En économie de guerre, la Russie affiche toujours une croissance insolente

Le Produit intérieur brut de la Russie a augmenté de 4% sur un an au deuxième trimestre, a annoncé vendredi l'agence nationale des statistiques Rosstat. Un chiffre moins bon que celui du premier trimestre mais qui reste bien meilleur que ceux des Européens.
Pour 2024, le budget de la Défense et de la sécurité dans son ensemble s'élève à environ 8,7% du PIB, selon le président Vladimir Poutine.
Pour 2024, le budget de la Défense et de la sécurité dans son ensemble s'élève à environ 8,7% du PIB, selon le président Vladimir Poutine. (Crédits : Turar Kazangapov)

Le Produit intérieur brut de la Russie a augmenté de 4% sur un an au deuxième trimestre, a annoncé vendredi l'agence nationale des statistiques Rosstat, sur fond d'accélération de l'inflation soutenue par l'explosion des commandes militaires.

Ce chiffre est en retrait par rapport au premier trimestre (+5,4%), mais il marque toutefois une croissance non négligeable, dont se vante la Russie qui estime avoir fait échouer les sanctions occidentales adoptées en représailles de l'assaut sur l'Ukraine en 2022.

Une économie dopée par la Défense

Depuis plus de deux ans, l'effort de guerre est devenu le principal moteur de l'économie russe. Pour 2024, le budget de la Défense et de la sécurité dans son ensemble s'élève à environ 8,7% du PIB, selon le président Vladimir Poutine.

Signe de la réorganisation de l'économie autour des besoins de l'armée, plus d'un demi-million de Russes, selon des chiffres officiels, ont rejoint l'industrie de Défense depuis 2022 pour répondre à la demande.

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Et Vladimir Poutine a nommé en mai à la tête de l'important ministère de la Défense un économiste sans expérience militaire, Andreï Belooussov, dont la mission est d'optimiser les dépenses colossales de l'armée, où la corruption reste un problème endémique.

Inflation record

Tirée d'un côté par la forte hausse des commandes militaires pour soutenir l'assaut en Ukraine, de l'autre par les importantes primes versées aux soldats et à leurs familles, cette croissance alimente depuis de nombreux mois une spirale inflationniste, qui inquiète les autorités.

En juillet, la hausse des prix a atteint 9,13%, selon Rosstat, amputant toujours plus le pouvoir d'achat des Russes, déjà impacté par les sanctions. C'est le niveau le plus élevé depuis février 2023 et bien loin de l'objectif de 4%.

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« Cibler l'inflation est une des priorités », a martelé à la presse fin juillet le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, sans toutefois que le gouvernement n'arrive à ce stade à enrayer le phénomène. C'est dans cette optique que la Banque centrale russe (BCR) a relevé fin juillet son taux directeur de 16% à 18%  et révisé à la hausse sa prévision d'inflation en fin d'année, désormais attendue entre 6,5 et 7%.

Les dirigeants russes inquiets

Cette décision a été accueillie froidement par les dirigeants d'entreprise, qui estiment qu'elle pourrait ralentir la croissance. Autre caillou dans le pied des dirigeants russes, les difficultés croissantes des sociétés à effectuer des paiements vers l'étranger, du fait des sanctions occidentales. Car après avoir mis en place plusieurs paquets de restrictions dont l'efficacité semble s'épuiser avec le temps, les Occidentaux, Etats-Unis en tête, tentent de faire pression sur les pays accusés d'aider la Russie à contourner les sanctions, comme la Turquie, les Emirats arabes unis, ou encore la Chine, alliée diplomatique de Moscou avec qui les échanges commerciaux ont explosé depuis 2022.

« Les risques de sanctions secondaires ont vraiment augmenté » pour les entreprises étrangères qui commercent avec la Russie, a récemment alerté la cheffe de la BCR, Elvira Nabioullina, selon qui ces blocages peuvent provoquer une augmentation du prix des marchandises importées, entraînant encore davantage l'inflation à la hausse.

Parallèlement, les pénuries de main d'oeuvre dans de nombreux secteurs, causés par les départs d'hommes au front et l'exil à l'étranger de centaines de milliers d'autres notamment pour fuir la mobilisation annoncée à l'automne 2022, continuent de peser sur le rendement des entreprises.

La croissance européenne toujours proche de 0

De leur côté, les Européens font face à une activité fortement ralentie par la hausse des taux de la Banque centrale européenne qui s'affichent sur une fourchette entre 3,75% et 4,5% depuis la baisse de la réunion de juin.

La croissance économique de la zone euro a cependant été un peu plus élevée que prévu au deuxième trimestre avec un PIB en hausse de 0,3% par rapport aux trois mois précédents, confirmant son rebond depuis janvier, a annoncé fin juillet Eurostat. D'autant que les analystes interrogés par Bloomberg et Factset s'attendaient en moyenne à un léger ralentissement de la croissance à 0,2% entre avril et juin. Au premier trimestre, la zone euro avait déjà affiché une progression du PIB de 0,3%, s'extirpant de la stagnation enregistrée au deuxième semestre de l'an dernier (0%). Pour l'ensemble de l'Union européenne, la croissance a également conservé au deuxième trimestre son rythme de 0,3% atteint en début d'année.

