Immobilier : le géant Evergrande poursuit sa descente aux enfers avec une amende d'un demi-milliard d'euros

L'ancienne gloire de l'immobilier chinois a écopé d'une amende de 532 millions d'euros pour plusieurs infractions, a annoncé ce vendredi le régulateur chinois des marchés boursiers. Compte tenu de son endettement astronomique (environ 307 milliards d'euros de créances), personne ne sait comment Evergrande paiera ses amendes.
Les déboires de l'ex-numéro un de l'immobilier en Chine, alimentent depuis 2020 la défiance dans un secteur, longtemps très lucratif, mais désormais boudé par les consommateurs.
Les déboires de l'ex-numéro un de l'immobilier en Chine, alimentent depuis 2020 la défiance dans un secteur, longtemps très lucratif, mais désormais boudé par les consommateurs. (Crédits : ALY SONG)

Les déboires continuent pour le promoteur chinois Evergrande, à l'endettement astronomique, et devenu symbole en Chine de la crise de l'immobilier. Le groupe a écopé d'une lourde amende de 532 millions d'euros (4,2 milliards de yuans) pour des infractions, a annoncé ce vendredi le régulateur chinois des marchés boursiers.

Le groupe Evergrande, dont la descente aux enfers fait régulièrement les gros titres, avait, à la fin juin 2023, une ardoise colossale estimée à 328 milliards de dollars (307 milliards d'euros d'alors).

Compte tenu de son endettement, il n'est pas clair dans l'immédiat comment Evergrande paiera ses amendes. En janvier dernier, un tribunal de Hong Kong avait ordonné la liquidation du groupe, qui poursuit toutefois ses activités. Sa cotation est par contre suspendue en Bourse.

Plusieurs infractions condamnées

« Entre 2019 et 2020, Evergrande Real Estate (filiale immobilière du groupe, ndlr) a gonflé son chiffre d'affaires et ses bénéfices, ce qui a entraîné une émission frauduleuse d'obligations sur le marché boursier », a donc dénoncé le régulateur ce vendredi. Ce dernier reproche également à Evergrande d'avoir « omis » de publier ses résultats annuels, comme il est pourtant tenu de le faire, et de n'avoir pas communiqué sur son « incapacité à rembourser » ses dettes.

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Le fondateur du groupe, Xu Jiayin, écope pour sa part d'une pénalité de 47 millions de yuans (6 millions d'euros), a précisé le régulateur, qui l'interdit à vie de marché boursier. Aussi connu sous son nom cantonais Hui Ka Yan, l'ex-dirigeant se trouverait en résidence surveillée, selon des informations de la presse parues en 2023, dont Evergrande n'a jamais confirmé ou démenti la véracité.

Le groupe immobilier avait toutefois admis que son ex-dirigeant faisait « l'objet de mesures coercitives en raison de soupçons de crime ou délit en infraction à la loi », sans donner davantage de détails sur la nature des faits reprochés. Le terme de « mesures coercitives » désigne généralement en Chine une forme de privation de liberté afin de garantir le bon déroulement d'une procédure pénale.

Effet contagion vers d'autres géants de l'immobilier

Les déboires d'Evergrande alimentent depuis 2020 la défiance dans un secteur immobilier, longtemps très lucratif mais désormais boudé, sur fond de ralentissement économique et de logements inachevés.

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La descente aux enfers du groupe ont également entraîné en Chine une crise de confiance du marché, qui a rattrapé des groupes jusque-là réputés solides financièrement. A l'instar de Country Garden, un des grands concurrents d'Evergrande ou Vanke, deuxième plus gros promoteur du pays, qui a vu son bénéfice net chuter de 46% en 2023, et sa note de solvabilité abaissée par les agences de notation Moody's, S&P et Fitch.

« Si Evergrande n'est que la pointe de l'iceberg et si les risques de contagion se matérialisent, une crise de confiance sur les marchés de la dette onshore, qui ont jusqu'à présent évité de nombreux défauts, pourrait éclater et conduire à un sévère ralentissement [dans le secteur, ndlr] », avait d'ailleurs estimé en septembre dernier, Heron Lim, directeur-économiste adjoint de Moody's Analytics, à l'AFP.

Crise profonde dans un secteur clef

Porté par l'urbanisation rapide du pays et la montée du niveau de vie de la population, l'immobilier a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine et constituait un important vivier d'emplois. Mais ce secteur-clé est désormais en crise, avec des prix en chute libre, qui dissuadent les Chinois d'investir dans la pierre.

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Face à cette situation, les autorités chinoises ont mis en place des mesures de soutien. Pékin a notamment durcit les conditions d'accès au crédit pour les promoteurs immobiliers, afin de réduire leur endettement. Autres mesures : l'apport nécessaire à un premier achat a été réduit à 15% du prix du bien, et le rachat de logements non vendus ou non livrés, a été facilité pour les autorités locales.

Plus localement, cette semaine, la ville de Shanghai a pris la décision de rendre éligible à l'achat d'un bien les personnes qui y résident depuis au moins trois ans, contre cinq ans jusqu'à présent. Cette limite visait à calmer la fièvre spéculative immobilière qui régnait alors dans la métropole économique de quelque 25 millions d'habitants.

Des mesures de soutien qui n'ont pas encore fait effet

Pour de nombreux experts, ce grand plan de relance de l'immobilier chinois est l'un des plus ambitieux jusqu'à présent. Mais si les mesures sont saluées par beaucoup d'économistes, leur impact positif reste encore à vérifier.

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D'autant que, depuis le début de l'année, les statistiques montrent que la reprise économique n'est pas vraiment au rendez-vous en Chine. Selon des chiffres officiels publiés le 17 mai, les ventes de détail, principal indicateur des dépense des ménages chinois, sont encore à la peine. Et les prix et le volume de ventes de biens immobiliers ont continué de baisser au mois d'avril.

« Le changement positif le plus important à nos yeux est la volonté des dirigeants de changer de cap, en s'éloignant un peu de l'idée de se concentrer uniquement sur l'augmentation de l'offre à long terme », veulent tout de même croire Wei Yao et Michelle Lam, des analystes de la Société Générale, dans une note publiée mi-mai.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 31/05/2024 à 17:07
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çà ne va pas arranger ses finances !

à écrit le 31/05/2024 à 16:38
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"Si vous avez un découvert de 100 dollars à la banque c'est votre problème, mais si vous avez un découvert de 100 millions de dollars là c'est le problème de la banque" Jean-Paul Getty.

le 01/06/2024 à 17:07
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A 100 milliards de découvert, on n'imagine pas la tête du banquier, hyper-stressé. Fichu métier, banquier.

le 02/06/2024 à 9:34
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C'est vrai que de nos jours, 100 millions c'est que dalle pour eux... ^^

à écrit le 31/05/2024 à 15:55
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Fallait que le gouvernement chinois légifère et interdise les habitations de plus de six étages. Ils ne l'ont pas fait, maintenant ils s'en mordent les doigts

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