Retrait de Joe Biden : pour Donald Trump, une nouvelle campagne s'ouvre

Avec le forfait du président américain, le républicain va devoir adapter sa stratégie à son nouvel adversaire.
La campagne de Donald Trump perturbée par le retrait de Joe Biden
La campagne de Donald Trump perturbée par le retrait de Joe Biden (Crédits : Brendan McDermid)

La mansuétude ne fait décidément pas partie du vocabulaire de Donald Trump et, même avec des adversaires à terre, il sort les crocs. C'est par une phrase assassine que le candidat républicain a ainsi réagi sur le réseau social Truth social à l'annonce du retrait de Joe Biden : « Joe l'escroc n'était pas apte à être candidat et il n'est certainement pas apte à exercer ses fonctions. » Hier, déjà, lors d'un meeting dans le Michigan -le premier depuis la tentative d'assassinat dont il a fait l'objet il y a huit jours- le populiste avait sorti la sulfateuse pour caricaturer celui qui était encore son adversaire, le traitant de « stupide » et de « vieillard faible ».

Ces violentes attaques rappellent celles qu'il avait utilisées contre le président américain, lors du débat qui avaient opposé les deux hommes fin juin. Lors de cette confrontation, toute la fragilité de Joe Biden avait sauté aux yeux de l'Amérique. Trump s'en était alors donné à cœur joie. « Je ne sais vraiment pas ce qu'il vient de dire à la fin de cette phrase et je ne suis pas sûr qu'il le sache lui-même », avait-il lâché.

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Kamala Harris qualifiée de « cinglée »

Mais, maintenant que le Président américain a quitté la course à la Maison-Blanche, le
républicain va devoir travailler un peu plus pour sa prochaine confrontation télévisée, dont la date n'est pas encore connue. Selon toute vraisemblance, c'est Kamala Harris qui va se dresser sur son chemin. Or, jusqu'à présent, les flèches qu'il a décochées à l'endroit de la vice-présidente restent bien inoffensives. Son principal angle d'attaque, c'est le rire de la démocrate afro-américaine, qu'il juge étrange. Lors d'un récent meeting en Floride, il l'a ainsi surnommée « Laughing Kamala ». Cela fait peut-être sourire ses troupes mais reste bien moins impactant que « sleeping Joe », le surnom de Joe Biden, que Trump répétait à l'envi.

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Hier soir, il a ajouté un nouvel argument, tout aussi faible, qualifiant l'ancienne procureure de « cinglée ». Sans doute le populiste, qui n'aime rien tant que les insultes ad hominem, va-t-il trouver dans le parcours et pédigrée de la vice-présidente matière à de nouvelles agressions. C'est en tout cas ce que pense la chercheuse Nicole Bacharan : « Il va essayer de moquer son côté Californienne du camp progressiste, tenter de la faire passer pour une dangereuse gauchiste. Surtout, il rappellera que le mandat de Biden a été une catastrophe et qu'elle ne ferait que le prolonger. »

Le forfait de Joe Biden pourrait lui offrir un autre argument : celui de la « prise d'otage » de millions d'électeurs, victimes des batailles d'ego de l'establishment démocrate. Aller sur le terrain de la démocratie lui permettrait ainsi de se redonner une certaine virginité en la matière et de faire un peu oublier le désastreux assaut sur le Capitole par ses troupes le 6 janvier 2021.

Le Titanic se dirige vers l'iceberg

Aussi historique que ce soit ce rebondissement de campagne, il ne devrait pas dans
l'immédiat bouleverser les plans du Grand Old Party. « Il est certain que les Républicains auraient préféré garder le duel face à Joe Biden, affirme Nicole Bacharan. Mais la campagne de Donald Trump est extrêmement installée et tout va bien pour lui. C'est encore plus vrai depuis la tentative d'assassinat dont il a été victime. »

Malgré la sérénité affichée, certains élus républicains mettent en garde contre un excès de confiance. C'est le cas de Chris Sununu, gouverneur du New Hampshire, qui prévenait, avant même l'annonce officielle de l'abandon de Biden : « Croyez-moi, si le candidat n'est plus le même, tout va changer. Les élections seront très serrées dans beaucoup d'États. Le parti démocrate sera récompensé par les indépendants qui ne voulaient pas revivre ce duel Biden-Trump. Ils diront que le parti a eu le courage de changer de candidat. »

