À 60 ans, Tim Walz a été choisi ce mardi par Kamala Harris comme colistier pour sa campagne, et donc comme vice-président en cas de victoire en novembre prochain.
« C'est l'honneur d'une vie de rejoindre Kamala Harris dans sa campagne. Je vais tout donner » a-t-il réagi dans un message sur X, ajoutant avec enthousiasme que cela lui rappelait « un peu le premier jour d'école ». De son côté, Kamala Harris s'est dite « fière » de cette annonce, assurant qu'« en tant que gouverneur, entraîneur, enseignant et vétéran, il a défendu les intérêts des familles de travailleurs comme la sienne ».
Si la remplaçante au pied levé de Joe Biden a désigné le soixantenaire pour le Number One Observatory Circle - lieu de résidence des vice-présidents - le choix était pourtant loin d'être évident. D'âge similaire, Walz est néanmoins une figure à l'opposé d'Harris dont « l'image est plutôt celle d'une technocrate californienne », selon Alexis Pichard, docteur en civilisation étatsunienne.
Un homme du Midwest
Tim Walz nait en 1964 dans une petite commune des prairies sablonneuses du Nebraska où il cultive le goût de l'éducation par atavisme, - son père était directeur d'école - et devient alors professeur.
Dès l'âge de 17 ans, il s'engage également dans la Garde nationale du Nebraska, qu'il ne quittera pas avant son déménagement plus au Nord, - mais toujours dans les Midwest - dans le Minnesota de Prince et Bob Dylan. Loin des grandes métropoles américaines, « il incarne bien la ruralité » résume Alexis Pichard, qui précise que :
Ce choix n'est pas « pour autant une main tendue à l'aile droite des démocrates.»
En effet, Tim Walz incarne tous les combats démocrates. Dès son arrivée à Mankato (Minnesota), il devient coach de basket puis de baseball et pilotera des programmes d'inclusion LGBT dans le lycée où il exerce.
Ce n'est qu'en 2006, lors de la vague démocrate, qu'il est élu à la Chambre des représentants, créant la surprise dans un district rural à tendance républicaine. Un siège qu'il conservera jusqu'en 2019, avant de devenir gouverneur du Minnesota.
Modéré tendance progressiste
Dans la presse de l'Etat du Midwest, la représentante au Congrès, Ilhan Omar, connue pour ses positions très à gauche, ne tarit pas d'éloges pour son gouverneur, dans le Star Tribune :
« Je crois que le gouverneur Tim Walz a toutes les qualités dont le vice-président a besoin pour équilibrer le ticket. C'est un vétéran, un membre du syndicat des enseignants et évidemment quelqu'un qui serait passionnant à bien des égards.»
Preuve que la figure de l'homme blanc de soixante ans « paternel sans être paternaliste », peut autant « rassurer les démocrates du Sud » selon Alexis Pichard, que les électeurs plus progressistes.
« Il fait penser à Joe Biden lorsque ce dernier avait été choisi par Obama comme vice-président », explique le chercheur en civilisation étatsuniennes.
Au cours de sa carrière Tim Walz a su incarner la modération, sans jamais s'éloigner des idées tendances chez les progressistes. Ainsi, durant son mandat de gouverneur, il a signé des lois garantissant la protection de l'accès à l'avortement ou encore l'interdisant de la thérapie de conversion.
La position sur Israël au cœur de sa nomination
Capable de convaincre des sénateurs modérés de lui accorder leur soutien, mais capable aussi d' « impressionner » le sénateur du Vermont Bernie Sanders selon ce dernier, Tim Walz semble cocher beaucoup de cases.
Mais c'est la position de modération qu'il prône pour le conflit israélo-palestinien - condamnant les attaques du 7 octobre et les bombardements de Gaza - qui aura décidé de sa nomination dans le ticket que mène Kamala Harris.
Longtemps pressenti pour être sur ce ticket, Josh Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie - « un autre swing state » précise Alexis Pichard - a finalement été écarté, en raison semble-t-il de ses positions pro-israéliennes. L'avocat de profession avait fait son service militaire en Israël et publié des écrits en faveur de l'état hébreux.
« Le conflit israélo-palestinien est un enjeu de cette campagne, et la figure de Shapiro aurait été un repoussoir dans des Etats clefs comme le Michigan, où une forte population musulmane s'est engagée en faveur de la Palestine » analyse Alexis Pichard.
Le camp Trump dénonce « un dangereux gauchiste »
Dès l'annonce de sa nomination par quelques médias américains ce mardi, l'équipe de campagne de Donald Trump a qualifié le gouverneur de « dangereux gauchiste.» Karoline Leavitt, porte-parole de l'équipe de campagne de l'ex-président républicain, ajoutant dans son communiqué qu'il représente « le cauchemar de tout Américain.»
Anticipant ces attaques, l'influente élue démocrate et ex présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait déclaré sur MSNBC que définir Tim Walz « comme étant à gauche » était « surréaliste ». Il est « tout à fait au centre », a-t-elle soutenu. Tim Walz devrait être officiellement présenté comme colistier lors d'un premier meeting en tandem avec la vice-présidente, ce mardi soir à Philadelphie, en Pennsylvanie, l'un des Etats clés ayant porté Joe Biden à la Maison Blanche en 2020.
(Avec AFP)