Etats-Unis : soulagement pour les marchés, les inscriptions au chômage reculent

Le département du Travail a annoncé, ce jeudi, que 233.000 personnes se sont inscrites au chômage aux Etats-Unis lors de la semaine du 3 août. C'est moins que ce qu'attendaient les économistes interrogés et signale donc que l'économie américaine est encore robuste, au moment où les investisseurs commencent à craindre l'arrivée d'une récession.
Les économistes attendaient en moyenne 240.000 inscriptions au chômage.
Les économistes attendaient en moyenne 240.000 inscriptions au chômage. (Crédits : ANDREW KELLY)

[Article publié jeudi 08 août 2024 à 16h04, mis à jour à 16h52] Voilà une nouvelle qui devrait rassurer les marchés financiers. Les inscriptions au chômage ont diminué aux Etats-Unis lors de la semaine du 3 août, à 233.000 contre 250.000 (révisé) la semaine précédente, a annoncé ce jeudi le département du Travail. Les économistes attendaient en moyenne 240.000 inscriptions.

La moyenne mobile sur quatre semaines s'établit ainsi à 240.750 contre 238.250 (révisé) la semaine précédente. Le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités s'est élevé à 1,875 million lors de la semaine du 27 juillet (dernière semaine pour laquelle ces chiffres sont disponibles) contre 1,869 million la semaine précédente.

« On s'attendait à ce que le nombre de demandes hebdomadaire d'allocations chômage baisse de 249 à 240.000, mais au lieu de cela, le chiffre est marginalement plus bas, à 233.000 », commente Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique au sein de Lombard Odier IM.

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« Néanmoins, le chiffre le plus significatif est celui des créations d'emplois publié la semaine dernière. Or, il a dominé et cela a fait peur aux marchés », rappelle à La Tribune, Florence Pisani, économiste chez Candriam.

La crainte d'une récession inquiète les marchés

Les créations d'emplois sont, en effet, passées de 179.000 en juin, à 114.000 en juillet. Dans le même temps, les chiffres de l'emploi pour juillet ont montré une augmentation du taux de chômage à 4,3% au lieu de 4,1% attendu.

« La Fed voulait justement ralentir la dynamique de l'emploi (en augmentant ses taux directeurs jusqu'à une fourchette entre 5,25% et 5,5%, Ndlr), mais la question c'est : est-ce que ça n'a pas trop ralenti ?  » s'interroge l'experte.

Une question qui a inquiété les investisseurs et a, en partie, provoqué une chute des cours des actions à Wall Street avec un S&P 500 en baisse de près de 5% depuis jeudi 1er août et un indice technologique (Nasdaq) en baisse de près de 6% sur la même période.

Pour Peter Cardillo de Spartan Capital, la déroute des marchés vendredi et lundi dernier était « le fait d'une combinaison de facteurs, entre la peur d'un ralentissement de l'économie américaine et le désengagement du carry-trade ».

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« Les investisseurs ont adopté un état d'esprit du type "on tire d'abord, on pose des questions après" (...) », explique quant à lui Sam Stovall de CFRA.

Ces derniers ont notamment basé leur peur sur la logique de la « Sahm rule » ou « règle de Sahm », conçue par Claudia Sahm, une ancienne économiste de la banque centrale américaine (Fed) et de la Maison Blanche. Cette règle établit que l'économie américaine entre en récession lorsque la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage est supérieure de 0,5 point de pourcentage (50 points de base), ou plus, à son niveau le plus bas des douze derniers mois. Or, ce taux a affiché 0,53 point de pourcentage en juillet 2024.

Regain de confiance cette semaine

Pas de panique cependant, affirment des économistes. Cet indicateur est « purement empirique (et n'a pas) de fondement théorique », rappelle Florian Ielpo. Pour l'économiste, « l'énigme de la règle de Sahm reste entière », malgré la baisse des demandes d'allocations au chômage publiées jeudi.

Surtout, « quand on regarde dans le détail l'augmentation du taux de chômage, elle est à 70% due à des licenciements temporaires. Or quand il y a une récession, les entreprises ne licencient pas temporairement. Il s'agit d'une hausse conjoncturelle. Donc, les marchés ont surréagi », note Florence Pisani qui assure ne pas être inquiète et que « la Fed n'est pas en retard sur la baisse des taux, notamment car les taux longs obligataires ont baissé de 0,5 point de pourcentage et participent au maintien de l'activité économique. »

Une confiance retrouvée qui semble s'être propagée aux marchés financiers ces derniers jours puisque le S&P 500 a ouvert en hausse de 1% ce jeudi à 15h30 avant d'encore grimper à +2,10% à 16h50, quand le Nasdaq grimpait de 2,24%. Mercredi, déjà, la Bourse de New York avait commencé la séance dans le vert, avant de cependant conclure en baisse. Du côté européen, le CAC 40 affiche une légère baisse de 0,25% à 7.247 points à 16h50, tout comme l'indice européen Euro stop 50 qui perd 0,05%.

Sur le marché obligataire, le taux d'intérêt de l'État américain à dix ans remontait à 4,00% contre 3,94% mercredi. Le dollar se redressait également et avançait de 0,25% par rapport à l'euro, à 1,0896 dollar pour un euro.

« Les marchés se sont peut-être calmés, mais cette semaine de montagnes russes n'est pas encore terminée (et la) volatilité reste élevée », nuance Matt Britzman, analyste actions senior de Hargreaves Lansdown.

(Avec agences)

Commentaire 1
à écrit le 09/08/2024 à 8:28
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Abracadabra ! ^^ "Tout est bruit pour celui qui a peur" Sophocle. Nos riches ne sont plus que des trouillards enfermés dans leurs forteresses qui possèdent et détruisent le monde en ronflant. Nietzsche nous avait prévenu, seuls ceux qui avaient de l'...

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