Alimentée par les dépenses militaires de l'Etat, l'inflation reste élevée en Russie

Contrairement à la banque centrale européenne qui a amorcé sa première baisse de taux depuis des mois, la banque centrale russe a indiqué « ne pas exclure de relever son taux directeur lors de sa prochaine réunion » prévue fin juillet afin de contenir une inflation toujours forte. Pour l'heure, l'institution monétaire a annoncé encore maintenir son taux directeur à 16%.
La banque centrale russe.
La banque centrale russe. (Crédits : Peter Kovalev/TASS/Reuters)

C'est l'une des conséquences de l'économie de guerre mise en place par Vladimir Poutine pour financer ses projets d'expansion et de « défense de la souveraineté de la Russie ». Portée notamment par les dépenses publiques en direction de l'industrie de l'armement et de ses sous-traitants, la hausse des prix a officiellement atteint 8,2% au 3 juin, bien au-delà de la cible de 4% des autorités. Aussi, la réduction du marché russe, fermé à bon nombre de pays depuis la guerre en Ukraine, met une pression sur les prix des biens.

En conséquence, la banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi maintenir encore son taux directeur à 16% pour tenter de contenir l'inflation. La Banque de Russie (BCR) a de nouveau estimé vendredi qu'il n'était pas souhaitable d'abaisser son taux directeur. Le taux avait été relevé à plusieurs reprises entre l'été et la fin d'année 2023. En jeu, la sauvegarde du pouvoir d'achat des Russes, déjà entamé par la batterie de sanctions occidentales à la suite de l'annexion de la Crimée puis de l'invasion de l'Ukraine.

"Le retour de l'inflation à l'objectif fixé nécessitera une période de maintien de conditions monétaires strictes dans l'économie beaucoup plus longue que ce qui était prévu en avril", a indiqué la BCR dans un communiqué.

L'institution monétaire a également dit "ne pas exclure de relever son taux directeur lors de sa prochaine réunion" prévue fin juillet.

La banque centrale veut un marché plus ouvert

Dans son communiqué, la BCR a enlevé ses prévisions concernant l'inflation pour 2024.

Dans ce contexte, la cheffe de la BCR, Elvira Nabioullina, avait appelé jeudi à "garantir l'ouverture de (l')économie" russe, et ce "malgré les sanctions" occidentales.

"Le développement de l'investissement dans l'économie est une nécessité", a-t-elle martelé lors du Forum économique international à Saint-Pétersbourg (SPIEF).

Les sanctions ont largement exclu la Russie du système financier international et mis fin à la plupart de ses partenariats avec l'Occident dans le secteur de l'énergie.

Le Kremlin a toutefois réussi à contourner nombre de ces restrictions en développant les liens commerciaux avec ses partenaires, comme la Chine. Mais, face à la menace d'être sanctionnés par les Américains et les Européens, de nombreux acteurs économiques de ces pays ont réduit ou arrêté les transactions avec la Russie.

« L'épuisement du modèle de croissance »

En parallèle, les commandes militaires ont explosé pour soutenir l'assaut en Ukraine, tirant la croissance russe et augmentant les salaires dans le privé, sur fond de pénuries de main-d'œuvre.

Le patron de Sberbank, la première banque russe, Guerman Gref, a toutefois mis en garde vendredi contre un système jugé "vulnérable".

C'"est lié au fait que l'argent du budget et des banques est dirigé vers le marché de la consommation, que les biens ne deviennent pas plus abondants et que leurs prix augmentent", a-t-il dit en marge du SPIEF.

"Ainsi, la productivité du travail n'augmente pas, elle diminue même. C'est l'épuisement du modèle de croissance actuel", a mis en garde le dirigeant.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 09/06/2024 à 8:36
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Bonjour, bien oui, la guerre coûte chère, en vie humaine et en argent ( ors ). Mais bon , la russie est tres riche ( meme si s'est tres mal réparties). Non , la question est de savoir combien de temps le peuple russe vas accepter cette guerre...

à écrit le 08/06/2024 à 17:40
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Étonnant! NON? En économie les mêmes causes produisent les mêmes effets. En Russie de Poutine ou en Chine de Xi Jin Ping l'inflation existe et le remède est le même que chez nous. A la différence que la bas "Si tu gueules tu files au trou". Un rêve p...

à écrit le 08/06/2024 à 8:03
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De taux à 16%, avec une inflation à 8??? Fichtre, ça sent bon la pravda, camarade!!

à écrit le 08/06/2024 à 1:05
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Pour voir l'inflation réelle russe, il vaut mieux regarder le taux directeur (16 %), elle n'est pas si loin de cette valeur.

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