[Article publié jeudi 18 juillet à 12h49, mis à jour à 20H50]
A l'issue du troisième tour de scrutin, la présidente sortante Yaël Braun-Pivet a été réélue avec 220 voix, suivie du communiste André Chassaigne (207 voix), a annoncé le doyen de l'Assemblée national et président temporaire de cette séance, José Gonzalez, député Rassemblement national.
Il aura fallu trois tours pour désigner, à la majorité relative, la député qui siégera au perchoir de l'Assemblée nationale. Derrière la présidente sortante et le député communiste, le candidat du RN Sébastien Chenu est arrivé troisième avec 141 voix. Dans son discours post élection, la présidente, émue, a appelé à « dialoguer (...) chercher des compromis.» Yaël Braun-Pivet a, par la suite, fait longuement applaudir ses adversaires à la présidence avant de préciser que : « cette élection m'oblige plus que jamais, peut être plus qu'en 2022.»
Auparavant, le candidat centriste du groupe Liot ( Libertés, Indépendants, outre-mers et territoires), Charles de Courson, qui avait récolté 12 voix au second tour avait décidé de se retirer de la course. En l'absence de majorité absolue, un troisième tour avait donc été organisé à la majorité relative.
Le communiste André Chassaigne était en tête du premier tour
Les 12 députés LIOT ayant voté pour M. Courson ont alors été les faiseurs de roi de ce dernier tour de scrutin. Très attendu dans la salle des quatre colonnes, le candidat du groupe, Charles de Courson, a déclaré entre le deuxième et troisième tour, devant la presse, que la réélection de la président sortante Yael Braun-Pivet serait « un déni de démocratie » au vu des résultats des élections législatives et européennes.
Pour rappel, après un premier tour de vote, quatre candidats sur les six initiaux se sont maintenus pour le second tour de l'élection. Lors de ce premier tour, c'est le communiste André Chassaigne, au nom de l'alliance de gauche du Nouveau front populaire, qui est arrivé en tête avec 200 voix. Derrière lui, le candidat du Rassemblement national Sébastien Chenu (142 voix), et la présidente sortante Yaël Braun-Pivet (Renaissance) 124 voix. Ils s'étaient tous les trois maintenus dans la course, ainsi que Charles de Courson (Liot, 18 voix), avant que ce dernier se retire à l'issu du deuxième tour.
Deux autres candidats en lice, Philippe Juvin (LR, 48 voix) et Naïma Moutchou (Horizons, 38 voix) avaient, eux, annoncé leur retrait.
D'autres postes clés à pourvoir
Autre sujet de tension : ces derniers jours, le Nouveau Front populaire est revenu à la charge pour appeler à priver le Rassemblement national de toutes ces fonctions clés. Le groupe de Marine Le Pen, qui disposait jusqu'ici de deux vice-présidences, crie déjà au déni de démocratie. Dès ce vendredi les postes cruciaux seront à pourvoir au sein de l'Assemblée nationale.
Les lepénistes espèrent arracher un accord avec d'autres groupes, en vue d'une répartition « équitable » des postes au Palais Bourbon. Alors que les rumeurs vont bon train, l'extrême droite dément tout « deal » avec la présidente sortante de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. La droite LR, elle, a sauvé sa quarantaine de députés et a bien l'intention de négocier des postes clés au Palais-Bourbon.
Paysage politique mouvant
Au-delà de l'enjeu des postes stratégiques à l'Assemblée, c'est l'ensemble du paysage politique qui peine à se décanter, dix jours après les législatives anticipées. Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête, mais sans majorité claire, et il s'est montré incapable jusqu'ici de proposer son candidat commun pour Matignon, sur fond de désaccord entre insoumis et socialistes.
Ce jeudi, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS a appelé les troupes du NFP à organiser un vote entre deux candidatures : celle d'Huguette Bello, présidente de La Réunion à laquelle s'oppose le PS, et celle de Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat qui n'a pas les faveurs de LFI.
Derrière, le camp présidentiel est à la manœuvre pour tenter de composer une majorité alternative, peut-être avec la droite, qui a voté pour Yael Braun-Pivet, poussant le Rassemblement national a dénoncer un « bourbier » parlementaire et assure qu'il finira bien par arriver au pouvoir.
Quatrième personnage de l'Etat, la présidente de l'Assemblée nationale a comme premier rôle d'organiser les travaux de l'assemblée et en dirigent les débats. « Le plus souvent, il jouent ce rôle de manière collégiale avec les autres membres du Bureau et de la Conférence des présidents, notamment les présidents de groupes et de commissions », précise le site vie-puplique.fr. L'occupant du perchoir peut aussi s'opposer à des amendements en vertu de l'article 40 de la Constitution, ou s'opposer à l'examen d'un projet de loi, s'il estime qu'il ne répond pas aux critères de présentation. Le président de l'Hémicycle nomme également des personnalités au Conseil constitutionnel, au Conseil supérieur de la magistrature, mais aussi des membres d'autorités administratives ou publiques indépendantes, telles que l'Arcom, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), etc. Par ailleurs, en cas d'organisation de Congrès - une séance publique exceptionnelle réunissant député et sénateur -, le président de l'Assemblée nationale le préside.Une fonction avec des pouvoirs importants
(Avec AFP)