Lire aussi« Le pire scénario pour Trump est que Biden décide de se retirer » (Romuald Sciora, directeur de l'Observatoire politique et géostratégique des États-Unis à l'IRIS)

Même son de cloche pour David Urban, compagnon de route de Donald Trump lors de sa première campagne électorale de 2016, qui pronostique dans les colonnes de Politico un « regain d'excitation temporaire » pour les démocrates. Il reste cependant persuadé que cet élan ne durera pas, compte tenu des difficultés rencontrées par le Président américain à la Maison-Blanche : « La triste réalité est que le Titanic se dirige toujours vers l'iceberg. »

Sans nul doute, dans les semaines qui viennent, les Républicains vont chercher à déstabiliser le camp démocrate en s'attaquant à ce maillon faible qu'est devenu Joe Biden. Outre Trump, le patron du parti à la Chambre des Représentants, Mike Johnson, a ainsi réclamé ce soir sur X son départ de la Maison-Blanche : « Si Joe Biden n'est pas apte à se présenter à l'élection présidentielle, il n'est pas apte à exercer la fonction de président, écrit-il. Il doit démissionner. »

Commentaires 10
à écrit le 22/07/2024 à 20:45
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"Retrait de Joe Biden : pour Donald Trump, une nouvelle campagne s'ouvre" Le putschiste sénile de Washington aurait-il été putsché par ses proches? Personne pour s'étonner de l'usage d'une lettre non prononcée à l'oral par son prétendu auteu...

à écrit le 22/07/2024 à 14:48
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Et maintenant c'est lui le vieux !

à écrit le 22/07/2024 à 14:28
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On pourra dire ce que l'on veut, Trump a du flair politique, juste après le débat, il a été filmé en train de déclarer que Biden allait être obligé de se retirer et que Kamala Harris allait être son adversaire. Je pense que le camp républicain a déja...

à écrit le 22/07/2024 à 12:02
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"Retrait de Joe Biden : pour Donald Trump, une nouvelle campagne s'ouvre" Un retrait qui ne changera pas grand chose pour la candidature toujours valide de Saint-Donald. Si seulement Biden avait poussé un texte au congrès pour interdire l'ac...

le 23/07/2024 à 16:05
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Il y a des pays dits démocratiques qui périclitent avec des dirigeants jeunes (tous ces pays qui ont la chance d'avoir des "young leaders" comme M. Macron) , séniles ou malades (comme M. Biden), et d'autres qui vont de l'avant comme l'Inde ou la Russ...

à écrit le 22/07/2024 à 11:41
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Les Usa sont pas une démocratie .. mais une gerontocratie… il se moque de Biden mais il n a que 4 ans de moi .. et plus de scandales à ses baskets… que les internautes aillent voir le scandale du casino d Atlantic city .. Trump a laissé sur le carrea...

à écrit le 22/07/2024 à 11:41
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Les Usa sont pas une démocratie .. mais une gerontocratie… il se moque de Biden mais il n a que 4 ans de moi .. et plus de scandales à ses baskets… que les internautes aillent voir le scandale du casino d Atlantic city .. Trump a laissé sur le carrea...

à écrit le 22/07/2024 à 7:26
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Ce qui est dit durant les présidentielles n'a aucun intérêt, de part et d'autres, Kamalas Harris étant une ancienne procureur elle a un profil déjà bien plus intéressant que la momie Biden. Du grand spectacle pendant les 3 mois à venir on peut en êtr...

le 23/07/2024 à 16:18
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Vous avez raison. Peut-être même que les électeurs démocrates qui pouvaient éventuellement considérer la candidature indépendante de Robert Kennedy Jr vont se raviser à présent si Mme Harris ou un autre est investi(e). Cela dit, on ne sait pas gran...

le 25/07/2024 à 8:44
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Il serait temps que l'engeance financière arrête de s'acharner sur nous mais je n'y crois pas car ces gens ne sont guidés que par leurs puissants ressentiments.

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