Chine : la stabilité monétaire au cœur de la stratégie de la banque centrale

Alors que l'économie chinoise peine à se relancer, pénalisée par la croissance en berne et un chômage accru des jeunes, la banque centrale du pays plaide, elle, pour la stabilité monétaire. Aucun grand plan de relance n'est donc prévu à ce stade.
La Chine peine à relancer son économie depuis la levée fin 2022 des strictes mesures sanitaires en place durant la pandémie de Covid.
La Chine peine à relancer son économie depuis la levée fin 2022 des strictes mesures sanitaires en place durant la pandémie de Covid. (Crédits : THOMAS PETER)

En Chine, aucun plan de relance majeur n'est à l'ordre du jour. C'est ce qu'a indiqué le gouverneur de la banque centrale chinoise ce mercredi alors que l'économie du géant asiatique est à la peine. Lors d'un forum financier mercredi à Shanghai, Pan Gongsheng a, au contraire, plaidé pour une certaine stabilité monétaire.

Il a ainsi précisé que son institution « évitera un assouplissement ou un resserrement majeur » de sa politique monétaire. Avant de compléter : « Le maintien de la stabilité des prix et la promotion d'une reprise modérée des prix seront des considérations importantes », mais « nous utiliserons avec flexibilité des outils politiques tels que les taux d'intérêt et les ratios de réserves obligatoires ».

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 La Chine peine à relancer son économie depuis la levée fin 2022 des strictes mesures sanitaires en place durant la pandémie de Covid. Les autorités ont multiplié les mesures de soutien au secteur privé, à la construction d'infrastructures et à la consommation. Mais elles n'ont pas lancé de grand plan de relance.

« L'économie chinoise continue de se redresser et de connaître une amélioration, mais elle reste confrontée à certains défis », a par ailleurs indiqué Pan Gongsheng.

« Les principaux sont l'insuffisance de la demande (...), ainsi que la complexité, la gravité et l'incertitude croissantes de l'environnement extérieur », a-t-il souligné.

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Un contexte économique morose

Plusieurs raisons viennent expliquer le contexte économique morose en Chine. Parmi elles : le marché immobilier, qui constitue l'un des principaux freins à la reprise. Ce secteur a longtemps représenté au sens large un quart du PIB chinois et servait de moteur à bien d'autres domaines.

Il est désormais moribond, ce qui se traduit par des logements inachevés et une défiance à l'égard de nombreux promoteurs au bord de la faillite. Alors que l'achat d'un bien a longtemps été perçu par les Chinois comme un investissement sûr, la crise de l'immobilier a tout remis en question et la chute des prix du mètre carré est un coup dur pour le portefeuille des ménages.

La Chine a multiplié depuis l'an dernier les mesures pour tenter de relancer son secteur immobilier. En vain, pour le moment. En mai, elle a aussi réduit l'apport minimum pour les primo-accédants et proposé le rachat de logements inoccupés par les collectivités locales, avec des résultats mitigés.

Face à la volonté du pouvoir de dégonfler une bulle qui a fait exploser l'endettement de nombre de promoteurs privés, certains se battent désormais pour leur survie, à l'image d'Evergrande. Le prix des logements neufs devrait encore fondre cette année de 15 à 20%, prévient de son côté l'agence de notation Fitch.

Le chômage des jeunes, l'épine dans le pied du gouvernement

Autre dossier brûlant sur la table : le chômage des jeunes. Le président Xi Jinping a appelé en mai à faire de cette question la « priorité absolue ». Le taux avait atteint l'an dernier des sommets, avant que les autorités suspendent la publication des chiffres, officiellement pour revoir leur méthodologie. Encore ce mois-ci, 11,8 millions d'étudiants quitteront l'université.

Une des grandes explications à ce chômage de masse provient du développement à vitesse grand V, faute de réglementation stricte, des secteurs dynamiques comme celui de l'internet. Maintenant qu'ils sont davantage encadrés, d'importants viviers d'emploi dégraissent sur fond de baisse de la rentabilité, dont les géants du numérique Alibaba, Tencent ou ByteDance.

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Croissance déprimée

De leur côté, les exportations, elles, se heurtent aux tensions géopolitiques entre Pékin et Washington et à la volonté de certains pays de diversifier leur chaîne de production. Ce secteur est historiquement un important levier de croissance pour la Chine et sa performance a un impact direct sur l'emploi pour des milliers d'entreprises.

La montée des tensions plus récente sur le plan commercial entre l'Europe et la Chine ne tend pas à arranger la situation. L'Union européenne a déclaré la semaine dernière qu'elle imposerait jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois à partir du mois prochain. En réponse, Pékin a annoncé ce lundi, l'ouverture d'une enquête antidumping sur les importations de porc européen. La menace d'une guerre commerciale plane de plus en plus au-dessus des deux grandes puissances.

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Malgré toutes ces problématiques, le gouvernement chinois vise environ 5% de croissance cette année. Ce taux ferait rêver nombre de pays, mais il reste pour la Chine bien loin de l'expansion fulgurante qui l'a propulsée ces dernières décennies vers les sommets de l'économie mondiale.

Un objectif jugé par ailleurs ambitieux par nombre d'économistes. D'autant que la Chine a enregistré l'an dernier l'une de ses plus faibles croissances depuis des décennies (5,2%). Mais le Fonds monétaire international (FMI) s'est dit fin mai plus optimiste qu'escompté pour la croissance chinoise cette année, tout en mettant en garde contre les défis qui demeurent sur le plan industriel et budgétaire.

(Avec AFP)

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