A son tour, la Banque d'Angleterre baisse pour la première fois ses taux directeurs

La Banque centrale britannique a effectué, ce jeudi, une baisse de taux de 0,25 point de pourcentage. Une première diminution, qui a lieu deux mois après celle de la Banque centrale européenne, due au ralentissement de l'inflation. L'institution demeure néanmoins prudente sur la trajectoire des prix.
Il s'agit de la première baisse des taux de la Banque d'Angleterre depuis mars 2020.
Il s'agit de la première baisse des taux de la Banque d'Angleterre depuis mars 2020. (Crédits : Carlos Jasso)

La Banque d'Angleterre a finalement suivi son homologue européenne. Ce jeudi, l'institution britannique a annoncé baisser son principal taux directeur de 5,25%, son plus haut niveau depuis 15 ans, à 5%, après une décision votée par 5 voix contre 4. En juillet, les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à une baisse lors de cette réunion, mais les marchés financiers ne l'estimaient probable qu'à 60%.

« Les pressions inflationnistes se sont suffisamment apaisées pour que nous soyons en capacité de baisser les taux aujourd'hui », s'est félicité le gouverneur de la banque centrale britannique, Andrew Bailey, dans une déclaration jointe au rapport.

Il s'agit de sa première baisse depuis mars 2020. Pour juguler la hausse des prix, la BoE a relevé ses taux à 14 reprises depuis décembre 2021 jusqu'en août 2023, avant d'opter pour une pause depuis septembre, avec un taux à 5,25%, son plus haut niveau depuis la crise financière de 2008.

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Sa décision de ce jeudi est due à la baisse de l'inflation ces derniers mois. Depuis son pic à près de 11% fin 2022, qui avait généré une forte crise du pouvoir d'achat au Royaume-Uni, l'inflation a fondu doucement pour revenir à 2% sur un an en juin, l'objectif de la banque centrale.

Une politique monétaire qui devrait rester « restrictive » pendant un moment

Néanmoins, tout n'est pas gagné outre-Manche. « Nous devons nous assurer que l'inflation demeurera faible, et faire attention à ne pas baisser les taux trop fortement ou trop rapidement », a prévenu Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, et qui a voté en faveur d'une baisse de taux, dans un communiqué. Or, la BoE s'attend à ce que l'inflation rebondisse à 2,75% au deuxième semestre, les effets de base sur les prix de l'énergie se dissipant. L'inflation ne retrouverait sa cible que début 2026.

En attendant, la banque centrale est sensible à la lenteur de la transmission de la politique monétaire et se concentre désormais sur des facteurs inflationnistes à moyen terme, comme la croissance des salaires, le prix des services ou les tensions sur les marchés de l'emploi. Dans ce contexte, elle espère que lâcher la bride sur les taux pourra donner un coup de pouce à l'économie et à la croissance, qui reste faiblarde au Royaume-Uni, estime en outre la banque centrale.

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L'institution monétaire britannique a rehaussé ses prévisions de croissance au Royaume-Uni pour 2024, à 1,25% contre 0,5% projetés dans son rapport de mai, mais continue de l'estimer à 1% en 2025. « Cette reprise (projetée de la croissance, ndlr) reflète en partie la diminution progressive de l'impact négatif sur la croissance des hausses de taux d'intérêt ayant eu lieu par le passé (et la) trajectoire descendante » des taux d'intérêt telle qu'envisagée par le marché, précise la BoE.

La Banque centrale européenne en avance

De l'autre côté de la Manche, la Banque centrale européenne a déjà baissé ses taux directeurs une première fois en juin, les faisant passer d'une fourchette entre 4% et 4,75% à une fourchette entre 3,75% et 4,5%. Et si, lors de sa réunion de juillet, la BCE a décidé de ne pas procéder à une nouvelle baisse de ses taux, il pourrait en être différent pour la prochaine réunion de septembre. Le 18 juillet, sa présidente Christine Lagarde avait déclaré : La question de ce que nous ferons en septembre est largement ouverte, et nous sommes déterminés à agir sur la base des données que nous recevrons (...) Nous ne nous engageons pas sur une trajectoire particulière en avance. »

« Les tensions sur les prix d'origine interne demeurent fortes, les prix des services augmentent à un rythme élevé », constate la BCE dans son communiqué du jour. « L'inflation globale devrait rester supérieure à l'objectif pendant une grande partie de l'année prochaine », rappelle l'institution, dont la dernière prévision d'inflation pour 2025 s'établit à 2,2%. Cependant, l'ensemble de ces données fait pencher la balance « en faveur d'une réduction des taux en septembre, lorsque la BCE présentera de nouvelles estimations de croissance et d'inflation », avance Felix Schmidt, analyste chez Berenberg.

Vers une première baisse des taux en septembre aux Etats-Unis

Quant aux Etats-Unis, lors de sa réunion de mercredi, la Banque centrale américaine a choisi de maintenir ses taux d'intérêts entre 5,25 à 5,50% dans laquelle ils se trouvent depuis un an. Cependant, la Fed a également indiqué se préoccuper, à présent, des risques pesant désormais sur l'emploi, et non plus seulement sur l'inflation. Le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, « est attentif aux risques pesant sur les deux aspects de son mandat », à savoir des prix stables et le plein emploi, ont souligné ses responsables dans un communiqué. Dans le même temps, l'inflation a repris sa trajectoire à la baisse outre-Atlantique, vers l'objectif de 2% annuels, après un rebond début 2024. Elle est tombée en juin à 2,5% sur un an, selon l'indice PCE, la mesure préférée de la Fed.

Résultat, aux Etats-Unis aussi, une baisse des taux de la Banque centrale américaine est envisageable « dès la réunion de septembre », a estimé le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse. « Le sentiment général au sein du comité (de politique monétaire de la Fed, ndlr) est que l'économie se rapproche du moment où il sera approprié de réduire nos taux » et« si les conditions sont réunies, la baisse des taux pourrait intervenir dès la réunion de septembre », a déclaré Jerome Powell.

(Avec agences)

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