Bandeau Législatives (région)

Législatives : Le Pen, Bompard, Cahuzac… ces personnalités à suivre ce soir

Le sort de ministres, de dissidents LFI, mais aussi de figures du Rassemblement national va se jouer dès aujourd’hui dans les urnes.
Sophia Chikirou et Manuel Bompard à l’Assemblée nationale en mai 2023.
Sophia Chikirou et Manuel Bompard à l’Assemblée nationale en mai 2023. (Crédits : © LTD / Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM)

La sérénité des proches de Mélenchon

Ils sont une poignée à avoir ce qu'on appelle des circonscriptions imperdables. Proche de Jean-Luc Mélenchon, Sophia Chikirou, députée sortante de la 6e circonscription de Paris, est en campagne dans ce que les experts de la carte électorale qualifient de meilleure circonscription Insoumise de France, qui regroupe une partie des 11e et 20e arrondissements de la capitale. Manon Aubry y a recueilli 24 % des voix aux européennes et Raphaël Glucksmann 27 %. Elle pourrait être élue dès le premier tour. Même chose pour Danièle Obono à Paris, ou Sébastien Delogu à Marseille.

Il ne devrait pas y avoir de suspense non plus pour Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, candidat à sa réélection dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, où le triple candidat à l'élection présidentielle était élu avant lui. En somme, tous les plus proches de Jean-Luc Mélenchon sont dans des positions très confortables.

Lire aussiCe qui a déjà changé pour le RN avec les européennes

Ces ministres en danger

Vingt-quatre membres du gouvernement Attal sont en lice lors de ces élections législatives anticipées, dont le Premier ministre lui-même dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine. Parmi ceux-ci, plusieurs pourraient être en danger dès ce soir, en se retrouvant coincés dans des triangulaires, où ils pourraient occuper la (très délicate) troisième place, voire être directement éliminés.

C'est le cas de Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, en course dans la 3 e circonscription de la Côte-d'Or. En 2022, elle l'avait emporté en duel avec seulement 66 voix d'avance sur un candidat LFI. Elle affronte cette fois le socialiste Pierre Pribetich, adjoint au maire de Dijon, et l'ancien préfet de l'Eure Thierry Coudert, soutenu par le RN et Éric Ciotti. La liste Bardella a obtenu 34 % aux européennes dans cette circonscription.

Législatives : Le Pen, Bompard, Cahuzac… ces personnalités à suivre ce soir

Agnès Pannier-Runacher, Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (©LTD /ALAIN JOCARD/AFP)

 La situation de Sabrina Agresti-Roubache sera également observée de près dans la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône. En 2022, la secrétaire d'État à la Ville avait gagné en duel face au RN avec moins de 500 voix d'écart. Le 9 juin, la liste RN a décroché 40 % des voix dans cette circonscription. Sabrina Agresti-Roubache devra impérativement devancer la candidate du Nouveau Front populaire, proche de Raphaël Glucksmann, ce dimanche.

Plusieurs membres du gouvernement pourraient se retrouver en troisième position voire être directement éliminés

Patricia Mirallès, la secrétaire d'État aux Anciens Combattants, fait face à une situation à peu près similaire dans la 1re circonscription de l'Hérault (même si le RN y est un peu moins fort). Enfin, dans le Pas-de-Calais, Agnès Pannier-Runacher affronte un premier tour délicat, mais pour d'autres raisons. La ministre déléguée auprès du ministère de l'Agriculture a décidé de s'implanter dans la 2e circonscription du Pas-de-Calais, détenue précédemment par une députée Renaissance ne se représentant pas.

Mais elle doit faire face, outre à la concurrence du RN (36 % le 9 juin dans cette circonscription) et du Nouveau Front populaire, à la candidature de Nicolas Desfachelle, soutenu par le maire d'Arras, Frédéric Leturque, proche de la majorité, ainsi que par le sénateur MoDem Jean-Marie Vanlerenberghe. D'autres ministres pourraient également apparaître en ballottage très défavorable ce soir en vue du second tour : Stanislas Guerini (3e circonscription de Paris), Franck Riester (5e circonscription de Seine-et-Marne), Marie Guévenoux (9e circonscription de l'Essonne), Dominique Faure, (10e circonscription de Haute-Garonne) et Roland Lescure (1re circonscription des Français de l'étranger).