Quant à la France, le PIB a atteint 0,3%, une hausse plus forte que celle anticipée par l'INSEE. L'activité économique a été soutenue par le commerce extérieur et un rebond des investissements des entreprises. Cette première estimation de la croissance est également supérieure à la prévision de l'Insee d'une hausse de 0,1% par rapport au premier trimestre. La Banque de France s'était montrée plus optimiste, avec une anticipation de 0,3% conforme au niveau de croissance effectif.

(Avec AFP)

Commentaires 19
à écrit le 11/08/2024 à 22:48
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PIB ou non PIB l'économie russe a perdu toute indépendance et ne fonctionne que par un vaste réseau mafieux, non inclus dans le PIB...

à écrit le 11/08/2024 à 12:52
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Comme vous dites, la hausse du PIB est entretenue par la hausse des commandes militaires, obligatoires dans un pays en guerre. Son budget est également tout tourné vers cette invasion. C'est le principal problème avec cet indicateur de PIB. Il ne bén...

à écrit le 11/08/2024 à 8:33
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L'article compare d'un coté la croissance russe sur un an et de l'autre celle de la France et de l'Europe sur un trimestre... étonnant. Étonnant comme les statistiques de "croissance" du PIB russe qui sont compilées en 2 jours alors qu'en France, pay...

à écrit le 11/08/2024 à 0:07
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Bonjours. Puisque les exportations russe sont des matières premières ( pétrole et gaz . Ils trouverons toujours des clients) ⁸ Pour le reste cela ne veux pas dire que la population vie correctement... Dans le bonheurs le plus complète... Bien sur...

à écrit le 10/08/2024 à 15:24
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On est loin des augures de Brunô Maire au début de la guerre

à écrit le 10/08/2024 à 14:40
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Et notre Bruno national disait : nous allons mettre à genoux l'économie russe. Pour le moment c'est l'Europe et la France qui sont à terre, allongées, pire qu'à genoux. Heureusement, nous avons Bruno depuis 7 ans ("mains Bruno, cela fait 7 ans que tu...

le 11/08/2024 à 8:28
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Déjà Bruno Le Maire n'a pas dit ça et de toute façon c'est un ministre, c'est uniquement de la communication destinée aux Français pour montrer que nous faisons quelque chose.

à écrit le 10/08/2024 à 11:57
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Et donc selon la loi nihiliste néolibérale la Russie a raison puisqu'elle gagne plein de pognon. Cela permet de regarder cette guerre sous un autre angle.

à écrit le 10/08/2024 à 11:27
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Parce que vous croyez que ce que dit une agence d'état Russe est conforme à la réalité ? Je pense plutôt qu'elle dit ce qu'on lui demande de dire.

à écrit le 10/08/2024 à 11:16
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Vite, on veut connaitre l'avis de Bruno Le Maire! :):):)

à écrit le 10/08/2024 à 9:51
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"Après la surchauffe, le PIB russe ralentit" sur LesEchos, comme quoi tout est relatif. "Une économie dopée par la Défense" l'UE sait donc comment elle pourrait augmenter fortement son économie, non ? :-) N'achetons plus rien aux US, fabriquons tout...

à écrit le 10/08/2024 à 1:55
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A). Bon, pour voir la croissance réelle, il suffit de prendre une vraie inflation en Russie qui est plus proche au taux de la banque centrale russe (18%) qu'aux chiffres officiels. La situation macroéconomique en Russie n'est pas si mauvaise, mais b...

à écrit le 10/08/2024 à 1:48
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En gros, c"est guerre et croissance ou...pas guerre et peu de croissance. La Russie, c"est quand même une économie de guerre qui coûte 9% du PIB Russe, de l'inflation et des taux d' intérêts à quasiment 20%. Est ce que ça peut durer même si la Russ...

à écrit le 09/08/2024 à 22:46
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A écouter "les experts" en économie / finance dont les médias reprennent en cœur les diagnostics et analyses, avec le Brexit la Grande-Bretagne allait forcément s'effondrer, la Chine avec 6% de croissance amorce son déclin... quand la France se réjo...

à écrit le 09/08/2024 à 21:58
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Oui, mais Poutine a a tort de s'obstiner à avoir une meilleure croissance que les pays de l'Union Européenne : il le sait mais c'est seulement pour embêter Nono et Ursula. Quelle sale caboche, quand même !

à écrit le 09/08/2024 à 21:53
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Titre delirant. Poutine fait comme les socialistes, de la depense de consommation publique a gogo, pas le g keynrsien, mais il peut le faire vua ses reserves, pour linstant. A long terme on est tous morts disait keynes et ici le long terme ca sera q...

à écrit le 09/08/2024 à 21:25
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Ben alors, pas un mot sur ce qui se passe actuellement en Russie avec l'armée ukrainiene appuyé par des armes de l'Otan qui pénètre en Russie ,Une premiere depuis la seconde guerre mondiale ,étonnant ce silence.En même temps ,cela permettra à Poutine...

le 11/08/2024 à 1:25
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Les ukrainiens vont organiser un referendum dans les régions libérées de l'ex russie pour un rattachement a l'Ukraine. Il faut savoir que la toute la région autour de Kourtz faisait partie de l'ukraine avant l'annexion par l'URSS.

à écrit le 09/08/2024 à 21:06
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L'indicateur PIB a vécu, ce thermomètre économique est désormais obsolète et il le prouve encore une fois en considérant l'économie réelle de la Russie, au delà de ce seul indicateur de croissance. Peut-être faudrait-il que beaucoup relisent le rappo...

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