La Russie bloque l'accès à 81 médias européens sur son territoire dont l’AFP, Le Monde, LCI et CNews

Par latribune.fr  |   |  847  mots
Cette décision de la Russie est une riposte directe à l’interdiction entrée en vigueur mi-mai par l’UE de sanctionner quatre médias russes accusés de diffuser de la propagande pro-Kremlin. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
La Russie a annoncé ce mardi bloquer l'accès sur son territoire à la diffusion de 81 médias européens, en « représailles » à la décision de l'UE d'interdire quatre médias d'État russes. Des médias français sont concernés dont le site de l’agence de presse AFP, les quotidiens Le Monde et Libération et les chaînes LCI et CNews.

La Russie contre-attaque face à l'UE. Elle a annoncé ce mardi bloquer l'accès sur son territoire à la diffusion de pas moins de 81 médias européens, à la suite d'une mesure similaire prise en mai par les Vingt-Sept. « Des contre-mesures sont introduites sur l'accès depuis le territoire russe aux moyens de diffusion de médias de pays membres de l'UE », a précisé le ministère des Affaires étrangères russe, en rejetant la responsabilité de ces restrictions sur Bruxelles.

Le ministère a ainsi rendu publique une liste de médias concernés par ce blocage. Y figurent des français comme le site de l'agence de presse AFP, les quotidiens Le Monde et Libération et les chaînes LCI et CNews. À leurs côtés notamment, les médias allemand Der Spiegel, espagnols El Mundo et El Pais ou encore la télévision italienne RAI.

Représailles assumées et précédemment annoncées

Cette décision est donc une riposte directe à l'interdiction entrée en vigueur mi-mai et mise en place par l'UE. Les Vingt-Sept ont sanctionné quatre médias russes accusés de diffuser de la propagande pro-Kremlin. À savoir Voice of Europe, au cœur d'une enquête sur des allégations d'ingérence au sein du Parlement européen, et trois médias considérés comme proches du Kremlin (Ria Novosti, Izvestia et Rossiiskaia Gazeta).

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Cette interdiction instaurée par l'UE concerne tous les moyens de transmission et de distribution depuis ou à destination des pays de l'UE, que ce soit via le câble, le satellite, l'internet ou encore des plateformes et applications sur téléphones portables. Ces médias et leurs journalistes peuvent néanmoins continuer à travailler dans l'UE, tant qu'ils n'y diffusent pas leurs productions ou articles, a précisé l'UE, ajoutant que des personnalités médiatiques russes ont également été sanctionnées dans le passé.

Ces sanctions prises par l'UE doivent aussi inclure une « interdiction du financement russe des médias, des ONG et des partis politiques de l'UE », a précisé la commissaire européenne chargée des Valeurs et de la Transparence, Vera Jourova.

Dans la foulée de ces annonces, Moscou avait d'ailleurs menacé de représailles l'Union européenne, avec qui les relations sont exécrables dans le contexte du conflit en Ukraine. « Je tiens à rappeler à toutes ces têtes brûlées de Bruxelles qu'il y a des dizaines de journalistes des pays de l'UE qui vivent très bien et confortablement en Russie », avait déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Et d'ajouter : « Si de telles mesures sont adoptées contre les journalistes et les médias russes par l'UE ou par des pays individuels, les journalistes occidentaux sentiront notre réponse. Nous réagirons immédiatement et très douloureusement contre les Occidentaux », avait-elle prévenu.

Voice of Europe, outil de propagande du Kremlin

Parmi les quatre médias russes concernés par ces sanctions de l'UE, Voice of Europe est dans l'œil de pays membres de l'UE depuis quelques mois déjà. En mars dernier, le renseignement tchèque a affirmé avoir débusqué un réseau financé par Moscou pour répandre de la propagande favorable à la Russie en Europe, visant en particulier le Parlement européen avant les élections européennes de juin. Le groupe se servait du site web de ce média, dont le siège est à Prague, pour diffuser des informations destinées à dissuader l'UE d'envoyer de l'aide à l'Ukraine. Le parquet fédéral belge a ouvert de son côté une enquête sur des soupçons de corruption d'eurodéputés après l'identification d'un réseau d'influence financé par Moscou lié, là encore, à Voice of Europe.

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Ce n'était toutefois pas la première mesure que l'UE prenait à l'encontre de médias russes ou prorusses. Depuis plus de deux ans, elle a en effet déjà interdit la diffusion de certains, comme Russia Today, accusant Moscou d'utiliser ces médias pour « propager sa propagande et conduire des campagnes de désinformation, y compris au sujet de son agression militaire contre l'Ukraine », selon son site internet.

Au total, 17 médias font actuellement l'objet d'interdiction de diffusion dans l'UE. « Ces médias sont sous le contrôle permanent direct ou indirect des autorités de la Fédération de Russie et ont joué un rôle essentiel dans le soutien à la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine et à la déstabilisation des pays voisins », estime le Conseil de l'UE. Pour la Commission européenne, ces sanctions doivent rester en vigueur tant que la Russie n'aura pas mis un terme à sa guerre contre l'Ukraine et à ses opérations de désinformation et de « manipulation de l'information » dans et contre les pays de l'UE.

(Avec AFP)