Le test des candidats polémiques

Jérome Cahuzac, ancien ministre du Budget de François Hollande, trépignait depuis un moment. Il a annoncé sa candidature quelques heures après l'annonce de la dissolution. Celui qui a été condamné pour fraude fiscale tente un retour en politique sans étiquette dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, détenue aujourd'hui par une députée RN. Mais la partie ne sera pas simple à jouer sur cette terre où la liste de Jordan Bardella a atteint près de 39 % des voix aux européennes. Candidat du Nouveau Front populaire dans la 1re circonscription du Vaucluse, Raphaël Arnault fera-t-il vraiment le plein des voix à gauche pour se qualifier au second tour ? La désignation de ce militant antifa fiché S (il a été investi sur le quota LFI) a été très controversée durant la campagne.

Législatives : Le Pen, Bompard, Cahuzac… ces personnalités à suivre ce soir

Jérôme Cahuzac le 20 juin à Blanquefort-sur-Briolance, dans le Lot-et-Garonne. (©LTD/ CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP)

Cette circonscription est aujourd'hui aux mains du RN. L'investiture également accordée à Philippe Poutou par le Nouveau Front populaire dans la 1re circonscription de l'Aude face à un autre député RN a tout autant fait polémique. Les propos du leader du NPA, triple candidat à la présidentielle, sans attaches particulières dans l'Aude, sur les attentats du 7 octobre ont été très contestés par la droite, la majorité présidentielle et l'extrême droite. Au Rassemblement national, habitué à se faire épingler pour ses candidats aux propos polémiques, voire délictueux, des précautions ont été prises. La grande majorité de ceux qui, depuis le début de la campagne, se sont vu reprocher des publications racistes ou antisémites, ont été investis dans des circonscriptions quasiment ingagnables pour le RN.

Ce n'est pas le cas, toutefois, de Sophie Dumont, candidate dans la 4e de Côte-d'Or, où le sortant LR Hubert Brigand peut être mis en grande difficulté. Cette ex-conseillère technique du groupe frontiste à l'Assemblée nationale, proche des lobbies pharmaceutiques, a récemment fait une allusion plus que douteuse à la judéité d'Éric Zemmour et de Sarah Knafo. « Le petit geste qui trahit l'origine des fonds qui alimentent Reconquête », a-t-elle écrit sur X le 28 mai, en fin de campagne des européennes, lorsque la compagne et conseillère du leader d'extrême droite s'est dite favorable à l'abattage rituel musulman ou juif.

Législatives : Le Pen, Bompard, Cahuzac… ces personnalités à suivre ce soir

Clémentine Autain, Alexis Corbière et Raquel Garrido le 17 juin à Montreuil, en Seine-Saint-Denis (©LTD/ ERIC TSCHAEN/REA)

Le pari des frondeurs LFI

Ils sont cinq à ne pas avoir été investis par LFI alors même qu'ils étaient députés sortants : Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Hendrik Davi et Frédéric Mathieu ont payé leurs critiques de Jean-Luc Mélenchon et le manque de démocratie interne au sein de LFI. Sidérés de ne pas avoir été reconduits, ils ont tous opté pour la même stratégie, à l'exception de Frédéric Mathieu : être candidat coûte que coûte. Face à eux, LFI a choisi d'investir des candidats du Nouveau Front populaire. À Bagnolet, dans la circonscription d'Alexis Corbière, sept députés LFI sont déjà venus soutenir la candidate investie face à lui, Sabrina Ali Benali. « LFI concentre ses forces contre moi jusqu'à l'absurde », soupire l'intéressé.

Le parti de Jean-Luc Mélenchon diffuse également des communiqués appelant les électeurs à distinguer le « bon bulletin » du « mauvais bulletin ». Ce soir, entre la personnalité et l'étiquette politique, que préféreront les électeurs de gauche ? Parmi ces députés frondeurs, seuls François Ruffin et Clémentine Autain seront épargnés. Si rien n'est gagné pour le député de la Somme face au RN, la députée sortante de Seine-Saint-Denis devrait l'emporter largement dans sa circonscription, peut-être même dès le premier tour.

