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Législatives : l’extrême droite aux portes du pouvoir

Trois semaines après l’annonce surprise de la dissolution et dans un paysage politique dévasté, le pays se prépare à un basculement historique.
Brigitte et Emmanuel Macron dans l’isoloir au Touquet, le 9 juin.
Brigitte et Emmanuel Macron dans l’isoloir au Touquet, le 9 juin. (Crédits : © LTD / Stéphane Lemouton / Bestimage)

La France semble comme suspendue, au bord du gouffre, alors que les électeurs entament une nouvelle journée de vote, pour une part encore sonnés par l'annonce de la dissolution le 9 juin et le chaos poli- tique qui en a résulté.

Depuis les élections européennes, les bouleversements se sont succédé. D'abord à droite. Après la victoire sans appel du Rassemblement national aux élections européennes, le président des Républicains, Éric Ciotti, n'a pas mis plus de deux jours pour s'éloigner des rives du gaullisme et s'allier avec le parti de Marine Le Pen, fracturant encore un peu plus son camp, qui marche de défaite en défaite depuis l'échec de Nicolas Sarkozy en 2012, et offrant à Jordan Bardella un apport en apparence malingre (deux députés) mais sans doute décisif, en réalité (lire l'article ici). Le parti héritier de celui fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 est au seuil de Matignon.

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Contre toute attente, et au grand dam de l'Élysée, les gauches jadis irréconci- liables se sont réunies de nouveau après la Nupes pour tenter d'empêcher l'extrême droite d'obtenir la majorité absolue. Au sein de ce cartel électoral, les troupes de Jean-Luc Mélenchon cohabitent avec... François Hollande, sorti de sa retraite politique pour se porter candidat en Corrèze. « Nous avons dressé la liste des combats à mener: d'abord battre le RN, ensuite mettre Emmanuel Macron en échec, après virer Olivier Faure de la tête du PS et ensuite penser aux Insoumis », expose l'un des interlocuteurs réguliers de l'ancien président de la République. Un raisonnement qui illustre bien le double réflexe qui s'est enclenché au sein de la gauche: d'abord celui de l'urgence absolue qu'il y a à faire barrage à l'extrême droite, et ensuite la volonté de tirer le maximum de profit du séisme politique en cours. Pour le com- prendre, il suffit d'observer le sort réservé aux dissidents LFI ou encore à un rival plausible de Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin (lire l'article ici).

Un scrutin « totalement inédit »

De son côté, l'actuelle majorité a subi un coup sans doute fatal. Peu de figures du « nouveau monde » délimité par Emmanuel Macron en 2017 devraient résister à l'issue des deux tours de scrutin, redessinant totalement le paysage politique auquel les Français s'étaient habitués depuis sept ans (lire l'article ici). Quant au président de la République, critiqué par ses ministres, il est menacé d'isolement et ses prérogatives sont déjà durement questionnées par les favoris du scrutin, augurant une cohabitation très dure si celle-ci devait advenir.

L'essentiel de la campagne de ces législatives anticipées a porté sur l'analyse du programme du Rassemblement national, parti le plus à même d'obtenir la majorité absolue. Mais ni le grand flou sur les retraites, ni l'impossibilité de chiffrer clairement le financement des mesures sociales, ni la polémique sur les binationaux, ni les dérapages de certains de ses candidats (lire l'article ici) ne semblent avoir ébranlé la détermination des électeurs.

Face au scénario noir qui s'esquisse, rares sont ceux parmi le personnel poli- tique à s'exprimer aussi clairement que Jean-Louis Bourlanges. L'ancien député MoDem s'est dit « épouvanté par la remise en cause programmée de tous les grands choix qui depuis la guerre ont donné à notre pays la liberté, la sécurité et la solidarité ».

Un scrutin « totalement inédit » se tient donc aujourd'hui, selon les termes du directeur général délégué d'Ipsos, Brice Teinturier, qui en liste les spécificités : une mobilisation importante, le faible nombre de candidats (4 010 en tout contre 6 293 en 2022), plus une concentration sur les trois principales forces (RN, NFP et Ensemble). Spécificités qui vont amener à « une explosion du nombre de triangulaires » avec, souligne-t-il, « des reports au second tour qui peuvent différer du passé car cette fois-ci le RN est aux portes du pouvoir ». Que dit encore Jean-Louis Bourlanges ? « Un immense ébranlement nous menace et nous refusons d'en prendre la mesure. »

Commentaires 2
à écrit le 30/06/2024 à 12:10
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C'est le tandem McKron RN qui nous fait accepter l'inacceptable par simple manipulation ! L'oligarchie est toujours gagnante et ne se rebellera pas ! ;-)

à écrit le 30/06/2024 à 8:08
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Merci Macron ! Et Merci le RN !

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