Royaume-Uni : la croissance redémarre et fait même mieux que prévu au premier trimestre

L'Office national des statistiques (ONS) a annoncé, ce vendredi, que la croissance britannique du premier trimestre a atteint 0,7%. Il s'agit d'une révision à la hausse par rapport à sa première estimation. L'économie du pays semble donc repartir plus vite que prévu.
La révision de la croissance pèsera peut-être sur l'élection britannique pour laquelle l'actuel Premier ministre, Rishi Sunak, est candidat à sa réélection.
La révision de la croissance pèsera peut-être sur l'élection britannique pour laquelle l'actuel Premier ministre, Rishi Sunak, est candidat à sa réélection. (Crédits : PETER NICHOLLS)

Voilà un chiffre qui pèsera peut-être sur l'élection britannique. La croissance du pays au premier trimestre s'est établie à 0,7%, a annoncé l'Office national des statistiques (ONS), ce vendredi. Il s'agit d'une révision légèrement à la « hausse par rapport à une première estimation de 0,6% », a commenté l'ONS. La révision à la hausse de la croissance du premier trimestre est une surprise, alors que les économistes s'attendaient dans l'ensemble à ce que la première estimation soit maintenue.

Ces données confirment que le pays est sorti au premier trimestre de la récession dans laquelle il était tombé fin 2023 et voit son économie repartir plus vite que prévu, une bonne nouvelle pour le Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, à quelques jours d'élections qui s'annoncent mal pour son parti.

Pour rappel, le PIB britannique avait reculé de 0,3% au quatrième trimestre 2023, après avoir baissé de 0,1% au trimestre précédent. Or deux trimestres de contraction économique d'affilée sont généralement considérés par les économistes comme la définition d'une récession dite « technique ».

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Fort enjeu électoral

Voilà une nouvelle qui doit, en tout cas, être bien reçue par le gouvernement britannique. Et pour cause, elle arrive juste avant les législatives. Le 4 juillet, les électeurs britanniques doivent se rendre aux urnes pour renouveler les membres de la Chambre des communes, la Chambre basse du Parlement.

« Quel que soit le Premier ministre (qui sera élu) la semaine prochaine, il pourrait bénéficier d'une reprise économique un peu plus forte que notre prévision », a commenté Paul Dales, analyste chez Capital Economics.

En plus de cette reprise, l'île a aussi vu son inflation ralentir fortement pour revenir à son objectif de 2% en mai après 2,3% en avril. Après avoir été longtemps une épine dans le pied du gouvernement conservateur de Rishi Sunak, l'inflation est d'ailleurs désormais l'un de ses arguments de campagne, Downing Street s'attribuant largement le reflux des prix.

La zone euro renoue aussi avec la croissance

Mais cette reprise de l'activité n'est pas seulement l'apanage du Royaume-Uni. Après un repli de 0,1% au quatrième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) des 20 pays partageant l'euro a crû de 0,3% sur la période janvier-mars, par rapport aux trois mois précédents, selon l'estimation publiée début juin par Eurostat. En rythme annuel, la croissance s'est même établie à 0,4%.

Ces données sont conformes aux prévisions des économistes interrogés par Reuters et aux estimations précédentes. Il corrobore donc les prévisions de la Banque centrale européenne (BCE) qui anticipe une croissance de 0,6% en 2024, contre 0,8% prévu en décembre, dans la zone euro. A titre de comparaison, la croissance américaine devrait se maintenir à 2,1% en 2024, selon la Réserve fédérale américaine. « L'économie demeure fragile » en Europe, avait ainsi noté Christine Lagarde lors de la réunion d'avril.

Craintes sur la deuxième partie de l'année

Tout n'est pas gagné cependant en Europe comme au Royaume-Uni. Sur l'île, le PIB a  stagné au mois d'avril - en conformité avec les prévisions -, en raison d'une météo inhabituellement humide qui a pénalisé les secteurs de la construction et ventes de détail, avait annoncé, début juin, l'ONS.

L'indice PMI Flash publié la semaine dernière par S&P Global, indicateur avancé de croissance, a quant à lui montré que l'activité du secteur privé avait ralenti en juin au Royaume-Uni, reflétant notamment les incertitudes du monde des affaires à l'approche des élections législatives du 4 juillet.

« Jusqu'à ce que le budget (du prochain gouvernement) précise clairement ses projets en matière de fiscalité et de dépenses, il est peu probable que les entreprises investissent à grande échelle, ce qui retardera encore davantage toute accélération significative de la croissance du PIB », estime Lindsay James, chez Quilter Investors.

De plus, la Banque d'Angleterre a tiré la sonnette d'alarme jeudi. « Les incertitudes politiques associées aux élections à venir dans le monde ont augmenté », s'inquiète le Comité de politique financière (FPC) de la BoE dans un rapport. Une référence directe aux législatives anticipées en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis en fin d'année. Ces rendez-vous politiques ont de quoi « rendre les perspectives économiques mondiales plus incertaines (...) accroître les pressions sur la dette souveraine (ou encore accentuer) les risques géopolitiques », autant de paramètres qui influencent en retour la stabilité financière du Royaume-Uni, a détaillé le Comité de politique financière de la BoE.

Une mise en garde qui rappelle celle de la Banque centrale européenne. En mai, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, avait affirmé que « les tensions géopolitiques constituent une source de risque importante » pour la stabilité financière, et ce, « au plan mondial ». Ce contexte renforce les risques de mauvaises surprises économiques et financières et les perspectives restent donc « fragiles » pour la stabilité financière avait ajouté le vice-président de l'institution.

La BoE hésite à baisser ses taux directeurs

Lors de sa réunion de juin, la Banque d'Angleterre (BoE) a décidé de maintenir son taux directeur inchangé, malgré une inflation britannique revenue à l'objectif de 2%. L'institution monétaire veut en effet s'assurer que la croissance des prix resterait durablement modérée. « L'ajustement à un environnement de taux élevés » dans le monde n'est pas non plus achevé, a notamment confié le FPC ce jeudi.

La BoE a cependant régulièrement laissé entendre qu'elle pourrait baisser ses taux dans les prochains mois, et ainsi alléger une mesure qui pèse sur les finances des ménages et des entreprises, et donc sur l'économie. Mais, pour ce faire, elle veut attendre d'avoir « davantage de preuves » que l'inflation est de retour, autour de son objectif, de façon durable. Ce n'est d'ailleurs peut-être pas pour tout de suite. « L'inflation des services ne ralentit que modestement ce qui rend notre prévision, que la Banque baissera ses taux pour la première fois en août, un peu plus fragile », remarque ainsi la maison de recherche Capital Economics.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 28/06/2024 à 15:39
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Ils ne veulent toujours pas reconnaître s'être trompés en sortant de l'Union Européenne ? Ce sont vraiment des gueux provocateurs...

à écrit le 28/06/2024 à 14:51
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Jour après jour, la GB prouve à l'EU qu'il y a une vie en dehors de l'UE....mais nous les savions déjà Par contre la GB qui était vouée aux pires souffrances repart de plus belle alors que la France, donneuse de leçon reste engluée dans ses problèmes...

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