Législatives : le Nouveau Front populaire promet « un choc fiscal » dès 2024

Le Nouveau Front populaire (NFP) a présenté les grandes lignes du chiffrage de son programme économique et budgétaire ce vendredi. Au coeur de ce big bang fiscal, figure le retour de l'impôt sur la fortune (ISF), avec un volet climat. A moins de dix jours du premier tour des législatives, le bloc des gauches veut provoquer une véritable rupture avec le Macronisme.
Grégoire Normand
Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (PS) lors des auditions du Medef.
Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (PS) lors des auditions du Medef. (Crédits : Reuters)

La bataille des législatives se poursuit sur le terrain miné du chiffrage des programmes. À moins de dix jours du premier tour des législatives, le nouveau Front populaire (NFP) a présenté à la presse les grands axes de son programme budgétaire et fiscal des prochaines années. S'appuyant sur une logique de relance keynésienne, le bloc des gauches entend opérer « une rupture radicale » avec la politique opérée jusqu'ici par le gouvernement. « En 2025, la dépense publique pourra atteindre 100 milliards d'euros », a annoncé Eric Coquerel, l'ancien président de la Commission des Finances (LFI).

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En face, la coalition des gauches et des écologistes prévoit 100 milliards d'euros de recettes supplémentaires. Sont attendus, entre autres, un impôt sur les successions des plus hauts patrimoines (17 milliards d'euros), un impôt sur le revenu avec un barème composé de 14 tranches (5,5 milliards d'euros) ou encore la suppression de la flat tax (2,7 milliards d'euros). D'ici 2027, les dépenses pourraient monter à 125 milliards d'euros.

La coalition des gauches n'a pas apporté tous les détails de son chiffrage, mais cette présentation permet de se faire une idée de la politique économique du bloc des gauches. Critiqué de toutes parts, la coalition a tenté de rassurer les milieux économiques et dirigeants sur son cap fixé jusqu'en 2027, devant le Medef la veille lors d'une audition fleuve des candidats. Mais la politique fiscale présentée pourrait réveiller des craintes chez le patronat.

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Côté recettes, un ISF Climat et des taxes sur les superprofits dès 2024

Face au marasme budgétaire en cours, la coalition des gauches a prévu d'augmenter la fiscalité sur le capital. A travers un budget rectificatif dès l'été, le Nouveau Front populaire prévoit des rentrées fiscales supplémentaires de 30 milliards d'euros. Dans le viseur figurent les superprofits générés dans les secteurs de l'énergie ou l'agroalimentaire (15 milliards d'euros).

Du côté des ménages, l'alliance des gauches a annoncé la mise en place d'un impôt sur la fortune avec un volet climat (15 milliards d'euros). Une initiative soutenue par l'économiste proche d'Emmanuel Macron, Jean Pisani Ferry. Interrogée sur le rendement du précédent ISF évalué à 5 milliards d'euros, l'économiste Julia Cagé et professeure à Sciences-Po a expliqué que « la situation du patrimoine en France a changé depuis 2017 ».

« Avec la même fourchette et le même taux, on aurait sans problème entre 12 et 13 milliards d'euros ».

L'impôt sur la fortune de 2017 « était un ISF gruyère. Il ne rapportait pas suffisamment et il n'était pas assez ciblé. L'assiette était trouée », a poursuivi l'économiste. Sur le réseau social X, l'ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, a jugé que le programme fiscal était « confiscatoire ».

« "Confiscatoire" est un jugement moral mais pas un raisonnement économique. J'aimerais avoir un échange avec lui sur la taxation du capital », a répondu l'économiste. S'agissant de l'assiette, « l'outil de travail sera exonéré », a précisé à La Tribune, Eric Coquerel. La coalition ne s'interdit pas « de réfléchir à des modulations de l'assiette », d'après plusieurs économistes présents pendant la conférence de presse.

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Côté dépenses, pouvoir d'achat et investissement

Dans les grandes masses budgétaires présentées, le Nouveau Front populaire (NFP) a prévu un programme de relance par la demande assez classique. Pressés par l'envolée des prix, les Français ont dû se serrer la ceinture depuis 2022 pour payer leurs factures d'énergie et leurs courses alimentaires.

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Face à ces difficultés, le bloc des gauches prévoit de soutenir le pouvoir d'achat des ménages avec la hausse du SMIC à 1.600 euros net, l'indexation des salaires sur l'inflation, la revalorisation des APL de 10% et le dégel du point d'indice des fonctionnaires 10%. Ce premier paquet représenterait une enveloppe de 25 milliards d'euros.

Un pôle public bancaire pour accompagner les PME et les TPE

Face aux craintes des entreprises sur le salaire minimum ou l'indexation des salaires, « il s'agit d'accompagner davantage les TPE et les PME », a expliqué l'économiste Eric Berr, maître de conférence à l'université de Bordeaux et proche de La France Insoumise. Le pôle public bancaire (principalement Bpifrance et la Banque postale) pourra proposer des avances à 0% sur 1 ou 2 ans.

Un fonds spécifique de solidarité pour les petites et moyennes entreprises pourrait être crée « pour la reprise à 0 % de leurs charges financières ». S'agissant du financement, le NFP met sur la table « un dispositif de crédit bonifié pour les PME-TPE souhaitant se développer ».