Les duels dans la majorité

Qui prendra le dessus sur l'autre ? Dans la 2e circonscription de Paris, Gilles Le Gendre, le député sortant élu en 2017, n'a pas reçu l'investiture de Renaissance. L'ex-président du groupe majoritaire s'est vu préférer Jean Laussucq, conseiller de Paris et proche de Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, compris dans cette circonscription. Antoine Lesieur, conseiller de Gabriel Attal, est son suppléant. Dans la 1re circonscription du Val-de-Marne, c'est un face-à-face entre Renaissance et Horizons qui a lieu. Le parti d'Édouard Philippe a décidé de ne pas soutenir le député sortant issu du parti présidentiel, Frédéric Descrozaille, mais d'investir Sylvain Berrios, maire de Saint-Maur-des-Fossés, également étiqueté LR. Enfin, en Nouvelle-Calédonie, les législatives anticipées ont tourné au match entre les deux députés Renaissance du Caillou. Élu de la 2e circonscription, Nicolas Metzdorf a basculé sur la 1re, détenue par Philippe Dunoyer. Aucun d'eux n'a reçu d'investiture officielle de la part de Renaissance.

Grand chelem en vue pour le « clan d'Hénin-Beaumont »

Les certitudes du « clan d'Hénin-Beaumont »

En juin 2022, la très faible participation aux législatives a privé Marine Le Pen d'une élection dès le premier tour. La députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais avait alors recueilli près de 54 % des suffrages exprimés - mais avec moins de 25 % des inscrits - puis 61 % au second tour face à l'écologiste Marine Tondelier. Deux ans plus tard, avec un taux d'abstention annoncé en nette baisse par l'ensemble des instituts de sondage, il y a fort à parier que la candidate « naturelle » de son camp à la présidentielle de 2027 sera réélue dès ce soir. Aux européennes, la liste Bardella a recueilli 54,5 % des voix dans son fief.

Législatives : Le Pen, Bompard, Cahuzac… ces personnalités à suivre ce soir

Sébastien Chenu et Marine Le Pen à l'Assemblée nationale en novembre 2023. (©LTD/ LUDOVIC MARIN/AFP)

L'un de ses plus fidèles lieutenants, Bruno Bilde, pourrait bénéficier du même sort dans la circonscription voisine, la 12e du Pas-de-Calais, où le vote RN - 55,5 % au scrutin du 9 juin - est très enraciné. Son compagnon, Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, est l'une des principales figures du frontisme municipal. À une trentaine de kilomètres, Sébastien Chenu peut également viser la réélection dès le premier tour dans la 19e du Nord, celle de Denain, où il se représente pour un troisième mandat. Aux précédentes législatives, ce très proche de Marine Le Pen a engrangé plus de 57 % des suffrages au second tour après avoir pâti, comme sa cheffe, de l'abstention record.

Ailleurs en France, il peut y avoir d'autres victoires de premier tour, par exemple dans la 2e circonscription de Haute-Marne, où Laurence Robert-Dehault a gagné en 2022 à la faveur d'une impressionnante poussée locale de son parti. Qui plus est, cette fois-ci, elle n'a pas eu à affronter François Cornut-Gentille, député Les Républicains historique du cru. Dans la 2e des Pyrénées-Orientales, Anaïs Sabatini - ex-adjointe de Louis Aliot à la mairie de Perpignan - est en terrain très favorable, tout comme Hervé de Lépinau dans la 3e du Vaucluse, l'ancienne circonscription de Marion Maréchal.

Commentaires 2
à écrit le 30/06/2024 à 19:17
Signaler
Je surveille Cahuzac; il avait la réputation de bien connaitre les arcanes budgétaires; ministre des finances, ce serait une manière de Vidocq; on pourrait lui adjoindre ce ministre dépassé par le fatras administratif. S'ils pouvaient, à eux deux, re...

à écrit le 30/06/2024 à 7:58
Signaler
On voit bien que Mélenchon et ses sbires brident les insoumis, dans ces conditions, quand les saboteurs sont installés il vaut mieux ne pas gouverner. Les médias et ses pseudos rivaux n'ont qu'à appuyer sur le bouton mélenchon pour qu'il se discrédi...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.