Acier chinois : les Etats-Unis « réparent une faille » de l'administration Trump et renforcent leurs mesures

Les Etats-Unis ont augmenté les droits de douane sur l'acier chinois, depuis quelques années déjà. Le pays de l'Oncle Sam soupçonne néanmoins Pékin de faire passer sa production par le Mexique, et ainsi de contourner les taxes. Une série de mesures a ainsi été annoncée ce mercredi.
Les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi une série de mesures visant à s'assurer que les entreprises sidérurgiques chinoises ne tentent pas de contourner les droits de douane.
Les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi une série de mesures visant à s'assurer que les entreprises sidérurgiques chinoises ne tentent pas de contourner les droits de douane. (Crédits : Petar Kudjundzic)

La bataille contre l'acier chinois continue. Les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi une série de mesures. L'objectif, s'assurer que les entreprises sidérurgiques chinoises ne tentent pas de contourner les droits de douane en faisant passer leurs produits par le Mexique.

Les mesures, qui doivent être mises en place en collaboration avec le gouvernement mexicain, doivent ainsi permettre de vérifier que l'acier et également l'aluminium entrant aux Etats-Unis par la frontière terrestre au sud ont bien été fondus au Mexique, au Canada ou aux Etats-Unis et « ne contiennent pas de matériaux provenant de Biélorussie, Chine, Iran ou Russie », selon un communiqué de la Maison Blanche.

« Ces mesures visent à réduire les failles existantes que l'administration précédente n'avait pas prises en compte et que des pays comme la Chine utilisent pour contourner les droits de douane, en envoyant leur production via le Mexique », a déclaré Lael Brainard, conseillère économique en chef du président américain, Joe Biden.

En effet, selon des responsables américains, le Mexique a exporté en 2023 respectivement 3,8 millions de tonnes d'acier et 105.000 tonnes d'aluminium, estimant que 87% et 94% de ce total avaient été fondus dans un des trois pays d'Amérique du Nord.

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Une surproduction qui inonde les marchés

Washington se montre préoccupé concernant la surcapacité de l'industrie sidérurgique chinoise depuis le net ralentissement de son secteur de la construction. En effet, face au ralentissement de l'immobilier qui tirait sa croissance, la Chine subventionne massivement certaines industries, en dépit d'une demande internationale moins forte. Elle exporte donc davantage.

« La Chine produit plus de fer qu'elle-même et le marché mondial ne peuvent en absorber, et ses subventions lui permettent d'exporter sa surproduction à des prix artificiellement bas », a dénoncé Lael Brainard.

Déjà, le président de l'époque, Donald Trump, avait imposé des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium chinois afin de protéger la production américaine d'une concurrence jugée déloyale. Mi-mai, Washington a annoncé le renouvellement de ces droits de douane, le président Biden imposant même une hausse visant l'acier et l'aluminium de 7,5% à 25%, considérant le secteur comme faisant partie de ceux vus comme « stratégiques ».

Pour rappel, le président américain avait annoncé un mois auparavant sa volonté de tripler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium en provenance de Chine, dénonçant, là encore, « une compétition injuste ».

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Des nouveaux droits de douane

Outre la sidérurgie, la Chine s'efforce aussi de stimuler ses nouveaux moteurs de croissance, parmi lesquels les véhicules électriques et les batteries. Dans ce contexte, Joe Biden a poussé un peu plus loin sa stratégie de confrontation, plus ou moins directe, sur le plan économique avec Pékin, au risque de voir la guerre commerciale reprendre. La Maison Blanche a ainsi annoncé courant mai une augmentation marquée des droits de douane appliqués à l'équivalent de 18 milliards de dollars de produits chinois.

Ces nouveaux droits de douane concernent près d'une dizaine de secteurs industriels considérés comme « stratégiques », tels que les semi-conducteurs, les minéraux critiques, les produits médicaux ou encore les véhicules électriques, ces derniers voyant par exemple leurs droits de douane passer de 25% à 100%.

Au-delà du quadruplement sur les véhicules électriques, Washington fait passer ceux visant les semi-conducteurs de 25% à 50%, également appliqués désormais aux panneaux solaires et certains produits médicaux.

L'Europe contre-attaque

Mais les Etats-Unis ne sont également pas les seuls à hausser le ton contre les subventions accordées par Pékin à ses industriels. En Amérique latine, l'industrie sidérurgique s'inquiète et réclame des taxes à l'importation.

De son côté, l'Union européenne a engagé un bras de fer avec Pékin, qu'elle accuse de fausser son marché en l'inondant de produits à bas prix, pas uniquement pour les métaux. L'UE a ainsi imposé début juillet à titre conservatoire jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, avant une décision définitive en novembre, accusant Pékin d'avoir illégalement favorisé ses constructeurs.

A l'issue d'une enquête antisubventions entamée en octobre, Bruxelles avait annoncé ces surtaxes le 12 juin, tout en lançant des discussions avec Pékin pour tenter de résoudre le problème et désamorcer les risques de guerre commerciale. Mais face aux « subventions déloyales » accordées selon Bruxelles aux entreprises chinoises, ces droits « compensateurs » s'ajoutent aux taxes de 10% déjà appliquées par l'UE aux véhicules importés de Chine.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 11/07/2024 à 10:51
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Il est facile lorsqu'on est incompétent, d'accuser les autres de subventionner leur production. Il est évident que la CHINE ne peut subventionner toutes ses exportations. Et il est aussi évident que les USA ne subventionnent rien du tout ?

à écrit le 10/07/2024 à 22:09
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L'acier Chinois....s'il est aussi bon que l'acier Italien des années 80/90, machines et constructions diverses ne vont pas résister longtemps. Tant que ce n'est pas un réacteur nucléaire..un couvercle d'EPR. par exemple😃

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