![Avec 33,2 % des suffrages obtenus au premier tour des législatives anticipées, le Rassemblement national a fait un score inédit.](https://static.latribune.fr/full_width/2323335/marine-le-pen-s-eloigne-apres-avoir-ete-escortee-par-le-president-francais-emmanuel-macron-apres-des-entretiens-a-l-elysee.jpg)
« La démocratie française parle et elle fait peur ». Dimanche soir, c'est ainsi qu'a intitulé son édito Madeleine von Holzen, la rédactrice en chef du quotidien suisse Le Temps. Une inquiétude exprimée après les résultats du premier tour des législatives anticipées, qui a vu le parti d'extrême droite Rassemblement national remporter un large plébiscite.
Son score dans le premier round de ce scrutin est en effet inédit, avec 33,2 % des suffrages obtenus, devant le Nouveau Front Populaire (28,1%) et la majorité présidentielle (21%), en déclin.
« La république française semble blessée », se désole le New York Times
Outre-Atlantique, pour le prestigieux quotidien américain New York Times, le constat est sans appel : « La république française semble blessée, ses divisions déchirantes ». Et le journal d'acter la défaite du camp présidentiel : « Le résultat du vote est un sérieux revers [pour Emmanuel Macron, ndlr] après avoir parié que la victoire du Rassemblement national aux récentes élections au Parlement européen ne se répéterait pas ».
Même son de cloche du magazine The Economist, qui parle, lui, de « Coup dur » et d'« humiliation écrasante » pour « l'alliance centriste ». Une « nouvelle ère dramatique » s'ouvre en France, déplore le média britannique, pour qui « le pari du président Macron s'est retourné contre lui de manière spectaculaire ».
Quant au Financial Times, celui-ci a décidé de mettre en Une de son site web la photo de Marine Le Pen, réélue au premier tour dans sa circonscription du Pas-de-Calais. « Ces élections rapprochent la France d'un gouvernement nationaliste potentiel, ce qui provoquerait une onde de choc dans toute l'Europe », acte-t-il.
« Une Assemblée nationale ingouvernable »
Fort de cette nouvelle donne politique, le New York Times n'est clairement pas optimiste quant à l'issue du second tour du scrutin avec « une majorité absolue pour le RN, soit une Assemblée nationale ingouvernable ». Et ce n'est pas la Libre Belgique qui contredira son confrère américain.
« Ce dimanche 30 juin restera sans doute dans l'histoire comme un prélude au triomphe de l'extrême droite française », souligne dans un éditorial son rédacteur en chef, Dorian de Meeûs. Son titre se veut tout aussi évocateur : « Élections législatives en France : une chute vertigineuse dans l'inconnu. »
Toutefois, le NYT n'exclut pas « un deuxième scénario » à l'issue du deuxième tour, dans lequel « il y aurait deux grands blocs de droite et de gauche opposés à M. Macron, et son parti centriste, très réduit, serait coincé entre les extrêmes » et condamné à « une relative impuissance ».
Une manière de voter qui a changé pour les Français
De son côté, le Wall Street Journal semble faire le deuil d'un manière de voter des électeurs français face aux extrêmes : « Pendant des décennies, le système de vote à deux tours en France a fonctionné comme un rempart contre les partis situés aux extrémités de l'échiquier politique, encourageant les électeurs à se défouler au premier tour, puis à se regrouper autour d'un candidat de l'establishment au deuxième. »
Mais cette période fait désormais partie du passé, pour le journal argentin Clarín, qui acte que « l'extrême droite de Marine Le Pen a obtenu sa première victoire dédiabolisée » de la main de « l'électorat français ».
Un barrage au RN fragile ?
Quelle sera l'ampleur du barrage face au RN dimanche prochain ? Pour la rédactrice en chef du Temps, « la question qui se pose donc maintenant est celle des éventuels désistements pour faire barrage et battre le candidat RN d'une triangulaire ». Mais cette configuration « laisse d'habitude plus de chances à l'extrême droite », selon elle.
Pour le quotidien italien Il Fatto Quotidiano, le front républicain « connaît déjà de nombreuses difficultés ». Raison évoquée : pour la majorité présidentielle, il est « impossible de soutenir le Nouveau Front populaire. Du moins pas partout ».
El País, le premier journal espagnol prolonge l'analyse en expliquant que chez certains électeurs français « du centre et de la droite modérée », Marine Le Pen (présidente du RN) et Jean-Luc Mélenchon (patron de La France insoumise) sont « sur un pied d'égalité ».
Quoiqu'il en soit, « la semaine qui s'ouvre sera sous très haute tension », présage La Libre Belgique. Le risque est clair et identifié, selon le média : « une chute vertigineuse dans l'inconnu ».