Le couperet est tombé jeudi. La Russie ne sera pas conviée aux événements qui rendront hommage aux 150 000 héros qui ont débarqué le 6 juin 1944 sur les plages normandes. « Les conditions pour sa participation ne sont pas réunies, compte tenu de la guerre d'agression lancée en 2022, qui n'a fait que croître depuis ces dernières semaines », a justifié l'Élysée. Initialement, la mission Libération, chargée des commémorations, avait annoncé le 16 avril qu'une délégation russe - sans Vladimir Poutine, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale - serait invitée. Le rétropédalage opéré par l'Élysée est motivé par les derniers mouvements sur le front ukrainien.
À l'inverse, Volodymyr Zelensky, le dirigeant ukrainien, sera bien là. « Le président Zelensky sera associé aux commémorations du 6 juin, non pas au nom d'une lecture du passé, mais au regard de la résonance historique du Débarquement avec le juste combat que mène aujourd'hui la nation ukrainienne », précise l'Élysée. À moins d'une semaine de ce rendez-vous mémoriel, ces annonces donnent donc une dimension géopolitique à la cérémonie internationale qui se déroulera sur la plage d'Omaha Beach.
Il y a dix ans, en marge du 70e anniversaire du D-Day, les tensions entre l'Ukraine et la Russie étaient déjà au cœur des discussions entre les chefs d'État.
Poutine réuni avec Porochenko
À l'abri des caméras, au château de Bénouville dans le Calvados, la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande étaient parvenus à réunir autour d'une table le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue ukrainien, Petro Porochenko, trois mois seulement après l'annexion de la Crimée par la Russie et le début de la guerre du Donbass. Cette rencontre improvisée avait été nommée « format Normandie ». Alors que la guerre est de retour sur le sol européen et que les tentatives de sortie du conflit en Ukraine restent infructueuses, Emmanuel Macron devrait profiter de la venue de Volodymyr Zelensky pour réaffirmer le soutien de la France. Un échange bilatéral est prévu dans la foulée des commémorations, sans que l'Élysée ne donne plus de détails.
Instrumentalisé par Netanyahou
Le marathon diplomatique sera dense. Le président américain a choisi cette séquence pour effectuer sa première visite d'État en France. La Maison-Blanche a précisé que Joe Biden serait présent sur le sol hexagonal du 5 au 9 juin. Il sera reçu par le chef de l'État français le 8 juin. Ses prédécesseurs Donald Trump et Barack Obama ont également été conviés aux cérémonies, mais l'Élysée n'a pas officialisé leur présence. En plus de Biden et de Zelensky, Emmanuel Macron accueillera près de 25 chefs d'État, comme le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, ou le président italien, Sergio Mattarella.
Cette semaine, l'événement a été instrumentalisé par Benyamin Netanyahou. Dans une interview accordée à la chaîne LCI, le dirigeant israélien a tenté un parallèle douteux pour justifier son offensive meurtrière à Gaza : « Ce qu'on a fait à Rafah est l'équivalent du débarquement en Normandie. » La présidence de la République affirme de son côté que cette commémoration consacrera avant tout « un temps à toutes les mémoires concernées par cette période très intense de notre histoire ». Près de 200 vétérans seront mis à l'honneur lors de « cérémonies organisées autour d'eux », avance l'Élysée, qui souhaite mettre en lumière leur contribution décisive.