Projet StarWars : la Corée du Sud va utiliser des armes laser pour abattre les drones envoyés par Pyongyang

La Corée du Sud va commencer à déployer cette année des armes laser pour abattre les drones nord-coréens. Avec ce projet, surnommé « StarWars », Séoul espère renforcer ses capacités pour neutraliser les drones envoyés par Pyongyang. Des analystes estiment toutefois qu'il est trop tôt pour être sûr de l’efficacité de ces nouvelles armes.
En décembre 2022, la Corée du Sud avait signalé l'incursion de cinq drones nord-coréens dans son ciel, le premier incident de ce type en cinq ans, d'où sa volonté de renforcer son système anti-drone (photo d'illustration).
En décembre 2022, la Corée du Sud avait signalé l'incursion de cinq drones nord-coréens dans son ciel, le premier incident de ce type en cinq ans, d'où sa volonté de renforcer son système anti-drone (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

« Projet StarWars » : tel est le nom donné au nouveau système d'armes que l'armée sud-coréenne va commencer à utiliser dès cette année. Leur but : abattre les drones lancés par la Corée du Nord voisine. Ces nouvelles armes laser sont invisibles et sans bruit, d'après l'Administration du programme d'acquisition de la défense (DAPA), l'agence chargée de l'armement du pays. Elles neutralisent les cibles en les frappant directement avec un rayon laser généré par fibre optique, alimenté par électricité.

« Lorsqu'une arme laser transmet de la chaleur à un drone, sa surface fond » et « les composants internes prennent feu, ce qui entraîne la chute du drone », a expliqué à l'AFP ce vendredi Lee Sang-yoon, un responsable de la DAPA.

Ce déploiement est en quelque sorte une réponse à un incident survenu en décembre 2022. La Corée du Sud avait alors signalé l'incursion de cinq drones nord-coréens dans son ciel, le premier incident de ce type en cinq ans. L'armée sud-coréenne avait répondu par des coups de semonce et déployé des avions de chasse, sans toutefois réussir à abattre aucun des drones. « La capacité du Sud à répondre aux provocations des drones nord-coréens sera considérablement renforcée » par ce système d'armes laser, a ainsi déclaré la DAPA ce jeudi.

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Capacités encore à prouver

Autre avantage de ces armes : leur prix. Elles ne coûtent qu'environ 2.000 wons (1,3 euro) par tir, selon la DAPA. Ce système, développé par la société Hanwha Aerospace, sera « déployé de manière opérationnelle dans l'armée cette année », a précisé Lee Sang-yoon.

Reste que des analystes ont estimé qu'il était trop tôt pour être sûr des capacités de ces armes laser. « Les armes laser n'ont nulle part dans le monde fait l'objet d'une mise en pratique » a indiqué à l'AFP Hong Sung-pyo, chercheur à l'Institut coréen pour les affaires militaires, estimant qu'il faudra encore du temps pour les tester dans les conditions réelles. Il a également pointé la portée opérationnelle limitée de ces armes.

Cette annonce s'inscrit en tout cas dans un climat tendu entre les deux Corées. Leurs relations sont au plus bas depuis des années et encore plus ces derniers mois... alimentées par une « bataille de ballons » notamment. Le Sud en envoie chargés de propagande anti-nord-coréenne et le Nord réplique avec d'autres remplis d'ordures et d'excréments d'animaux. Techniquement, les deux pays voisins sont toujours en guerre depuis la fin de leur conflit en 1953, qui s'est conclu sur un armistice et non un traité de paix. Dans leur Constitution respective, chacune revendique la souveraineté sur l'intégralité de la péninsule coréenne et considère l'autre comme une entité illégale. Si bien que, depuis plus de 70 ans, les deux territoires connaissent une alternance de relative détente et de périodes d'aggravation des tensions. Comme actuellement.

Une région particulièrement tendue

De façon générale, c'est avec le reste du monde que la Corée du Nord est en tension. Le pays est isolé sur la scène internationale et n'est proche que de la Russie, avec qui il a récemment signé un accord de défense mutuelle.

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Doté de l'arme nucléaire, Pyongyang multiplie les essais de missiles ces derniers mois, vers sa voisine mais aussi vers le Japon. Ce qui représente « une menace encore plus grave et plus imminente que jamais pour la sécurité nationale » de la péninsule nippone, a souligné le ministre de la Défense nippon dans son « livre blanc » annuel publié ce vendredi.

Plus globalement, l'ensemble des pays de la région Asie-Pacifique sont sur le qui-vive. Car la Chine envoie régulièrement des navires dans des zones proches d'îles contestées en mer de Chine méridionale, particulièrement autour de Taïwan. Ces ambitions militaires constituent « le plus grand défi stratégique » pour le Japon et le monde, estime le ministère nippon pour qui Pékin cherche à faire de l'intensification des activités militaires autour de Taïwan une nouvelle normalité pour la région.

« La communauté internationale est confrontée à sa plus grande épreuve depuis la Seconde Guerre mondiale et la concurrence entre les États, en particulier entre les États-Unis et la Chine, est appelée à s'intensifier », peut-on ainsi lire dans le livre blanc japonais.

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Le Japon voit aussi dans les activités militaires menées conjointement par la Chine et la Russie autour de son territoire « une démonstration de force » contre son pays. C'est « une grave préoccupation du point de vue de la sécurité nationale », selon le ministère. Le livre blanc a régulièrement souligné ces risques ces dernières années si bien que le Japon prévoit de doubler quasiment son budget de la défense pour le porter à 2% du PIB d'ici à 2027, bien que la chute du yen risque d'alourdir la facture.

Les pays de cette région du globe s'organisent compte tenu de ce contexte. Le Japon resserre ainsi ses liens en matière de défense avec d'autres pays de la région Asie-Pacifique, comme l'Australie et la Corée du Sud. Il a signé en outre ce lundi un pacte de défense important avec les Philippines, autorisant le déploiement mutuel de troupes sur le territoire de l'autre pays. Tout cela sous l'œil des États-Unis, qui mène d'ailleurs des exercices militaires conjointement avec certains pays dans ces eaux, ce qui alimente encore un peu plus les tensions.

(Avec AFP)

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