Tensions entre les deux Corées : nouveaux tirs de sommation de Séoul après une troisième incursion de soldats nord-coréens

L'armée sud-coréenne a annoncé vendredi avoir procédé à des tirs de sommation la veille après un bref passage de la frontière par des soldats nord-coréens. Cet incident marque la troisième incursion de ce type en juin.
Séoul a procédé à des tirs de sommation jeudi après un bref passage de la frontière par des soldats nord-coréens. (photo d'illustration)
Séoul a procédé à des tirs de sommation jeudi après un bref passage de la frontière par des soldats nord-coréens. (photo d'illustration) (Crédits : DPA / Picture Alliance via Reuters Connect)

Nouvel avertissement de Séoul après la troisième incursion nord-coréenne en juin. Ce vendredi, l'armée sud-coréenne a annoncé avoir procédé à des tirs de sommation la veille après un bref passage de la frontière par des soldats nord-coréens.

« Plusieurs soldats nord-coréens qui travaillaient à l'intérieur de la zone démilitarisée sur la ligne de front centrale ont franchi la ligne de démarcation militaire. Après les avertissements et les tirs de sommation de notre armée, les soldats nord-coréens se sont repliés au Nord », a déclaré l'état-major sud-coréen (JCS), précisant que l'incident avait eu lieu jeudi vers 11 heures (02h00 GMT).

Mardi, plusieurs dizaines de soldats nord-coréens avaient déjà franchi la frontière avec le Sud, avant de battre en retraite sous les tirs de sommation de l'armée sud-coréenne, selon Séoul. Cette incursion était alors survenue vers 8h30 (23h30 GMT lundi) quelques heures avant la visite d'État en Corée du Nord du président russe Vladimir Poutine.

Une incursion accidentelle après une explosion de mines

Dans un autre incident, plusieurs soldats nord-coréens avaient été blessés mardi par l'explosion de mines alors qu'ils travaillaient près de la frontière, a annoncé l'état-major interarmées de Séoul. D'après la même source, l'incursion de soldats nord-coréens de mardi était accidentelle et liée à l'explosion de mines, car tous transportaient des outils.

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Selon un responsable de l'état-major, ces soldats effectuaient des travaux de déblayage et posaient des mines le long de la frontière, mais ont « subi de nombreuses pertes à la suite d'explosions répétées de mines terrestres au cours de leur travail ». Malgré cela, les militaires du Nord « semblent imprudemment poursuivre leurs opérations ». Le 9 juin, plusieurs militaires du Nord étaient déjà brièvement entrés en territoire sud-coréen, et s'étaient repliés après des avertissements sonores et des tirs de sommation des soldats du Sud.

Pour rappel, les deux Corées sont séparées par une zone démilitarisée (DMZ) de quatre kilomètres de large. La ligne de démarcation se trouve au milieu. Les côtés nord-coréen et sud-coréen de la DMZ sont lourdement fortifiés. En revanche, la ligne de démarcation elle-même, située au milieu de cette zone infestée de mines, n'est matérialisée que par de simples panneaux.

Vingt nouveaux ballons envoyés par un activiste sud-coréen

Dans ce contexte de recrudescence des tensions à la frontière Park Sang-hak, un transfuge nord-coréen devenu activiste sud-coréen, a par déclaré ce vendredi avoir envoyé la veille vingt nouveaux ballons vers le Nord. Le militant explique avoir eu « quelques frictions » avec les fonctionnaires de la ville de Paju (nord-ouest de Séoul), et jure de ne pas arrêter ces actions tant que Kim Jong Un ne « s'excuse » pas pour l'envoi des ballons d'immondices vers le Sud.

La puissante sœur du dirigeant nord-coréen et porte-parole du régime de Pyongyang, Kim Yo Jong, a déclaré vendredi que des « mouchoirs et objets sales » avaient été repérés près de la frontière et a averti que le Nord allait probablement réagir.

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« Il est évident que quelque chose va se passer maintenant qu'ils ont fait quelque chose que nous leur avions clairement dit de ne pas faire », a-t-elle affirmé dans un communiqué diffusé par l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Des ballons nord-coréens lestés d'immondices

Ces dernières semaines, Pyongyang a envoyé vers la Corée du Sud des centaines de ballons lestés d'immondices tels que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu'à des excréments d'animaux. Le régime de Kim Jong Un entendait ainsi riposter à l'envoi de ballons remplis de tracts de propagande, et de clés USB contenant de la K-pop et des séries sud-coréennes, par des activistes de l'autre côté de la frontière.

Séoul ne peut légalement empêcher ces envois. En 2020, le Parlement sud-coréen avait adopté une loi interdisant d'envoyer des tracts de propagande vers le Nord. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé le texte l'an dernier, en jugeant qu'il violait la liberté d'expression.

La Corée du Nord avait en 2020 coupé tous les liens officiels de communication militaire et politique avec son voisin, et démoli à l'explosif un bureau de liaison intercoréen situé de son côté de la frontière, se plaignant de l'envoi de tracts de propagande contre son régime depuis le Sud. Le Nord et le Sud ont par ailleurs chacun installé des haut-parleurs près de la frontière, dans le but de reprendre les émissions de propagande sonore, suspendues depuis 2018.

Les relations entre le Nord et le Sud traversent actuellement une période parmi les plus tendues depuis des années. Les deux pays restent techniquement en guerre, le conflit qui les a opposés de 1950 à 1953 s'étant terminé par un armistice et non un traité de paix.

L'ambassadeur russe à Séoul convoqué

La Corée du Sud a convoqué ce vendredi l'ambassadeur russe à Séoul après que la Corée du Nord et la Russie, sous le coup de sanctions occidentales, ont signé un accord de défense prévoyant une assistance mutuelle en cas d'agression. Cet accord bilatéral, conclu durant la visite du chef du Kremlin en Corée du Nord mercredi, n'exclut pas une « coopération militaro-technique » entre les deux pays et prévoit « une assistance mutuelle en cas d'agression » d'un des signataires, selon Vladimir Poutine.

« Nous nous réservons le droit de fournir des armes à d'autres parties du monde, en gardant à l'esprit nos accords avec la Corée du Nord, et je n'écarte pas cette possibilité », a menacé le maître du Kremlin devant la presse lors d'une visite au Vietnam jeudi.

En réponse, la Corée du Sud a donc convoqué l'ambassadeur de Russie à Séoul, Georgy Zinoviev, et a « demandé fermement à la Russie de cesser immédiatement toute coopération militaire avec la Corée du Nord et de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité », selon un communiqué du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

« Violer les résolutions du Conseil de sécurité et soutenir la Corée du Nord portera atteinte à notre sécurité et aura inévitablement un impact négatif sur les relations entre la Corée du Sud et la Russie », a insisté le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères Kim Hong-kyun dans le communiqué. Des sanctions des Nations unies (ONU) visent Pyongyang depuis 2006, mais en mars la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller leur application.

Moscou et Pyongyang sont alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953) mais se sont rapprochés depuis l'opération militaire russe déclenchée en Ukraine en février 2022.

(Avec AFP)

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