Nouvelle-Calédonie : l'Etat vient en aide pour sauver le gestionnaire du système électrique

C'est une enveloppe de 14,2 millions d'euros qu'a avancée l'Etat au gestionnaire du système électrique calédonien Enercal. Cette aide s'inscrit dans un montant global de plus de 250 millions d'euros, dont 12 milliards sous forme d'avance remboursable alors que la Nouvelle-Calédonie a été touchée par des émeutes.
L'Etat a accordé une « avance remboursable » de 1,7 milliard de francs Pacifique (14,2 millions d'euros) au gestionnaire du système électrique calédonien Enercal. (photo d'illustration)
L'Etat a accordé une « avance remboursable » de 1,7 milliard de francs Pacifique (14,2 millions d'euros) au gestionnaire du système électrique calédonien Enercal. (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

L'Etat a accordé une « avance remboursable » de 1,7 milliard de francs Pacifique (14,2 millions d'euros) au gestionnaire du système électrique calédonien Enercal, en déficit chronique, a annoncé, ce lundi, le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie.

« Cette aide exceptionnelle va permettre à l'entreprise d'assurer son fonctionnement et ainsi de permettre la fourniture en électricité durant les mois qui viennent, le temps que des réformes en cours d'adoption lui assurent un fonctionnement pérenne », a précisé le haut-commissariat dans un communiqué.

Enercal, dont l'actionnaire principal est la Nouvelle-Calédonie, affichait au 30 juin un déficit de 18,9 milliards de francs (150 millions d'euros), selon un récent rapport du gouvernement local.

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Augmentation du prix de vente du kilowatt

Pour assurer la poursuite des activités d'Enercal, le gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie a proposé la semaine dernière une augmentation échelonnée du prix de vente du kilowatt entre octobre 2024 et septembre 2026. Ce projet de délibération, transmis au Congrès calédonien qui doit l'examiner dans les semaines qui viennent, prévoit également que le gouvernement prenne à sa charge les déficits d'Enercal durant cette période de transition et l'apurement de la dette de la société entre 2026 et 2029.

L'aide de l'Etat annoncée ce lundi s'inscrit dans une enveloppe globale de plus de 30 milliards de francs Pacifique (250 millions d'euros), dont 12 milliards sous forme d'avance remboursable alors que la Nouvelle-Calédonie a été touchée par des émeutes qui ont largement détruit le tissu économique de l'île.

Une facture élevée

Les émeutes, causées par un projet de réforme du corps électoral de l'archipel rejeté par les indépendantistes, ont causé la mort de 10 personnes, dont deux gendarmes, et des dégâts sur les infrastructures d'un montant estimé à plus de 2,2 milliards d'euros. Thierry Santa, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge du secteur du travail, estimait à « plus de 500 » le nombre d'entreprises « détruites ».

Côté public, 19 écoles sont parties en fumée, de même que plusieurs médiathèques, des locaux techniques ou des bureaux, pour 385,3 millions d'euros, d'après une des dernières évaluations réalisées par le gouvernement local, arrêtée au 22 juin dernier.

En outre, le chômage total ou partiel pourrait toucher quelque 24.000 personnes, soit plus d'un salarié sur quatre du territoire français du Pacifique Sud, selon le même document, qui évalue le coût de son financement à 234,5 millions d'euros sur l'année. Quant à la note des pertes de recettes fiscales, de cotisations sociales et de taxes douanières liées à la destruction du tissu économique local, elle est estimée à 364,4 millions d'euros.

Les mesures de soutien économique d'urgence, annoncées début juin et destinées aux entreprises calédoniennes affectées par les émeutes dans l'archipel, sont prolongées, a par ailleurs annoncé mi-juillet, dans un communiqué, le ministère de l'Economie et des Finances.

Le montant maximum de l'aide financière pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE/PME) est rehaussé à 5.000 euros pour le mois de mai et 10.000 euros pour juin, contre auparavant 3.000 et 6.000 euros respectivement, selon un arrêté ministériel en date du 17 juillet.

Le secteur du nickel à la peine

Aux conséquences des émeutes s'ajoute également la difficile situation du secteur du nickel. Vendredi dernier, le producteur de nickel KNS, l'un des trois implantés en Nouvelle-Calédonie, a annoncé la fin de ses activités. La direction de l'usine Koniambo Nickel SAS, dans le nord du territoire français du Pacifique Sud, a fait savoir que ses 1.200 salariés seraient licenciés le 31 août.

Les comptes plombés par une dette colossale de 13,5 milliards d'euros, KNS n'a jamais été rentable et recherchait un repreneur depuis le départ en février dernier du groupe anglo-suisse Glencore, son actionnaire principal (49%). Glencore avait accepté de financer les salaires jusqu'à fin août afin de permettre une mise en veille dite « chaude » des opérations, permettant une reprise rapide des activités en cas de rachat. Le site KNS recourait également à des sous-traitants employant quelque 500 personnes.

La dette de l'entreprise était jusqu'ici entièrement assumée par Glencore, au terme du pacte d'actionnaires qui liait le groupe à la Société minière du Pacifique Sud (SMSP), détenue par des intérêts publics représentant la collectivité indépendantiste de la province Nord. KNS a toutefois assuré que la décision de licencier la quasi-totalité de ses effectifs « ne remet pas en cause le processus de recherche d'un nouveau partenaire ».

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La Nouvelle-Calédonie subit de plein fouet la crise mondiale du nickel, considéré comme le poumon économique du territoire et qui fait vivre, selon les estimations, 20 à 25% de ses 270.000 habitants. Outre KNS, les deux autres usines du secteur sont également menacées de fermeture, victimes notamment de l'essor de l'industrie minière indonésienne dopée aux capitaux chinois et dont l'énergie est subventionnée.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 30/07/2024 à 12:30
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"dopée aux capitaux chinois et dont l'énergie est subventionnée." Pourquoi présenter une nouvelle fois la CHINE sur un jour défavorable, en utilisant le mot dopage. Il s'agit d'investissements, c'est tout. Quand à l'industrie minière calédonienne, ...

à écrit le 30/07/2024 à 9:33
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Partons et utilisons l'argent pour permettre aux européens de refaire leur vie ailleurs, ce territoire n'a aucun avenir pour eux gangrené par l'idéologie gauchiste. Le nickel n'a jamais été rentable alors qu'il est géré par les kanaks avec l'argent d...

à écrit le 29/07/2024 à 19:26
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"Nouvelle-Calédonie : l'Etat vient en aide pour sauver le gestionnaire du système électrique" Vive l'empire du déficit colonial français... car les caldoches ne sont des chances pour la Kanaky.

le 31/07/2024 à 10:03
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Oui mais les caldoches sont les chances des kanaks, l’ état a du mal à les abandonner avantageant indirectement les kanaks qui ne vivent que de subventions tout en crachant sur celui qui les fait vivre.

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