Après un « lundi noir », la Bourse de Tokyo rebondit de 10,2 %

La place de Tokyo a rebondi mardi après une chute historique la veille sur fond de craintes d'une récession aux Etats-Unis et de forte remontée du yen. Dans le sillage du marché japonais, les Bourses mondiales ont fortement reculé lundi.
Tokyo démarrait en fort rebond ce mardi, au lendemain d'une chute historique.
Tokyo démarrait en fort rebond ce mardi, au lendemain d'une chute historique. (Crédits : ISSEI KATO)

[Article publié le mardi 06 août 2024 à 07h48 et mis à jour à 15h00] Tokyo a repris des couleurs ce mardi, au lendemain d'une chute historique. Dans le détail, l'indice vedette Nikkei, après avoir dévissé de 12,4% la veille, a rebondi de 10,23% à 36.675,46 points, signant la plus forte envolée en nombre de points sur une séance de son histoire. L'indice élargi Topix a regagné mardi 9,3% à 2.434,21 points.

En effet, la place tokyoïte a vécu un « lundi noir » la veille, subissant la plus forte dégringolade en points de son histoire en raison de l'effet combiné du ralentissement de l'économie américaine et du dénouement d'un mouvement de spéculation dit de « carry trade » sur le yen. Ce mouvement consiste à emprunter de l'argent dans la monnaie d'un pays dont la banque centrale pratique des taux faibles pour l'investir dans une devise aux rendements plus élevés. Le yen n'avait pas connu une telle appréciation sur une séance depuis décembre, lorsque les spéculations sur la fin des taux négatifs de la BoJ allaient bon train.

Lire aussiQu'est-ce que le « carry trade », cette pratique financière qui menace les Bourses mondiales ?

« Il est intéressant de noter que le yen, qui a joué le rôle du méchant dans la liquidation spectaculaire d'hier, pourrait devenir le héros d'aujourd'hui, offrant une bouée de sauvetage potentielle au milieu de la volatilité persistante », a estimé Stephen Innes de SPI Asset Management.

Les actions rebondissaient tous azimuts à Tokyo après avoir subi pour certaines la pire séance de leur histoire lundi : SoftBank Group grimpait de 9,8%, Nintendo de 10,2%, Sony de 8,7% et la banque Mitsubishi UFJ Financial Group de 13,5%.

Lire aussiRattrapé par les tensions sur les marchés financiers, le bitcoin dégringole

Les marchés mondiaux ont suivi Tokyo

Les marchés mondiaux ont emboîté le pas de Tokyo. Ils ont pris connaissance de « toute une batterie d'indicateurs extrêmement mauvais et qui ont surpris » négativement aux Etats-Unis, commente Aurélien Buffault, gérant obligataire chez Delubac AM. En effet, les données du marché de l'emploi américain, où le taux de chômage en juillet aux Etats-Unis a notamment augmenté à 4,3%, a fait réagir les investisseurs.

Selon Aurélien Buffaut, ces chiffres, moins bons qu'attendu, ont provoqué « un changement d'état d'esprit un peu brutal » sur les marchés qui craignent désormais de voir la première économie mondiale tomber en récession.

Pour Sam Stovall de CFRA également,« les investisseurs ont adopté un état d'esprit du type 'on tire d'abord, on pose des questions après' ».

En Europe, Paris a perdu à la clôture 1,42%, Londres 2,04%, Francfort 1,82%, Milan 2,27%. L'indice paneuropéen Stoxx 600 a chuté de 2,17%. Les trois principaux indices de Wall Street ont eux brutalement reculé: le Nasdaq, désormais en zone de correction, a dégringolé de 3,43%, emporté par le repli des géants technologiques américains. L'indice élargi S&P 500 est tombé de 3% et le Dow Jones, pour sa pire séance depuis 2022, a plié de 2,60%.

Mais ce mouvement de forte baisse des actions est « amplifié par la saisonnalité », assure Aurélien Buffault qui explique que le mois d'août est traditionnellement négatif pour les places financières car les investisseurs évitent toute prise de risque. De son côté, Austan Goolsbee, le président de la Réserve fédérale de Chicago, a déclaré à CNBC lundi que les données sur l'emploi étaient « plus faibles qu'attendu mais ne ressemblent pas pour le moment à une récession ». Et l'activité dans les services aux Etats-Unis est repartie en croissance au mois de juillet, selon un indicateur publié lundi.