Le programme propose un « financement à 0 %, voire à taux négatif, de leurs investissements, le taux étant d'autant plus abaissé que ceux-ci sont utiles socialement et écologiquement ». Lors de la présentation, les élus ont joué sur le clivage PME/grandes entreprises. « Nous considérons que la préoccupation d'entreprises cotées en bourse n'est pas la même que la plupart des chefs d'entreprise du pays », a justifié Eric Coquerel. Promettant une remise à plat des soutiens aux entreprises, l'élu de Seine-Saint Denis veut « reprendre l'aide aux entreprises qui n'en ont pas besoin et aider celles qui en ont besoin ».

Abrogation des réformes des retraites et de l'assurance-chômage

Sur l'assurance-chômage et les retraites, le Front populaire a prévu une abrogation des dernières réformes du gouvernement dès l'été. « Ce qui signifie un retour à l'âge de départ à 62 ans. Nous entendons proposer une grande loi sur la retraite à 60 ans avant 2027. Nous allons travailler avec les partenaires sociaux », a expliqué Eric Coquerel.

Sur l'assurance-chômage, le bloc des gauches prévoit de revenir sur la prochaine réforme censée être mise en œuvre en fin d'année après le décret du 1er juillet. Mais la coalition n'a pas apporté de précisions sur les précédentes réformes passées depuis 2019.

Grégoire Normand
Commentaires 19
à écrit le 22/06/2024 à 11:24
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Et la suppression des 35H ? Non !

à écrit le 22/06/2024 à 10:33
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La mise en place d'une CSG progressive préfigure une future fusion de l'IR et de la CSG. C'est la révolution fiscale préconisée par Piketty et proposée à Hollande en 2011, qui l'a écartée. J'ai envie de "penser" comme un électeur du front national : ...

le 22/06/2024 à 10:54
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C'est dans les tuyaux depuis la mise en place du prélèvement à la source .

le 22/06/2024 à 13:09
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à ldx. "Dans les tuyaux", tout comme la garantie bancaire des dépôts (?).

à écrit le 22/06/2024 à 9:49
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Première année les très riches entreprises ou individuels trinquent mais se barrent de France rapidement car ils en ont les moyens et ont une partie de leurs avoirs déjà délocalisés ; deuxième année ils ne sont plus là mais il faut continuer à financ...

le 22/06/2024 à 10:40
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Donc, si on vous suis bien, ce sont les riches qui assurent la paix civile...Vous avez raison, en Argentine aussi. Quelque chose me dit que vous vous sentez personnellement concerné, à un seuil ou à un autre, n'est-ce pas?

à écrit le 22/06/2024 à 8:35
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Le but de Poutine est de mettre la société française a feu et a sang ..étoiles juives, cercueils, réseaux sociaux, financement extrémistes...en fait soit tu votes pour la France soit tu votes RN ou LFI

à écrit le 22/06/2024 à 8:09
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Bonjour, justement s'est le choc fiscale que tout le monde craint... Déjà que Mr macron a endettement la France a un points scandaleux... Alors que plus rien ne fonctionne dans notre pays.... Mais tout vas bien...

à écrit le 22/06/2024 à 7:53
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Sans comprendre pourquoi les riches ne payent pas d'impôts c'est du vent.

le 22/06/2024 à 9:49
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Oui, parce que ils continuerons de pas en payer si ce programme était appliqué.

à écrit le 22/06/2024 à 5:42
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Plus de biberon national. Beaucoup vont avoir soif....

le 22/06/2024 à 9:14
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Ben nos mégas riches n'auront qu'à demander aux américains qu'ils leurs donnent aussi des centaines de milliards d'argent public à la place de l'état français comme le fait cette pitoyable UE ! LOL ! Ah ça va leur faire drôle c'est sûr... ^^

à écrit le 21/06/2024 à 23:35
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"Il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut entendre", tous les partisans sont sourds et aveugles, sinon ils ne seraient pas des adeptes de la pensée d'autres. "Charité bien ordonnée commence par soi-même". Des riches et des pauvres, des pots de t...

à écrit le 21/06/2024 à 20:42
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Et comme plus personne ne voudra acheter la dette française, LFI se tournera vers la Russie : mais est-ce que la Russie sera prête à pomper 100 milliards chaque année en pure perte? Même eux s´épuiseraient rapidement à ce jeu... donc ne commenceront ...

le 22/06/2024 à 10:06
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Le taux d'emprunt de la France est supérieur à celui de l'Allemagne, quand on emprunte les prêteurs se précipitent car ils savent que les français ont des milliards sur des assurances vie.

à écrit le 21/06/2024 à 18:45
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A part augmenter les impôts pour faire de la dépense publique . il ferait mieux de nous prendre tous nos revenus ce serait encore plus simple

le 21/06/2024 à 19:18
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Chuuut ! Ils vont vous lire... :-) On nous livrerait l'essentiel, équilibré, sans trop de gras ni de sucre, diététique. Livreurs d'Etat à partir des cuisines d'Etat réparties dans les départements. Quand vous rentrez dans les ordres (exemple d'une ...

le 21/06/2024 à 20:12
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@Arluer: preferez-vous que comme aujourd'hui, la finance dirige la politique à la place des citoyens pour les citoyens ? Les plus riches achètent de la dette française et pendant qu'ils se font du pognon, ils gagnent en plus en pouvoir d'influence e...

le 22/06/2024 à 8:51
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La dette est principalement achetée par des fonds de pensions anglo-saxons via des banques et des assureurs pour notre pays une partie de la dette est achetée par les mêmes là francais mais pour l'assurance vie Penser que les riches sont les bénéfic...

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