Chine : tensions commerciales, crise de l'immobilier, chômage des jeunes pèsent sur l'activité manufacturière

L'activité manufacturière en Chine, reflet de la santé des usines et du monde industriel, s'est contractée en mai, selon des chiffres officiels publiés vendredi. Un retour à la baisse, malgré un regain depuis février, qui traduit une reprise fragile et inégale de la deuxième économie mondiale.
Des employés sur une ligne de production de machines de forage dans une usine à Zhangjiakou, en Chine.
Des employés sur une ligne de production de machines de forage dans une usine à Zhangjiakou, en Chine. (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)

L'activité manufacturière en Chine se contracte en mai. L'indice des directeurs d'achat (PMI), baromètre du monde industriel, s'est établi à 49,5 points, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS), contre 50,4 points en avril. Un chiffre supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité manufacturière et, en deçà, d'une contraction.

C'est la première fois depuis février que cet indice repasse en territoire négatif. Il était auparavant resté dans le rouge durant cinq mois consécutifs. La performance du mois de mai va à l'encontre des prévisions d'analystes sondés par l'agence Bloomberg. Ils anticipaient au contraire une accélération de l'activité manufacturière (50,5).

Une reprise moins robuste qu'escompté

La reprise économique tant espérée dans le pays à la sortie de la pandémie de Covid fin 2022 a été brève et moins robuste qu'escompté. Elle bute désormais sur une conjoncture incertaine qui grippe les dépenses des ménages, tandis qu'une crise immobilière et un fort chômage des jeunes pèsent sur le pouvoir d'achat.

Les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifier leurs chaînes d'approvisionnement tendent à peser sur le commerce chinois, et donc l'activité du monde industriel qui est majoritairement tourné vers l'export.

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« La Chine ne peut pas dépendre uniquement des exportations pour faire tourner son économie », souligne l'analyste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management, en référence à un secteur-clé qui a un impact direct sur les usines chinoises.

Augmentation de l'indice PMI non-manufacturier

Et si certains secteurs ont largement retrouvé des couleurs, notamment les services et le tourisme ou encore l'automobile, d'autres restent à la peine, en particulier l'immobilier qui a longtemps été en Chine un moteur de la croissance.

L'indice PMI non-manufacturier, qui inclut les services et notamment les transports, a donc logiquement augmenté en mai à 51,1 points. Mais sa progression a été moins robuste qu'en avril (51,2 points). Des analystes interrogés par Bloomberg anticipaient pour mai une hausse plus soutenue (51,5).

L'une des croissances les plus faibles depuis trente ans

Déjà l'an dernier, la Chine avait fait état de l'une des croissances les plus faibles en trois décennies (5,2%), selon un chiffre officiel. D'autant que ce dernier laisse dubitatifs certains économistes compte tenu des difficultés qui pèsent sur l'activité. Mais si ce taux ferait rêver nombre de nations développées, mais il reste pour la Chine bien loin de l'expansion fulgurante qui l'a propulsée ces dernières décennies vers les sommets de l'économie mondiale.

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Le pays opère par ailleurs une transition de son modèle de croissance, d'atelier du monde fabriquant des produits à faible valeur ajoutée à un centre d'innovation incontournable pour les technologies du futur (intelligence artificielle, énergies vertes...).

Le FMI relève sa prévision de croissance à 5% en 2024

Néanmoins, 2024 pourrait être l'année de la reprise pour la Chine. Le Fonds monétaire international (FMI) s'est, en effet, dit mercredi plus optimiste qu'escompté pour la croissance du pays cette année, tout en mettant en garde contre les défis qui demeurent sur le plan industriel et budgétaire et a relevé sa prévision de croissance chinoise à 5%, en ligne avec l'objectif de Pékin, avant toutefois un ralentissement en 2025 à 4,5%. Le fonds a ainsi relevé ses prévisions puisqu'il anticipait initialement une croissance de 4,6% cette année.

Et pour cause, Pékin a entamé de manière positive l'année avec une croissance de 5,3% sur les trois premiers mois sur un an. Cette décision est « motivée par des données solides sur le PIB au premier trimestre et des mesures politiques récentes », a donc expliqué le FMI.

Ce dernier a salué les mesures prises par la Chine ces dernières semaines pour stimuler le marché de l'immobilier. « La correction en cours du marché du logement, nécessaire pour orienter le secteur vers une voie plus durable, devrait se poursuivre », a-t-il déclaré. Toutefois, « un ensemble de mesures plus complet faciliterait une transition efficace et moins coûteuse tout en protégeant contre les risques de détérioration » du marché.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 31/05/2024 à 11:03
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Vu le contexte de crise économique mondiale l'essence devrait être à un euro le litre. Le néolibéralisme n'est qu'un nihilisme cupide.

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