masse n'en sont qu'à leurs débuts, Gabriel Tarde (1843-1904) rend...

à écrit le 11/06/2024 à 20:11
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"La menace d'une privatisation de l'audiovisuel public plombe TF1 et M6 en Bourse" Manifestement la compétition n'est pas dans l'ADN des médias français au regard des privilèges d'état accordés aux permanents du chômage...

à écrit le 11/06/2024 à 18:48
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Cette privatisation va générer des milliards d'économie pour l'état, donc pour la France, si il n'y avait qu'une raison du vote RN ,ce serai la principale car pour le reste , il sera impossible de faire des referendums sur l'immigration et la sécurit...

à écrit le 11/06/2024 à 18:40
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La privatisation de l'audio visuel public sera une excellente chose et une source d'économies pour les finances publics .

le 11/06/2024 à 21:26
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Oui, une très bonne chose pour le débat démocratique. il faut que la pluralité des voix des milliardaires puissent s'exprimer...

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