![Volodymyr Zelensky a remercié ses alliés pour ces aides tout en les appelant à « accélérer » leurs livraisons d'armes et de munitions.](https://static.latribune.fr/full_width/2387349/volodymyr-zelensky-et-le-president-americain-jeudi-en-normandie.jpg)
[Article publié le vendredi 14 juin 2024 à 07H06 et mis à jour à 16H51] Réunis en Italie, à Bari, les membres du G7 (Etats-Unis, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada, Japon) font front pour aider Kiev à se défendre contre la Russie. Dans ce but, ils ont « conclu un accord politique pour apporter un soutien financier supplémentaire à l'Ukraine d'environ 50 milliards de dollars d'ici la fin de l'année », a déclaré jeudi soir la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, dont le pays assure cette année la présidence tournante du G7.
Cette percée au G7 et l'accord bilatéral de sécurité entre Kiev et Washington le jour même en marge de ce sommet « démontrent à Poutine qu'il ne nous aura pas à l'usure, qu'il ne peut pas nous diviser », a souligné le président américain Joe Biden lors d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien. « L'Occident ne recule pas ».
L'accord annoncé dès mercredi soir par Paris semblait déjà scellé, le ministre des Finances allemand Christian Lindner ayant annoncé « 50 milliards de dollars en plus pour l'Ukraine » sur X dans la matinée.
Cette somme sera financée grâce aux intérêts générés par les avoirs russes gelés sur lesquels le G7 est également parvenu à « accord politique ». Au total, ces actifs immobilisés se chiffrent à 300 milliards d'euros générant jusqu'à trois milliards d'euros de revenus par an.
« Le vol ça reste du vol »
Mais Moscou ne voit pas cet accord politique d'un bon œil. Le président russe Vladimir Poutine a qualifié vendredi de « vol » le gel des actifs russes, et a promis d'y répliquer.
« Les pays occidentaux ont gelé une partie des actifs russes et des réserves en devises. Et désormais ils réfléchissent à une base juridique pour se les approprier définitivement », a-t-il déclaré devant les cadres du ministère russe des Affaires étrangères. « Même si on enjolive les choses, le vol ça reste du vol et ça ne restera pas impuni », a-t-il ajouté.
Sécuriser le financement de l'aide face la perspective d'un retour de Donald Trump
« Il est juste que ce soit la Russie qui paye », a réagi Volodymyr Zelensky à la table du « Groupe des 7 », en réclamant, lui, la confiscation pure et simple des 300 milliards d'euros d'actifs de la banque centrale de Russie. Néanmoins, l'UE et le G7 s'y refusent pour des questions juridiques. C'est d'ailleurs surtout au sein de l'UE que se trouvent ces actifs : environ 185 milliards d'euros ont été gelés par Euroclear, un organisme international de dépôts de fonds établi en Belgique. Le reste se partage surtout entre les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et la Suisse.
Le chef de l'Etat ukrainien a également remercié ses alliés pour ces aides tout en les appelant à « accélérer » leurs livraisons d'armes et de munitions. « Nous recherchons toujours des (systèmes de défense anti-aérienne) Patriot supplémentaires », a-t-il rappelé. « Je vous demande aussi de tout faire pour accélérer notre transition au (chasseur américain) F-16, ce qui signifie d'accélérer l'entraînement des pilotes », a-t-il dit.
Face à la perspective d'un retour à la Maison Blanche de Donald Trump et l'incertitude autour des conséquences de son élection pour l'Ukraine, les pays du G7, dont font partie les principaux soutiens militaires et financiers de l'Ukraine depuis l'invasion russe de février 2022, veulent sécuriser le financement de cette aide.
À l'initiative des Etats-Unis, ils ont donc acté le principe d'un prêt de 50 milliards de dollars pour Kiev, garanti par les futurs intérêts générés par les actifs russes immobilisés. « Il s'agit d'un prêt solidaire » dont la part assumée par chaque pays n'est pas encore connue, a expliqué jeudi un haut responsable de la Maison Blanche.
Pékin assure ne pas avoir l'intention de vendre des armes à la Russie
Volodymyr Zelensky a également signé jeudi deux accords bilatéraux de sécurité sur dix ans, l'un avec Washington, l'autre avec Tokyo. L'accord « stipule que les Etats-Unis soutiennent la future intégration de l'Ukraine dans l'Otan et reconnaissent que notre accord de sécurité ouvre la voie à l'intégration de l'Ukraine dans l'Otan », a déclaré le chef de l'Etat. Les Etats-Unis ont en outre annoncé mercredi une nouvelle salve de sanctions visant à freiner l'effort de guerre russe, en ciblant des entités situées en Russie et dans des pays comme la Chine, la Turquie et les Emirats arabes unis.
Le président ukrainien a toutefois affirmé avoir reçu des assurances de son homologue chinois Xi Jinping que Pékin ne vendrait pas d'armes à la Russie. « J'ai eu un entretien téléphonique avec le dirigeant de la Chine. Il a dit qu'il ne vendrait pas d'armes à la Russie. Nous verrons. », a-t-il affirmé. « Il m'a donné sa parole. » Volodymyr Zelensky se rendra ensuite en Suisse pour une « Conférence sur la paix en Ukraine » qui rassemblera samedi et dimanche plus de 90 pays et organisations, mais ni la Russie ni la Chine.
(Avec AFP)