La Tech et les banques ont dévissé

Sam Stovall de CFRA notait aussi que la nouvelle selon laquelle le milliardaire Warren Buffett a cédé la moitié de ses participations dans Apple depuis le deuxième trimestre, gonflant ses réserves de cash plutôt que d'actions, a rendu le marché nerveux. En effet, lors de la présentation de ses résultats, le groupe Berkshire Hathaway (-3,41%) a révélé avoir cédé 49% de ses titres dans la firme à la pomme, après en avoir déjà vendu 13% au premier trimestre. Le titre Apple a perdu 4,82% à 209,27 dollars.

Ailleurs à la cote, les 30 valeurs du Dow Jones ont toutes terminé dans le rouge et la totalité des onze secteurs du SP 500 aussi, à commencer par le secteur des technologies de l'information (-3,78%).  Nvidia, le titre vedette de Wall Street depuis l'emballement des investisseurs autour du développement de l'intelligence artificielle générative, a chuté de 6,36% à 100,45 dollars.  Des informations de presse, relayées par le site spécialisé The Information, a évoqué un éventuel retard de plusieurs mois de la sortie de ses puces de nouvelle génération.

Alphabet a perdu 4,61% à 160,64 dollars alors que Google a été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche, notamment via des contrats l'imposant comme logiciel par défaut sur des appareils, selon une décision rendue mardi par un juge de Washington.

A New York, dans les « Sept Magnifiques » dont font partie Nvidia, Apple et Google, Tesla a abandonné 4,23%, Amazon 4,10%, Meta 2,54% et Microsoft 3,27%.

De leur côté, les banques ont fini en mauvaise posture alors que les perspectives de baisse des taux par la Réserve fédérale (Fed) se renforçaient aux yeux des investisseurs. Citigroup a lâché 3,42%, Bank of America -2,47% et JPMorgan -2,13%.

Les autorités japonaises tentent de calmer les marchés

Les dirigeants japonais ont tenté par ailleurs mardi d'apaiser les inquiétudes, le Premier ministre appelant au calme et de hauts responsables des finances convoquant une réunion d'urgence. Les responsables du ministère japonais des Finances, de l'agence des services financiers et de la Banque du Japon (BoJ) ont tenu cette réunion tripartite mardi après-midi, a déclaré Atsushi Mimura, un haut responsable nippon en charge des devises, signe de l'étroite coordination entre le gouvernement et la banque centrale.

« Le gouvernement et la BoJ sont convenus qu'il était important de suivre l'évolution des marchés économiques et financiers nationaux et internationaux avec un sentiment d'urgence tout en évaluant calmement ce qui se passe », a déclaré à la presse Atsushi Mimura à l'issue de cette réunion.

Une telle réunion est généralement organisée en période de turbulences sur les marchés, en partie pour montrer que les autorités sont prêtes à agir. La dernière réunion de ce type a eu lieu le 27 mars, à la suite d'une forte dépréciation du yen.

Atsushi Mimura a refusé de commenter les facteurs à l'origine de la chute des actions, mais a souligné que le ministère des Finances, l'agence des services financiers et la BoJ s'accordaient sur le fait que l'économie japonaise continuerait à se redresser progressivement.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a appelé à la prudence, disant qu'il était important de porter un jugement calme sur le marché. Il a présenté des perspectives optimistes pour la quatrième économie mondiale, citant notamment la hausse des salaires réels corrigés de l'inflation enregistrée en juin, une première depuis plus de deux ans. « Nous reconnaissons que l'économie japonaise continue d'opérer une transition solide vers une nouvelle étape », a déclaré à la presse Fumio Kishida, depuis Hiroshima.

Le ministre japonais des Finances, Shunichi Suzuki, a déclaré pour sa part que le gouvernement surveillerait et analyserait les mouvements des marchés financiers et travaillerait en étroite collaboration avec les autorités compétentes, dont la BoJ.

« Il est important de réaliser une croissance économique résiliente tout en répondant aux changements qui se présentent à nous », a-t-il complété.

(Avec agences)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 06/08/2024 à 8:38
Signaler
Bref comem d'habitude des spasmes financiers qui exposent un corps au bout du rouleau que nos oligarchies relancent sans cesse à coups d’électrochocs alors que l'encéphalogramme est plat depuis des décennies. Sauvons l'humanité et débranchons le tuya...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.