Pourquoi les grands financiers de Wall Street rallient Donald Trump

ÉLÉCTIONS AMÉRICAINES. Après sa tentative d'assassinat le 13 juillet dernier, Donald Trump a engrangé de nouveaux soutiens de la part des milliardaires et PDG de la côte est. Surfant sur les faiblesses de son adversaire Joe Biden, le républicain promet de nouvelles baisses d'impôts pour les sociétés, tout en soufflant un vent de dérégulation sur la finance.
L'ancien président a réussi à soulever d'immenses sommes pour financer sa campagne.
L'ancien président a réussi à soulever d'immenses sommes pour financer sa campagne. (Crédits : Tom Brenner)

De la côte ouest à la côte est, le vent tourne favorablement en faveur de Donald Trump. L'ancien président a réussi à lever d'immenses sommes pour financer sa campagne, près de 429 millions de dollars d'après le site de données Open Secrets. Parmi les donateurs, des grands pontes de Wall Street, jusqu'ici réticents à lui venir en aide, ont changé d'avis ou réfléchissent à la question.

Pourtant, sa façon de diriger lorsqu'il était en poste et surtout l'assaut du Capitole, mené le 6 janvier 2021, en avait effrayé plus d'un. A commencer par le PDG du fonds d'investissement Pershing Square, Bill Ackman, qui avait alors appelé Donald Trump à démissionner. Ce dernier a finalement annoncé son soutien officiel au candidat républicain sur X en fin de semaine dernière.

Un des grands noms de Wall Street et des plus gros donateurs des républicains, Steve Schwarzman, s'est aussi finalement rallié au candidat républicain fin mai. Le PDG de Blackstone, avec une fortune évaluée à plus de 37 milliards de dollars d'après Forbes, avait également sévèrement critiqué l'ancien président en 2016.

La finance penche à nouveau côté républicain

Ces ralliements d'hommes et femmes d'affaires de Wall Street à Trump sont-ils exceptionnels ? « Traditionnellement, les grands donateurs se partageaient équitablement entre candidats démocrates et républicains, mais lors de l'arrivée de Donald Trump en 2016, beaucoup sont partis du côté démocrate », note Olivier Piton, avocat aux Etats-Unis et auteur de « Kamala Harris, la pionnière de l'Amérique ». Mais cette situation tend à se rééquilibrer depuis quelques temps. Lors de la première campagne de Trump, seuls 14% de ses dons provenaient de grosses contributions, d'après les données du site américain Open Secrets. Cette année, elles représentent plus de 68%.

En effet, le débat qui a opposé les deux candidats le 27 juin a été porteur pour Donald Trump face à l'âge avancé et l'état de santé de Joe Biden qui inquiète de plus en plus. D'autant que le président a annoncé mercredi avoir attrapé le Covid. « Les donateurs traditionnels du camp démocrate hésitent à donner et certains mettent la pression pour que Joe Biden démissionne », complète Olivier Piton. Résultat, les républicains ont levé parmi le secteur financier, immobilier et de l'assurance, au 21 juin, près de 246 millions de dollars, toujours selon Open Secrets, contre 226 millions pour les démocrates.

La santé de Biden est l'une des raisons avancées par le patron du fonds Trian Partners, Nelson Peltz, qui s'était excusé sur la chaîne CNBC d'avoir soutenu Trump en 2020, et l'a ensuite accueilli chez lui en Floride en mars avec d'autres milliardaires, a affirmé le Washington Post. Il a aussi déclaré qu'il voterait peut-être pour Trump à cause de l'explosion du nombre de migrants.

Surtout, la tentative d'assassinat de Trump, le 13 juillet, a retourné l'élection et les dons ont afflué vers l'ancien président. Les images d'un Donald Trump blessé par balle et levant le poing lors du meeting en Pennsylvanie ont fait le tour du monde. « Les grandes fortunes courent après la victoire, et la probabilité que Trump soit élu est de plus en plus importante », pointe l'avocat.

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Déréguler Wall Street, baisser les impôts sur les sociétés

Par ailleurs, de nombreux millionnaires et milliardaires seraient lassés de la politique menée par Joe Biden. Le PDG de Blackstone a déclaré partager « la préoccupation de nombreux américains : que les politiques étrangère, économiques et d'immigration emmènent le pays dans la mauvaise direction », a rapporté Politico.

Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan Chase, a également déclaré sur CNBC en janvier que Trump avait plutôt raison concernant ses politiques menées par rapport à l'Otan, l'immigration, et même la Chine. Concernant sa politique économique, il estime que « sa réforme des impôts a fonctionné », a-t-il complété. D'après Bloomberg, l'ancien président envisagerait ainsi de nommer le banquier au poste de secrétaire au Trésor.

Mi-juin, Donald Trump a même rencontré le PDG d'Apple, Tim Cook, ainsi que 80 autres dirigeants lors d'un événement influent. Il leur a notamment assuré qu'il réduirait le taux d'imposition des sociétés à 20% au lieu de 21%, a rapporté Bloomberg. Mais alors que Trump promet des baisses d'impôts aux grandes entreprises, de son côté Biden a promis de mettre en place un impôt minimum sur les grandes fortunes ou encore de relever l'impôt sur les sociétés à 28%. « Les réformes mises en place depuis quatre ans ont été relativement légères, en revanche son programme est davantage radical pour les quatre prochaines années », estime Olivier Piton. De quoi refroidir les milieux d'affaires.

De surcroît, si Trump l'emporte, il chercherait à davantage déréguler Wall Street, d'après des documents et des proches de l'ancien président consulté par l'agence Reuters. Cette libéralisation viendrait remettre en cause les mesures du Congrès américain qui, depuis la crise de 2008, a renforcé la surveillance du secteur financier.

Le milieu pétrolier et la tech se rapprochent aussi de Trump

Outre Wall Street, Trump est également en pleine opération de séduction avec le secteur pétrolier. Il leur aurait même promis de revenir sur des règles environnementales mises en place par Biden tout en leur demandant en même temps de lever 1 milliard de dollars pour sa campagne.

Mais la surprise vient surtout du milieu de la Tech. Sur la côte ouest, la Silicon Valley est traditionnellement et en grande majorité pro-démocrate. Biden a néanmoins encore le soutien de grands donateurs, comme le milliardaire James Simons ou encore Reid Hoffman, l'un des fondateurs de LinkedIn. Pour Christopher Dembik, économiste chez Pictet AM, les dons en faveur de Trump et de Biden vont s'équilibrer, une fois que les doutes autour de la candidature de Biden, s'il reste ou non dans la course, seront éclaircies. Même si l'argent ne garantit pas toujours la victoire...

Commentaires 6
à écrit le 29/07/2024 à 10:41
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Trump se met à adorer le bitcoin, qu'il abhorrait avant, il faut savoir s'adapter, suivre le vent. Il parait(rait) que dans 4 ans les gens n'auront plus à voter, fini la démocratie, les USA deviendraient un pays religieux, avec un élu de Dieu à leur ...

à écrit le 20/07/2024 à 12:44
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Pour les naifs qui pensent encore que les"dem" vont emporter la timbale, vous repasserez. Le grand capital a toujours fait gagner les elections us. Trump va envoyer la sauce une fois elu. Ca va decoiffer. Meme ici, a Seoul le gvt balise. Que faire ...

à écrit le 20/07/2024 à 7:42
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A vouloir tout faire dépendre de la dématérialisation et de l informatique, on s expose à un bug géant qui pourrait nous mettre à terre en moins de deux. Pire qu une guerre et plus rapide!!!mais je vais sûrement passer pour un ringard...

à écrit le 20/07/2024 à 7:07
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Il est trop bon ce Trump. Et nous on se coltine l'engeance van layen... Vite un frexit. France cherche dirigeant digne d'elle svp, merci.

à écrit le 19/07/2024 à 17:22
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[Le républicain promet de nouvelles baisses d'impôts pour les sociétés...] alors que le 1er janvier 2024, l'impôt mondial sur les multinationales est entré en vigueur dans l'Union européenne. Approuvé par 140 pays, il taxe les bénéfices des entrepris...

à écrit le 19/07/2024 à 16:23
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C est sur que Biden est mort politiquement. Pour nous europeens ca va secouer car Trump ne va pas nous faire de cadeau: fin du soutien a l ukraine voire feu vert a Vladimir pour attaquer d autres pays une fois l ukraine HS, confrontation avec la chin...

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